Une petite traque - [Feat Emiko]

Une nouvelle nuit passée à imaginer ma vie si tout, c'était passé différemment, tout serait totalement différent. Je n'aurais pas à passer mon temps à imaginer ma vie autrement. Enfin bref, le soleil avait fini par montrer le bout de son nez et Emiko et moi avions été payés pour retrouver et éliminer un yokai en particulier. Emiko était une yokai, mais je savais que je pouvais compter sur elle. Au début notre collaboration n'était qu'un retour de dette pour moi, mais elle finit par devenir une personne sur qui je pouvais compter et que je tolérais. Elle était beaucoup plus utile que je ne pusse l'imaginer au début et surtout, elle était forte et ça, c'était assez impressionnant. Emiko est d'ailleurs l'une des seuls Yokai que je puisse apprécier de la sorte, mais pourtant, si cela était nécessaire, je mettrais ma vie entre ses mains, enfin ça jamais je ne lui avouerais, déjà qu'elle est assez taquine alors si elle savait ça, je serais fini.

Nous devions donc nous rendre dans la Forêt de l'Illusion afin de traquer ce fameux Yokai, c'est pour cela que nous avions pris la route dès l'aurore. D'après les informations que nous avions pu obtenir, il était loin d'être un yokai de haut niveau, mais il n'était pas assez faible pour être abattu par la personne qui nous paye. C'était marrant quand même cette situation de se faire payer pour rendre un service à la nation, je faisais ce pourquoi j'étais né tandis que je touchais de l'argent pour cela. Je suis presque sûr que Kumiko désapprouverait cela. Le fait de penser à elle marqua mon visage, rien que de penser à elle, mon visage pensif devint alors un visage souriant, les yeux remplis de peine. Quelques secondes, plus tard, je repris mon visage normal, espérant de tout cœur qu'Emiko n'avait pas vu cela, elle allait sûrement dire que je pense à elle pour sourire de la sorte, d'ailleurs en parlant d'Emiko j’espérais qu'elle avait pensée à prendre de quoi manger, car je crois que j'avais oublié de prendre de la nourriture.

Mon ventre fit un bruit assez étrange, digne d'un Yokai de rang S, j'avais faim, et cela, car j'étais un ventre sur patte. Je m’arrêtais histoire de fouiller dans ce qui ressemblait à un sac en ne trouvant absolument rien à manger, c'est alors que je regardais ma partenaire.

« Dis-moi, je sais que cela ne fait pas très longtemps que l'on a mangé, mais tu aurais de quoi manger ? Je sais que je suis énervant mais, si on a rien à manger, je ne bougerai pas. »

Un léger sourire forcé apparu sur mon visage, je savais qu'elle n'aimait pas ça du tout, elle n'aimait pas que j'agisse comme un gamin capricieux, d'ailleurs Kumiko n'aimait pas ça non plus. Elle adorait taquiner alors il fallait que je lui rendre un peu la pareille, enfin même si elle n'avait rien à manger, j'allais devoir bouger, nous avions missionné quand même. Je n'en avais rien à faire de la notoriété à la base, mais cette dernière pourrait nous permettre, à Emiko et moi, d'atteindre nos objectifs personnels.

Le jour se lève, il était temps pour l'humain et le Yokai, de reprendre la route vers de nouvelles missives. Emiko était loin d'être dupe, elle avait bien remarqué que son ami n'avait pas le moral à son réveil. Cet air, elle ne le connaissait que trop bien... Mais aussi railleuse peut-être elle, Emi se garda bien de venir l'embêter pour cela. Elle sait parfaitement qu'en lui, recèle une plaie béante, doit-elle ne peut hélas, que tenter d'atténuer sa souffrance. Il semblait toutefois parvenir à se ressaisir de lui-même... Peut-être que trop bien lorsqu'il vint à lui quémander de quoi se rassasier alors qu'ils se trouvaient sur la route.

- Tu es pire qu'un gamin Jin. Un léger souffle sortie des lèvres de la jeune femme. Toutefois, le ton emprunté ne paraissait pas réprobateur.

Bien qu'elle fut pincée dans ses mots, le rictus affiché sur ses lèvres lui, trahissait très clairement que la Yokai était bien plus amusée par l'attitude de son partenaire qu'exaspérée. Là où d'autre aurait probablement ignoré les plaintes du morfal, Emiko elle, plongea l'une de ses mains dans la besace suspendue à ses épaules. Sortant délicatement, un petit tissu qui semblait envelopper le plus précieux des joyaux... Non attendez... De la nourriture ? Oui, c'était bel et bien de la nourriture que l'on voyait se dévoiler, au fur et à mesure que les doigts de la jeune femme venaient à la libérer. Loin d'elle l'idée d'ignorer les complaintes de Jin, elle préférait le satisfaire. Démontrant une nouvelle fois, qu'elle prenait à coeur son bien-être, sans pour autant rentrer dans l'excessivité. Car il le savait parfaitement, si ses demandes se trouvent être trop répétitives, il se retrouverait face à un mur. Ce n'était que la première de la journée, et nos deux partenaires se trouvant sur une traque, il était important que le brun garde les idées bien claires. C'est donc dans un geste précis, qu'Emiko envoya dans les mains de ce dernier, quelques boulettes de matcha et coco. Se gardant bien évidemment de tout lui donner... Elle aimait beaucoup Jin, mais au point de le laisser se délecter de ses mets préférés, il ne fallait pas non plus pousser trop loin cette aberration.    

