Oh, c'est juste le hasard [Ft. Hinata]

Promenade dans Edo:

Toujours habituellement habillé de ton ensemble blanc, te voilà dans les rues de la "Grande Edo", elle-même dont parlait quelques temps plus tôt des yokaï que tu avais interrogé et avec qui tu avais passé une partie de ta soirée. C'est que tu préférais la solitude à leur compagnie, mais les rencontrer t'avais tout de même aidé. Tu avais pu obtenir quelques informations, pas à propos de Akane malheureusement, mais des emplacements où tu pourrais tenter de vendre tes produits, qui se trouvaient être des quartiers un peu moins tendus politiquement parlant envers les yokaï et hanyô.

Tu savais où dormir, et où acheter à manger également, et avec les quelques ventes que tu avais fait à ces hanyô, tu n’allais pas avoir de problèmes de finances pour les prochaines semaines. Bien sûr, tu aurais très bien pu survivre dans la nature, tu avais bien vécu plusieurs années durant dans la montagne et la forêt… Mais se débrouiller dans une ville aussi grande et peuplée que Edo était plus compliqué… Parce que différent. Impossible de se trouver un coin tranquille la nuit dans la rue pour se reposer sans risquer de se faire détrousser, ou difficile de se restaurer sans débourser quoi que ce soit (tu avais pensé à voler des riches habitants en cueillant de manière illégale dans leur jardin, mais c’était trop d’effort, alors que tu avais de quoi t’acheter des vivres). Et puis tu n’as jamais eu besoin de beaucoup de nourriture pour combler ton appétit.

Ainsi, tu te promenais, ton imposant sac contenant tous tes effets lévitant toujours à tes côtés, ta précieuse relique rangée dans son fourreau, lui-même solidement accroché dans ton dos. Tu voulais visiter un petit peu avant de te poser pour tenter tes ventes sauvages au détour d’une rue. Il fallait également que tu sois attentif à ne pas tomber sur une patrouille. Il t’était déjà arrivé de devoir en affronter une qui voulait s’approprier tes biens par pur caprice (et également le fait que tu étais un hanyô).
Le festival des lanternes n’était pas très loin temporellement parlant. Tu y avais d’ailleurs rencontré énormément de nouvelles têtes, revu d’autres que tu connaissais déjà… ça avait été une expérience incroyable, et tu ne regrettais en rien d’avoir décidé d’y participer sur un coup de tête, même si tu étais loin d’avoir réellement prêté attention au sujet premier du festival.

« Ah, ici ça sera parfait. »

Effectivement, il n’y avait pas de gardes, il y avait du passage, et ce quartier faisait parti de ceux recommandé par tes anciennes connaissances. Affairé à disposé tes affaires sur un drap noir que tu avais toi-même étalé sur le sol, tu repensas à un événement qui t’avais perturbé. Hier, tu avais fait un rêve… Et comme bien souvent, tu n’en saisissais pas totalement le sens. Et tu ne t’en souvenais pas entièrement. Tu avais rêvé d’une personne…morte. C’était un homme, et il devait t’importer un minimum, parce que simplement te souvenir de ce songe te secouait grandement. C’était étrange… Plus le temps passait, plus ton amnésie semblait s’estomper. Mais c’était tellement…
Tellement léger, et confus, que tu avais du mal à rassembler les souvenirs bout à bout pour reconstituer ton passé et retrouver la personne que tu étais avant cela. L’homme était dans un état réellement déplorable, un comme toi d’ailleurs, sauf que tu n’étais pas ravagé physiquement, mais dans ton cœur. Ça faisait… Extrêmement mal. C’était le seul souvenir que tu avais de cet homme… Tu en avais un peu plus de cette Akane. Par exemple, tu te souvenais de sa voix, et de son visage. Mais pour le moment, tu ne pouvais pas relier ces deux personnes.

«Tout vient à point à qui sait attendre. »

Tu allais te montrer patient, tu n’avais pas le choix. Après t’être figé quelques secondes, tu allas t’assoir en tailleur, le dos parfaitement droit, ton sac quasi vide devant toi. Ta bourse remplie de pièces d’or, tu la gardais précieusement dans une poche intérieure de ton haut que tu avais cousu. Tu ne portais pas une grande importance à l’argent comme ceux que tu avais déjà croisé, riches ou pauvres. Mais tu pouvais t’en servir pour demander conseil, demander des infos, ou tout simplement évoluer librement dans une ville comme Edo.
Après plusieurs heures où tu ne vendis qu’à quelques hanyô passant par-là, tu te décidas à sortir des dorayaki et taiyaki fourrés d’anko (pâte d’haricot rouge), et commencer ton maigre repas tout en restant attentif à ce qui t’entourait.

