Kohatchi Mami [Terminé]

Naitre sur un ile aussi réduite, c'est comme naitre dans un petit monde. Enfant l'on n'a pas vraiment conscience de ce qui se trouve au-delà des grandes étendue aquatiques qui entourent notre foyer.



Mami ne fit pas exception à la chose, lorsque qu'elle fut assez grande pour observer clairement la mer. L'ile d'exil représentait l'intégralité de ce qui "était" pour elle. Le clapotis de vagues, les reliefs escarpés, la végétation verdoyante, toutes c'est choses furent la seul certitude de ce qui existe pour l'enfant. Seul la vision lointain de Honshū pouvant parfois l'intriguer.  

Sado était juste assez grande pour que l'on ne s'y sente pas à l'étroit. Sa population n'était pas bien étendue, mais les gens savait se serrer les coudes. Pas trop le choix quand se faire un ennemi c'est aussi irrémédiablement le croiser régulièrement.

Les parents de la jeune fille étaient des pêcheurs de Sukunegi. L'enfant voyait chaque matin son père où sa mère partir dans le taraibune pour remonter les filets.

Malgré la période trouble que connaissait le pays, l'enfance de Mami ne fut pas particulièrement malheureuse, elle eu tout le temps de grandir sans crainte, l'ile se permettant de se tenir relativement éloignée des conflits de par sa position.

Mais, si une chose était notable, c'est que la petite Mami présentait depuis sa naissance un comportement insolite. Il n'était pas rare que sans raison elle se mette à fixer un point sur la mer, ou bien se figer au détour d'une ruelle, ou encore de discuter seule sur un chemin de campagne.

Ses parents croyant d'abord l'enfant douée d'une imagination débordante, se rendirent vite compte. Que le phénomène ne s'estompait pas. Ils durent reconnaitre que quelques choses n'allait pas avec leur fille. Le médecin du village ne leur apportèrent cependant pas bien plus de réponses, ne parvenant pas à identifier la raison de ce comportement.

Alors se fut les doyens de la communautés qui recommandèrent aux Kohatchi d'emmener leur progéniture à Seisui-ji, le vieux temple de l'ile, datant de Heian. Là bas les quelques moines pourront peut-être apporter une solution pour soigner cet étrange comportement.

A l'époque le moine en charge de la petite communauté religieuse se nommait Geroki Uta. L'homme devait avoir la cinquantaine et ses sourcils épais couvraient presque ses yeux.

Observant la jeune Kohatchi plusieurs jours durant, et lui posant une pléthore de questions. Celui-ci donna son verdict sur l'état de Mami. Elle n'était atteint d'aucune maladie ou en tout cas sa perception du monde ne serrait jamais la même que celle du commun des hommes. Elle est née avec un "mauvais sens" Ses absences et ses discutions solitaires était en réalité la conséquence de ce sens, la fillette pouvait voir des êtres spirituels, là où tous ne pouvait pas se douter de leur présence. Et depuis sa naissance, ses esprit, fantôme et autres monstres l'entourait.

Un tel talent pour l'interaction avec l'invisible, aboutit sur une demande bien singulière du moine. Mami devait recevoir une éducation au temple, devenir nonne ou prêtresse serrait pour elle, la meilleur voie pour exploiter son potentiel.

D'abord hésitant, les parents finirent par accepter. Ne plus voir aussi régulièrement leur enfant était un crève-cœur, mais ils durent bien malheureusement constater qu'ils était parfaitement incapable d'appréhender ce don que possédait leur fille.



Au temple la tutrice de Mami fut une nonne très âgée. Ses cheveux étaient cendreux, sa voie grinçante et ses rides si marquées que l'on aurait cru qu'elle avait vécu des centaines d'années. Elle s'était présentée à la jeune fille sous le nom de Jima. Elle n'était ni douce, ni spécialement brutale, mais pourtant la petite Kohatchi se sentait bien à ses côtés. Jima aussi pouvait voir l'invisible comme Mami et ce fait la rendait beaucoup plus lucide quand à comment appréhender l'enfant.

Jusqu'à ses 18 ans, Mami reçue une éducation complète. Jima lui inculca la religion, la philosophie, l'Histoire, la littérature, les mathématiques, mais aussi les arts martiaux et les connaissances spirituelles.

En échange de ces enseignements, la jeune fille devait s'engager à deux choses, parcourir le pays comme prêtresse et ne jamais construire de famille.

Mais aussi contraignant que cela fut, l'adolescente n'eu aucun mal à accepter. Plus elle en apprenait sur le monde, plus elle devenait distante avec l'univers du visible. "Autrui" perdit grandement en importance à ses yeux, yokai, esprit ou humain, tout cela restait fondamentalement une âme, son incarnation ne faisait pas grande différence.

Toutefois même si le sort des autres ne l'affectait pas directement, aider toutes les êtres dans le besoin était une mission très importante pour elle, car individuellement chacun ne représentait pas grande chose, mais collectivement un trop grand nombre d'existences en perdition n'engendrerait rien de bon. C'est pour cela qu'elle se devait de lutter contre le malheur et l'ignorance, bien qu'elle soit consciente qu'il était impossible pour elle en une vie humaine de faire disparaitre ces concepts.          



C'est ainsi que Mami quitta son ile pour une vie vagabonde. Embrassant ses parents, elle entama sa vie vagabonde hors de son monde. Honshu était immensément plus grande que Sado et la vie y était bien moins paisible. Mais cela n'effraya en rien Kohatchi Mami qui entama son observation du pays sans être déstabilisée par l'horreur ou la peine qui croiserait son chemin.

C'est ainsi que le rythme de vie  de la femme commença, son quotidien devient la marche le long des routes, parfois elle s'arrêtait dans un village quelques jours où semaines, pour régler les problèmes instruire les enfants où simplement se ressourcer. Elle put observer des âmes à l'existence bien différente de celle de son île natale et globalement chaque passage dans une nouvelle forêt, une nouvelle montagne, une nouvelle plaine était la découverte d'un nouveau monde spirituel. Bien sûr le pays était en proie à de nombreuses horreurs, la maladie, la faim, la guerre et la malveillance se trouvait régulièrement présente. Mais Mami observa autant la beauté que l'horreur avec la même aplomb, un sourire constant sur son visage face aux mouvements du monde.

Encore aujourd'hui, la prêtresse continue d'arpenter les routes, imperturbable, vous la croiserez peut-être figé au détour d'un chemin, observant souriante l'écorce d'un arbre, ou la forme d'une pierre, conversant avec une fleur ou assise à l'orée d'une clairière. Le yeux posés sur un monde invisible.