Mille questions et une quiétude

Mille questions et une quiétude

Lendemain du festival des lanternes.



Après avoir lancé les lanternes dans le ciel, tu avais trouvé un petit coin pas loin du village environnant pour te reposer, réfléchir mais tu avais bien vite trouvé le sommeil, assis contre le tronc d’un arbre. Trop de pensées t’avaient envahi, trop d’émotions étaient passés dans ton pauvre corps humain. Tu ne comprenais toujours pas bien ce qui s’était passé, mais l’épuisement avait eu raison de toi.

Lorsque tu ouvris les yeux, tu n’avais aucune idée de l’heure qu’il était. Seulement, le soleil se levait doucement à l’horizon et le bruit tranquille de l’eau du ruisseau te détendait. C’était une vision que tu n’aurais jamais pu voir à Tokyo, les immenses gratte-ciel ne te permettaient pas d’avoir cette image. Et surtout, tu n’avais jamais eu les moyens et le temps de voyager ailleurs qu’en métropole. Alors tu te permis d’apprécier ce tableau unique devant tes yeux éblouis par une telle beauté.

Tu te décidas ensuite à te lever et t’étirer de tout ton long. Dormir assis, à même le sol n’était pas très confortable, même si tu avais refusé de dormir dans la forêt ou près du puits. La forêt semblait bien plus dangereuse qu’il n’y paraissait, et le puits, trop glauque pour toi. Tu avais donc décidé que le village, ses abords du moins, serait plus sécurisés pour réfléchir. Même si tu t’étais endormi avant de penser à quoi que ce soit.

Tu te penchas au-dessus du ruisseau pour te mouiller le visage. Tu étais encore épuisé, mais tu ne devais pas te laisser abattre. Tu avais compris la veille que des personnes voulaient te tuer, même si tu ne connaissais pas la raison de cette haine envers toi. Tu pensais surtout au dragon de la veille, celui-ci même qui avait failli attenter à ta vie. S’il n’y avait pas eu l’intervention du personnage aux longs cheveux verts et les autres, tu ne serais plus là pour constater que tu avais bien failli trépasser.

Tu poussas un soupir, essuyant ton visage avec ton t-shirt. Tu décidais alors de rejoindre le puits, histoire de voir s’il pouvait te ramener chez toi. Par n’importe quel moyen. Tu avais envie de rejoindre ta cousine, la prendre dans tes bras et dormir dans ton lit, oubliant par la même occasion ce que tu avais vécu de terrible. Un énième soupir passa la barrière de tes lèvres, alors que tu croisais le regard inquisiteur des habitants du village. Tu ne savais pas comment les aborder pour demander ton chemin, alors tu traças simplement ta route vers les longs chemins bordés de rizières remplies d’eau.

Tu t’arrêtas un instant pour observer le paysage. Ton regard au loin se perdit dans la beauté du spectacle, encore une fois. Tu en oublias où tu te trouvais, ce que tu devais faire, ce que tu cherchais. Tu fermas les yeux pour pouvoir profiter du bon air qui circulait autour de toi, l’espace d’un instant, tu te sentis dans ton élément. Loin des véhicules, des transports en commun, des immenses foules traversant les passages piétons, le bruit de tes jeux vidéo, de la sonnerie de ton portable. Tu profitais simplement de cet instant de quiétude. Tu aurais bien le temps de te stresser avec ce qui t’arrivait un peu plus tard, continuant encore et encore à te torturer avec mille questions sans jamais trouver de réponses.

Mille questions et une quiétude

Lendemain du festival des lanternes.



C’était un instant de répit dans ce monde trop étrange pour toi. Tu te perdis plusieurs minutes dans la contemplation de ce paysage. Fasciné par cette nature éblouissante, tu en oublias le reste. Tout ce qui te préoccupait à cet instant précis, c’était de prendre un crayon, une feuille, et de dessiner ce que tu voyais. De mettre un coup de pinceau sur ce que tu ressentais en ce moment. Cela t’avait beaucoup aidé ; sûrement autant que de faire du sport de combat. Sans doute que si tu restais ici, tu devrais reprendre un peu de méditation, pour te détendre, pour te recentrer et ne pas devenir fou. Il y avait de quoi, avec toutes les informations emmagasinées la veille.

Tu ne pressentis pas la présence d’une personne approchant, tu sursautas donc légèrement lorsqu’une voix s’éleva gentiment près de toi. Tu te reculas d’un pas, méfiant de nature, encore plus depuis la veille. Tu remarquas qu’il s’agissait de cette fameuse Higurashi Kagome, celle dont tu avais tant entendu parlé par sa famille, la source de bien des rumeurs lorsque tu allais à l’école, et une camarade de classe que tu avais secrètement aidé en offrant nombreuses de tes notes. Tu ne savais pas pourquoi à l’époque tu avais ressenti de l’empathie pour cette fille que tu ne connaissais quasiment pas. Peut-être le fait qu’elle t’avait, avant cela, donné un coup de main lorsque tu avais certains problèmes. Parce que ça, oui, tu en avais eu des problèmes durant ta scolarité. Mais aujourd’hui, tu comprenais que toute cette histoire n’était qu’un mensonge.

