Kurage Ken

Ton regard dans le miroir est vide. Vide de vie. Vide de sens. Il n’y a que le dégoût, la déception. L’adolescence propulse cet état d’esprit à un niveau tellement fou que ton poing vient éclater le verre réflecteur sans en prendre réellement conscience. Ton reflet est insupportable, ce corps est laid, il n’y a rien qui te donne envie de te mettre en avant, de t’affirmer, de te valoriser. Tu sursautes lorsque la porte s’ouvre à la volée, une femme se met à hurler, elle crie, elle insulte, elle frappe. C’est la goutte de trop, ton esprit ne peut plus le supporter, ton corps ne veut pas subir un coup de plus, tes bras ne font qu’encaisser les coups, encore et toujours, depuis des mois. Alors que ta résistance commence à céder, contre toute attente ton dos se redresse, ta silhouette sans formes, maigre, osseuse, se tient bien droit face à cette femme, les yeux dans les yeux ; tes mains viennent la pousser, elle titube puis tombe. La porte claque, se refermant avec violence juste derrière toi. Cette oppression a assez duré, la liberté commence maintenant.

Tu te perds dans la rue, la faim tiraille ton estomac, le manque de confort te donne ma au dos. Cela fait plusieurs jours que tu es parti, tu n'y remettrais plus jamais les pieds, tu préférais mourir comme ça. Tu n'avais pas eu spécialement d'amis ces derniers mois, tu avais pris tes distances avec le peu de gens que tu appréciais. L'adolescence est une période bien compliquée, encore plus lorsque l'on se rend compte, jour après jour, que ce corps n'est pas le bon. Qu'il ne correspond pas à ce qu'il y a dans la tête. Un malaise s'installe, l'envie de destruction pose ses valises et la haine ne s'en va plus. Comme une sangsue absorbant tous les sentiments positifs de la vie, tu te consumes, autant de l'intérieur que de l'extérieur. Ton regard vide cherche dans le noir un endroit pour dormir, un banc pour éviter de dormir à même le sol, mais tout ce que tu trouves, c'est une moitié de matelas pourri sur un bord de route. Alors que tu commences à te résigner à dormir dessus, une voiture s'arrête non loin de toi dans un crissement épouvantable. Une jeune femme sort, s'approche de toi d'un pas pressé, tu ne vois rien, tu ne comprends pas. Et puis une voix s'élève : "C’est bien toi … Je t'ai cherché partout. Rentrons à la maison." Tu reconnais immédiatement cette douce résonance, mais tu ne veux plus retourner là-bas. Tu recules de quelques pas, prêt à t'enfuir, mais elle attrape ta main, comme si elle avait senti ta détresse. "Mon appartement sera ta nouvelle maison, viens avec moi. Tu ne les reverras plus jamais, d'accord ? Jamais." Les larmes montent à tes yeux fatigués, elle pose sur le haut de ta tête une main réconfortante, tu t'effondres d’épuisement, tu pleures très fort, comme un enfant abandonné.

C'est donc ta cousine Isuzu qui t'a récupéré ; le lendemain elle te raconte comment elle a su que ça avait dégénéré. Elle est passée à l'improviste pour te voir, t'annoncer une super nouvelle mais en voyant le chaos régner dans cette maison, elle avait tout de suite compris que tu étais parti. Elle ne sait pas comment elle a fait pour te retrouver, au départ elle ne savait même pas où chercher. Elle a simplement fait tous les coins de la ville à ta recherche, en espérant tomber sur toi. Cela faisait au moins une semaine que tu avais disparu ...

Cela fait maintenant quelques mois que tu as retrouvé un semblant de vie normale chez Isuzu. Tu es retourné à l'école parce qu’elle te l’a demandé, plus mauvais et sur la défensive qu'avant. Ce que t'ont fait vivre tes parents pendant de très longs mois t'a énormément affecté. Ton séjour dans la rue aussi. Mais tu ne peux pas toujours dépendre de ta cousine, elle qui est si gentille, qui essaie de t'élever au mieux, qui te donne un morceau de sa vie en dépit de son bonheur à elle. Tu ne la remercierais jamais assez de t'avoir sauvé et pour cette raison, tu fais quand même attention à ton comportement même si tu es devenu quelqu’un de très agressif. Après tout, si elle en venait à en avoir marre de toi, qu'est-ce qu'un gamin d'à peine 14 ans pourrait bien faire ? Telle est la question.