C’est bien à ce moment-là que tu aperçu une « personne » que tu avais déjà vu auparavant courir vers toi à grandes enjambées, le regard vif, et les crocs déjà sortis.
Oh, tu aurais pu léviter très rapidement et ainsi éviter que ce petit yokaï n’enfonce ses crocs dans ton déjeuner, mais… L’ayant reconnu, tu te doutais que tu allais retrouver dans quelques instant Itoe, l’exterminatrice de démon que tu avais rencontré pendant le Festival des Lanternes. Et accessoirement, celle qui t’avais sauvé la mise avec sa poudre de sommeil.

Oh et puis, partager ta nourriture avec un yokaï sous cette forme ne te posais aucun problème. Tout sourire, tu te permis de caresser la créature maintenant installé sur tes jambes.
En entendant la jeune femme, tu relevas ton visage afin de la saluer correctement, même si elle allait peut-être avoir du mal à te reconnaître. Tu avais bien retenu son nom, sa profession… Et sa très mauvaise vue.

«Eh bien, bonjour Itoe-san. Fuwa-fuwa est en très de manger le dernier dorayaki, mais je peux vous proposer des taiyaki si vous aimez ça. Malheureusement, je n’ai pas de quoi  préparer le thé qui pourrait aller avec.»

Halloween

Rencontre et thé sauvage dans Edo:

Amusé autant de la réaction de l’exterminatrice de yokaï que par ses paroles, tu arrêtas de caresser le démon sous forme de chat pour l’observer, mi souriant, mi boudeur (faussement). C’est que d’après l’embonpoint du matou, tu te doutais déjà de sa fâcheuse habitude de manger plus que nécessaire. Tu ne comptais heureusement pas tes vivres, mais tu avais ‘’châtié’’ des yokaï pour moins que ça. La violence dont tu faisais preuve parfois, à l’encontre des autres (humains et hanyô, yokaï compris) tu ne la saisissais pas réellement. La mort ou la souffrance n’avait rien de si terrible finalement. Tu avais vécu de longues années, seul dans la forêt et la montagne, sans jamais craindre de ne plus pouvoir te réveiller. Est-ce que c’était propre à ton caractère ? Ou ta race ?

Toujours est-il que tu étais capable de faire preuve de cruauté lorsque c’est nécessaire. Mais tu ne le percevais pas comme ça. Tu n’en retirais aucun plaisir, c’était juste un moyen pour obtenir ce que tu désire (même s’il s’agit de vengeance). Et si un jour une personne devait te faire vivre cette expérience douloureuse qu’est le trépas, ton seul regret aura été de ne pas avoir réussi les objectifs que tu t’étais fixé. Ainsi allait la vie.

De cette même manière, tu n’étais pas non plus du genre à sortir les armes lorsque ce n’était pas utile. Voire contreproductif. Ton but ici était de discuter tranquillement avec la jeune femme, et non pas de te mettre une exterminatrice et tout Edo à dos.
Tu approchas donc ton regard vairon de celui du yokaï sur tes genoux avant de murmurer, un petit sourire aux lèvres.

« C’est incroyable la quantité que tu peux ingérer Fuwa-fuwa. Je suis d’humeur généreuse, mais ne prend pas l’habitude…»

Ton ton était beaucoup trop doux pour être menaçant… Et pourtant, tu étais à moitié sérieux. Te battre pour la nourriture n’était pas non plus ton truc. Mais taquiner le petit matou, oui. Tu repris les caresses sur la fourrure douce du yokaï, sans l’empêcher de quitter ton corps s’il en avait envie. Sans bouger d’un iota, tu regardas ton interlocutrice s’asseoir à tes côtés, tout en penchant ton visage sur le côté. Tu acquiesças doucement tout en écartant un peu tes doigts pour laisser les gâteaux s’étaler sur le tissu et mieux les dévoiler à Itoe.

« Nous sommes doublement chanceux alors. Non seulement vous avez tout ce qu’il nous faut pour un goûter certes un peu frugal, et en plus, j’apprécie bien plus le thé froid que chaud. Surtout lorsque les températures sont si appréciables. »

Pour le moment tu n’avais lâché aucun mensonge, car tu n’en ressentais pas la nécessité. Le mensonge était un outil pour toi, du même ordre que l’argent, ou tes précieuses chaînes. Non pour le moment, tu te contentais d’observer curieusement la jeune femme en t’interrogeant mentalement sur ce que tu pourrais lui retirer comme information. C’était assez rare pour toi d’interagir avec des personnes de cette profession après tout.

« Je déguste rarement des thés de cette qualité, alors ça ne me gêne pas. Et le Gyokuro non plus, bien au contraire, merci. »

Même si tu ne t’offrais pas en général des thés dans des salons spécialisés, servi avec professionnalisme, ça t’arrivait parfois de t’offrir des douceurs, et de les accompagner de thé de toutes sortes. Et le Gyokuro, tu l’appréciais.