Seulement, pouvais-tu la blâmer ? Si elle avait mentionné le Japon Féodal auprès de la Société Japonaise moderne, elle aurait probablement été internée. Tu la regardais, la dévisageant de ton regard naturellement sévère et en colère. Mais tu ne ressentais rien de tout cela. Il était même difficile pour toi de savoir quelle émotion choisir, parce que tu n’étais pas du genre à déballer tes sentiments comme ça. Elle te demandait si tu allais bien, mais … Quelle réponse donner ? Tu ne savais pas.

En pleine réflexion pour trouver la meilleure réponse possible, elle te tendit un panier contenant une boîte et une gourde. Par réflexe et politesse, tu lui pris délicatement des mains mais tu la regardais à présent avec un sourcil levé. Tu ne comprenais pas bien, elle te prenait pour un portier ? Tu ne savais pas trop quoi faire de tout ça, alors tu ne fis rien. Et elle claqua des doigts, te surprenant légèrement. Elle parvenait à captiver ton attention.

Et elle confirma tous tes soupçons.

« Alors c’est bien toi Higurashi ! » Tu avais dit ça comme si tu avais trouvé le meilleur secret gardé. « Je veux dire … » Un petit silence suivit, avant que tu ne râcles ta gorge, embarrassé. « On a partagé plusieurs années scolaires ensemble, mais on ne s’est jamais vraiment parlé. Alors si tu te souviens pas de moi, c’est pas grave. Je suis Kurage, et sûrement que tu te souviendras pas de mon prénom. » Parce qu’il a changé en cours de route, et ton physique aussi. Toute ton apparence en fait. Vous ne vous étiez pas croisé depuis quelques temps maintenant. Tu ne lui en voudrais pas si elle ne se rappelait pas de toi, lorsque tu étais encore emprisonné dans le corps d’une adolescente totalement effacée de la surface de la Terre. « Je côtoie souvent ta famille à Tokyo- Mais attends, ce monde existe vraiment alors ? On est vraiment au Japon Féodal ? » Tu semblas redevenir la proie d’un stress visible et presque maladif. Tu voulus lever le bras mais l’une de tes mains était occupée par un panier. Celui-là même qu’elle t’avait donné quelques minutes auparavant. « Et … C’est quoi ? »

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Lendemain du festival des lanternes.



Ton visage prit une couleur rosée à l’évocation de ces fameuses notes que tu lui laissais à l’époque. Tu n’avais pas oublié, mais tu aurais souhaité qu’elle ne percute pas tout de suite sur l’auteur. Tu étais maintenant démasqué, et visiblement embarrassé. Tu n’aimais pas trop qu’on te dise que tu étais gentil ou toutes autres conneries dans le genre. Tu ne savais pas pourquoi tu l’avais fait sur le moment, mais aujourd’hui, en face de cette jeune femme qui semblait avoir accompli bien des choses. Elle montrait une douceur palpable et une détermination à toute épreuve, tu la trouvais assurément forte.

Sur la fin de sa phrase, tu lui jetas un regard glacial, juste avant d’éviter de la fixer, préférant te perdre à nouveau dans la beauté du paysage. Oui, avant, tu étais « ça ». Cette personne si laide, autant intérieurement qu’extérieurement, autant physiquement que mentalement. Tu n’étais qu’une partie brisée de l’être que tu représentais dans l’univers, il avait fallu un peu de temps avant que tu ne décides de t’élever, de te transformer. Au sens propre du terme. Et ta cousine t’avait énormément aidé. Tu ne voulais plus y penser, mais les cicatrices sur ton corps te rappelaient ce que tu avais vécu. Ken signifiait bien « personne forte », tu avais passé toutes ces épreuves pour une raison, tu voulais le voir de cette façon.