Ces quelques mois ont été difficiles, d’autant plus qu’avec ce corps, cette identité, ça n’allait pas. De nouveau devant le miroir, tu te détestes. En sous-vêtements dans la salle de bains, tu n’entends pas les doux coups de ta cousine sur la porte. Elle s’inquiète et entre rapidement juste avant de s’excuser, embarrassée de te voir nu. Elle commence à partir mais tu la retiens. “J’ai un problème Isuzu. Ce corps … Je ne peux pas être comme ça. Je ne veux plus ... “ Des larmes de rage coulent sur tes joues, tu as peur mais tu es surtout frustré. Elle pose une grande serviette sur tes épaules sans trop te regarder, puis passe ses mains sur le haut de tes bras. “Que veux-tu dire ?” Ton regard rencontre le sien dans la glace, tu es effrayé mais tu préférerais mourir que de continuer comme ça. “Je ne suis pas une fille Isuzu … Je le sens au plus profond de moi. C’est à cause de ça que mes parents, ils ... “ Tu t’arrêtes et fais une grimace, la douleur des souvenirs est insupportable. “Explique moi comment tu te sens, je peux peut-être t’aider.” C’est après une longue discussion, d’innombrables questions d’Isuzu que vous avez pris la décision de te transformer. D’entamer les démarches médicales pour devenir un Homme, la personne que tu étais déjà depuis longtemps, sans avoir le corps adéquat.

Ta fin de collège a été difficile dans plusieurs sens : lors de ta transition, tu subissais des remarques lourdes de sens, c’est aussi à cette période que tu as commencé à taper tout le monde, te bagarrer pour un regard de travers. Tu ne pouvais même plus te retenir, les hormones faisaient de toi une boule de nerfs à vif. Isuzu ne t’en a jamais voulu, même si au début, vous vous disputiez beaucoup. Heureusement que son compagnon était d’un calme digne de Bouddha. Vous vous seriez presque étripés une fois. Isuzu a pris la décision de t’inscrire à des clubs de sport, pour que tu évacues, pour que tu canalises cette colère, tu ne pouvais plus continuer comme ça. Alors tu as essayé plusieurs trucs : le football (ce qui t’a donné des techniques pour donner des coups de pied aux emmerdeurs), le basketball (qui t’a aidé à développer la force de tes bras et ton endurance), le Jujitsu (qui t’a appris à maîtriser ta force et envoyer valser n’importe quel adversaire) … Au bout du compte, tu trouvais surtout des techniques de combat dans tout ce que tu apprenais, mais le Jujitsu était quelque chose que tu appréciais réellement, donc tu as continué. Ton corps a rapidement pris en muscle, en forme masculine, et tu commençais à ne plus avoir de complexe. Ken est le prénom que ta cousine a choisi pour ta nouvelle identité, et sans rechigner, tu l’as adopté.

Ce n'est qu'en entrant au lycée que tu commences à te sentir véritablement toi. Plus aucune personne n’a fait de remarque sur ton toi d’avant, d’ailleurs personne ne sait qui tu étais. C’est comme commencer une nouvelle vie, pouvoir reprendre une vie du début est une chance pour toi. Contre toute attente, tu as même commencé à avoir du succès auprès des filles (et certains mecs). Pourtant, tu es assez renfermé mais à ce qu’on dit, on aime bien te taquiner parce que tu râles pour un oui ou pour un non sans être véritablement méchant. Tu n’apprécies juste pas qu’on se moque de toi, qu’on te prenne pour un débile. Cette période, c’est le calme après la tempête, comme si tout ce qu’il s’est passé avant n’est jamais arrivé.