Profitant du calme de l’après-midi causé par l’absence de passage dans la rue pour le moment, tu t’octroyas le droit de saisir la gourde et l’apporter à tes lèvres pour obtenir quelques gorgées, les avaler et ensuite déguster un petit taiyaki. Le reste des biscuits tu les avais laissés entre toi et ton interlocutrice, en veillant à ce que Fuwa-fuwa ne s’avise même pas d’en lorgner ne serait-ce qu’un seul. S’il te le réclamait, tu pourrais lui en donner juste un, mais il fallait quand même que sa maîtresse puisse aussi profiter du goûter. C’était elle qui allait t’apporter certaines réponses à tes questions, pas lui.

« Vous avez l’air éreintée, cette petite pause devrait vous requinquer. Mais si ce n’est pas le cas, j’ai quelques préparations qui pourraient vous redonner de l’énergie. Comme celle-ci par exemple. »

Tout en parlant, tu te penchas légèrement pour désigner du doigt l’une des petites bouteilles de verre avec une inscription étiquetée et parfaitement écrite, de ta main. Puis tu en attrapas une autre pour la monter devant le visage de Itoe.

«Celle-ci permet de rester plus facilement éveillé lorsque le sommeil vient à manquer. Elle peut s’avérer utile en cas de longs voyages, ou de garde prolongée. »

Tu étais prêt à lui céder l’une d’entre elle si elle en voulait, ton but premier n’était pas vraiment de lui vendre tout ton stand, mais plutôt d’amener naturellement la conversation à ce que tu avais vu durant ton affrontement avec Anka, le yokaï dragon.

Halloween

Apprendre à faire connaissance:

Le soleil se couchait tout doucement sur la belle Edo. De là où tu te trouvais avec Itoe, tu ne voyais pas grand-chose des rayons du soleil qui s’atténuaient, mais tu pouvais le deviner à la luminosité encore vivre du crépuscule.

Toujours accompagnée de la jeune exterminatrice, tu attrapes un nouveau taiyaki pour le croquer en plusieurs petites bouchées, ton regard allant de ton interlocutrice à certains passants, humains et hanyô. Tu ne fus pas surpris de la voir humer ta préparation, te souvenant sans mal à quel point sa vue pouvait être mauvaise.

« Effectivement, il y a bien du shiitake. De la camomille également pour renforcer les effets de la préparation, du persil cru, et du camu. Je suis étonné de voir à quel point votre odorat est précis. Est-ce que c’est une qualité obligatoire chez les exterminateurs ? »

Toi aussi tu étais curieux, elle était bien la première de cette profession à répondre à tes questions ! Par méfiance, tu avais jusqu’à présent toujours cherché à éviter le chemin de ces humains. Mais finalement, c’était bien Itoe qui avait renversé la situation durant le festival des Lanternes. Bien entendu, tu aurais pu t’en sortir sans son aide si tu t’en étais tenu à ta manière de procéder en général… Mais ta curiosité était peut-être le pire de tous tes défauts.

« Oh, des effets secondaires ? Pas sur cette préparation, non. Je fais également des renforcements plus… Comment dire ? Avec des effets plus massifs et immédiats, mais ceux-là je préfère les produire sur commande. Voyez-vous, même si les clients humains n’achètent quasi jamais mes marchandises, je veille à doser précisément pour éviter au maximum toute toxicité. Les effets sont donc plus doux, c’est pour cette raison qu’il est recommandé d’en prendre quelques gouttes diluées dans une boisson une fois par jour. Pour mes clients yokaï, je peux produire des remèdes qui agiront plus rapidement.»

Ce sujet était quelque chose qui, curieusement, te passionnait. Tu n’avais jamais parlé de cette médecine avant, avec qui que ce soit. Tu ne savais pas qui t’avait enseigné tout cela… Car tu étais capable de produire bon nombre de mélange de plantes et de champignons, de soigner également par l’acupuncture. C’était un mystère que tu pourrais résoudre une fois ta mémoire entièrement retrouvée. Oui, c’était forcément dans ton passé que tu avais été ainsi formé…

Sortant de tes pensées, tu te rendis compte que tu étais resté muet quelques instants en apercevant la couleur du ciel un peu plus sombre encore. Tu tournas ton visage souriant et calme vers l’exterminatrice pour lui tendre l’assiette de petits gâteaux.

« Ah, ne vous inquiétez pas, je trouve ce sujet fascinant. Surtout concernant la préparation que vous avez utilisé lors du festival, justement. Je suppose qu’elle devait faire partie de votre artillerie d’exterminatrice… ? ça a été relativement efficace. »

Halloween