- Régale toi bien, car tu n'auras plus rien avant l'heure du déjeuner. Et encore, seulement si nous parvenons à trouver une piste sur notre cible. Dit-elle en lui accordant un léger clin d'oeil amusé.

Non, vous ne rêvez pas. Elle venait très clairement de lui placer ce petit chantage sous le nez, indiquant que s'il voulait manger pour la prochaine fois, il allait d'abord devoir travailler. Après tout, ils ne sont ici pour une simple balade de santé. On les avait mandatés pour retrouver la piste d'un Yokai qui avait semé le trouble durant ces quelques jours dans un petit village proche de la fôret. D'après leur description, ce ne serait pas le plus terrible qu'il ait à combattre... Mais ils ne pouvaient rejeter un travail payés. La luxure était probablement ce qui pendait au nez de la jeune femme, si on lui proposer une récompense, elle ne serait dire non. Heureusement que Jin s'était immiscé à ses cotés, lui faisant bien souvent garder la raison. Si elle s'écoutait, elle serait capable d'accepter des tâches qui pourraient néanmoins la surpasser, elle et ses capacités. Sa fierté est-elle, que Emiko se croit parfois plus forte qu'elle ne peut l'être.

- D'après les informations que nous avons, ce Yokai s'en prend aux voyageurs de nuit. Il doit être d'une race nocturne, nous avons donc le temps avant qu'il ne se manifeste... A moins qu'il n'ait très faim.

Elle ne semblait réellement préoccupée par cette affaire, c'était plutôt quelque chose de bénin pour notre petit duo. Ils n'en sont pas à leur première mission ensemble, et savaient parfaitement travailler de manière coordonnée. Cependant, il fallait garder la tête froide, et éviter de prendre à la légère une entrevue avec un Yokai mangeur d'Homme. Baisser sa garde, pourrait trop rapidement mener à une défaite cuisante. Chose, dont la fierté de Emiko se refusa. Tout en marchant à ses cotés, la Yokai se rapprocha de son partenaire, et lui attribua un léger coup d'épaule à la fois complice et taquin.

- Je me demande qui ne nous deux va encore servir d'appats. Son regard se voulut mesquin, avec une légère pointe de fourberie.

De notre cher Duo, c'était Jin l'humain. Il semblait donc évident qu'il serait celui qui attirerait le plus de Yokai sauvage... Bien que parfois, la féminité de notre papillon de nuit peut aussi avoir ses avantages pour trainer leur proie dans les filets.  

C'est sans trop de difficulté que j'avais obtenu ce que je voulais, c'est-à-dire une remarque qui me faisais sourire intérieurement et surtout de quoi manger. Je regardais ce qu'elle venait de me donner, assez dépité de la portion, mais je n'allais rien dire, elle m'avait déjà dépanné de quoi manger, alors je n'allais pas faire mon lourd et abusé de sa gentillesse, même si je dois avouer que j'avais avalé beaucoup trop rapidement ce qu'elle m'avait donnée.
Il fallait maintenant que nous attendions la nuit ou alors espérait que Monsieur le Yokai ai faim et pour une raison évidente, il fallait que je sois l’appât, mais je dois avouer que je n'aimais pas trop ça. Je me dis qu'il vaille mieux que ce soit moi qu'un humain ordinaire et qu'il se fasse manger comme une chips, d'ailleurs en parlant de chip, je crois que ce qu'elle m'avait donné ne m'avait absolument pas suffi, j'avais besoin de beaucoup plus pour être nourri. Parfois, je me demande qui de nous deux et le Yokai et qui est l'humain.

Je regardais ainsi ma partenaire tous en marchant, je voulais prendre la parole, lui dire à quel point ce qu'elle m'avait donner était insuffisant, que je n'étais pas un enfant, mais un adulte et que donc j'avais besoin de manger comme un adulte, mais tous ne se passa pas comme prévue.
Je regardais Emiko et donc pas conséquence, je ne regardais pas où je marchais et je n'avais pas vu cette pierre sur mon chemin qui, elle n'avait pas envie de bouger. C'est donc ainsi que je me suis retrouvé à rouler sur quelques mètres, finissant par faire l'étoile de mer. Mes parchemins éparpillés ainsi que mon arme par terre et ma gourde d'eau se vidant par terre.

« Je déteste cette mission, c'est officiel. Je pense que je vais brûler toute la forêt comme ça, il n'y aura plus de Yokai »

J’imaginais très bien Emiko en train de se foutre de moi, ce que je pouvais comprendre. Fort heureusement, je ne m'étais pas fait très mal. Je n'avais évidemment pas l'intention de faire cela, mais il est vrai que l'idée me traversa l'esprit. J'étais ainsi allongé par terre, regardant le ciel et soupirant avant de m’asseoir sur mes fesses.

« D'ailleurs ces pas super bons ce que tu m'as donné et je ne sais pas si toi, tu manges que ça, mais ce sont des quantités d'enfants. Ah et au fait, vu qu'on n'a pas d'autres humains sous le coude, je ferais l’appât, si je suis blessé cela sera de ta faute et plus sérieusement on va manger avant n'est-ce pas ? »

Un sourire marqua mon visage tandis que je me tournais vers elle avant de me relever et de m'étirer ramassant mes affaires. Je la taquinais un peu également, elle m'avait nourris donc je ne pouvais pas être tout le temps lunatique en sa présence, je devais parfois me faire violence pour être agréable avec une personne qui m'apprécie.