Malgré de bonnes notes au lycée, des appréciations moins insolentes au fil du temps, tu sais déjà que tu ne feras pas d’études. C’est beaucoup trop chiant, tu préfères travailler au plus vite, parce que tu veux l’indépendance. Ta cousine est gentille mais tu veux aussi voler de tes propres ailes et laisser l’appartement pour qu’elle fonde une famille. Tu t’es assez imposé comme ça. Lorsque tu lui en as parlé, elle a immédiatement trouvé quelque chose à dire, mais tu ne lui as pas laissé le choix. C’est ta vie, donc la suite t’appartient. Bien sûr, avant ta majorité, il y a encore du temps … Et puis, la vie réserve bien des surprises. Des bonnes comme des mauvaises. Le compagnon d’Isuzu perd la vie dans un accident de la route, une longue période de deuil commence. Toi, tu dois continuer d’aller à l’école et la ramasser à la petite cuillère jour après jour.

C'est pour fêter la nouvelle année 2020 que ta cousine sort de nouveau de chez elle. Bien décidée à continuer son chemin malgré la difficulté, elle change tout de même ses habitudes. Le temple dans lequel elle allait avec son compagnon est échangé contre un sanctuaire un peu plus loin de chez vous, caché dans une forêt apaisante. Lorsque tu y entres pour la première fois, sous la neige tombant sur la capitale, tu sens quelque chose de magique. Tu ne comprends pas pourquoi tu as ce sentiment, mais au fil du temps, il ne fera que grandir. Ce sanctuaire, c’est celui qui appartient à la famille Higurashi, une de tes camarades de classe souvent absente y habite avec son grand-père, sa mère et son petit frère.

Le temps continue de passer, tu obtiens ton diplôme haut la main, et dis adieu à la vie d’étudiant pour te lancer dans la recherche d’emploi très rapidement. Sans l’aide de ta cousine, tu obtiens quelques petits boulots : livreur de lait, cuisinier et serveur dans un street food, vendeur dans une épicerie la nuit … Tu ne rechignes devant aucun job, tu te fais un maximum d’expérience, ton propre avis. Tu aimes bien faire des choses différentes, mouvementer ta vie. Bien sûr, tu continues de faire du sport et de prendre tes hormones quand il le faut pour éviter de sombrer dans l’habitude d’une vie monotone et ennuyeuse.

2022 naissance à Tokyo, sa famille se compose de deux parents

2014 12 ans. Ken fugue de chez ses parents (qui ne comprennent pas son mal-être à propos de son identité), fuyant une enfance malheureuse qui ne se résumait qu'à des coups sur son petit corps de gosse. Il finit à la rue, il préfère mourir que d'y retourner. quelques jours plus tard, sa cousine le retrouve et lui vient en aide, lui offrant un toit. + retour à l'école avec beaucoup de retard.

2016 14 ans. Discussion avec sa cousine, il lui explique son problème d'identité par rapport à ce corps de femme qui ne lui convient pas. Avec le soutien de sa cousine, il entame les procédures de transition (psychologue, médecins en tout genre etc) afin de se sentir mieux. il redouble une année, parce que la situation est compliquée.

2018 16 ans. sur la fin de sa scolarité au collège, il commence à se taper avec les gens, ne supportant plus les remarques et la foule tout court. La compagnon de sa cousine évite un grand nombre de disputes avec Isuzu, mais les hormones rendent Ken difficile ; inscription de Ken dans des clubs de sport pour le canaliser (foot, basket, jujitsu). Définition de son nouveau prénom (Ken) choisi à l'aide de sa cousine. + entrée au lycée ; succès soudain auprès des filles (apparence plus confiante, plus masculine).

2018/2019 17 ans. Ken sait déjà qu'il ne fera pas d'études ; il souhaite son indépendance pour permettre à sa cousine de faire sa vie. Malheureusement, son compagnon décède dans un accident ; Ken ramasse sa cousine à la petite cuillière chaque jour.

2020 18 ans. Isuzu décide enfin de sortir de chez elle ; fréquentation du Sanctuaire des Higurashi ; fin du lycée, obtention du diplôme + petit job

04/2021 & 04/1551 19 ans. arrivée au Japon Féodal.