Tu le sentis gênée à côté de toi, et poussas un soupir avant de la regarder à nouveau. « C’est bon, c’est pas grave. » Elle t’adressa un sourire et remit une mèche ébène derrière son oreille. « Ken, mon prénom. » Tu étais en train de penser que tu ne pourrais pas t’énerver contre elle, ce qu’elle dégageait était si doux, si apaisant qu’elle te faisait du bien à l’âme en étant juste à côté de toi. Jusqu’au moment où elle te tapota tant bien que mal la tête. Tu ouvris grand les yeux tout en reculant d’un pas, le visage rouge comme une pivoine. « Mais- Oi ! » Tu fronças les sourcils au maximum, retrouvant cette expression renfrognée que tu avais souvent. Non mais …

Tu l’écoutas ensuite avec attention, pour être sûr de bien entendre ses mots. Tout était réel, elle te confia même qu’à son arrivée, elle avait été blessée. Tu oserais peut-être lui poser la question un de ces jours, mais la curiosité sur la vie privée des gens n’était pas ton fort, alors tu gardas simplement le silence, tout en payant une attention vraiment unique à ses paroles. Sa conclusion, tu ne la compris pas immédiatement. Il était vrai que certains paysages étaient uniques, que chaque recoin te donnait des heures de réflexion, te demandant ce qui remplaçait aujourd’hui la nature exceptionnelle de ce Japon. Tu n’étais pas certain de vouloir rester ici, tu voulais rentrer chez toi, retrouver ta vie calme, oublier tout ceci. Si Kagome était agréable avec toi, Anka ne l’était absolument pas, ne se cachant pas pour se proclamer assassin de ton avenir. Alors honnêtement, oui, tu voulais t’échapper d’ici. Mais le puits ne semblait pas du même avis. Était-ce une épreuve de la vie ? Si oui, tu n’en voulais pas. Ce que tu vivais au quotidien à Tokyo te convenait parfaitement.

En voulant faire un geste, tu te rappelas de ce panier que tu tenais. Kagome te l’avait donné, mais tu ne comprenais pas trop pourquoi. Tu la fixas alors d’un air incrédule et elle comprit immédiatement ta question. Oui, qu’y avait-il dans ce panier ? Elle t’avait fait à manger alors ? Tu fronças un sourcil, tout en fixant d’un air un peu étonné la nourriture cachée à l’intérieur du panier. Sans colère aucune, avec une petite incompréhension dans le regard, tu la fixas. Tes mots s’arrêtèrent lorsque tu contemplas la simplicité de Kagome, sa beauté simple, sa franchise simple, sa nature calme et simple. En apparence, oui, elle ne semblait être qu’une simple fille, mais tu sentais qu’à l’intérieur d’elle, tout y était plus complexe. Tu ne savais pas sur quoi tu te basais pour penser cela, mais tu le sentais. C’était ainsi.

« Pourquoi ? » Finalement, ce mot était sorti tout seul. « Enfin … Pourquoi tu fais ça pour moi ? On s’connaît pas, et j’suis pas du genre à attirer les gens à moi en général. Alors pourquoi tu m’aides ? » Tu regardas autour de vous, l’endroit semblait être idéal pour se poser, un peu d’herbe sous tes fesses ne devrait pas trop t’embêter. Nonchalamment tu décidas de t’asseoir par terre, pour ouvrir le contenu qu’on t’avait offert si gentiment. Tu n’allais quand même pas attendre, alors que ton estomac criait famine. Et puis, de la bouffe comestible faite par une nana de ton époque, ça ne pouvait pas te tuer.

« Tu as préparé quoi ? » Un léger sourire pour Kagome, et tu commenças à fouiller.

Mille questions et une quiétude

Lendemain du festival des lanternes.



La simplicité et la bienveillance de Kagome semblait te rendre plus calme, plus serein en quelque sorte. Tu n’avais pas envie de lui crier dessus comme tu le faisais d’habitude avec les gens, tu n’avais pas envie de froncer les sourcils pour lui faire comprendre que tu voulais rester seul. Tu n’avais pas vraiment besoin d’être seul en ce moment, ce monde était compliqué et avait quelque chose d’assurément effrayant. Un peu de compagnie ne te faisait pas de mal, c’était certain. Tu ne dirais rien là-dessus, mais tu étais reconnaissant qu’elle ait fait attention à toi, à ta présence, à ta solitude.

Elle était enchantée de te rencontrer et te remerciait de ton aide dans le monde moderne. Ce monde que vous deux connaissiez bien. Kagome était la seule personne à connaître Tokyo autant que toi, à y avoir vécu, à avoir des souvenirs de ce monde. Il te semblait si loin, si … Inconnu. Tu ne savais pas si tu parviendrais à y revenir un jour, alors que Kagome, elle, y parvenait sans grandes difficultés. Comment faisait-elle ? Tu avais envie de poser plein de questions, mais tu sentais que ce n’était pas le moment. En plus, tu sentais la faim te tirailler l’estomac avec force, bien que ton ventre et ton corps soient trop faibles pour faire, ne serait-ce qu’un seul petit bruit de famine.

Tu ressentais cette douceur de Kagome, mais également cet air sur son visage qui montrait qu’elle avait vécu plein de choses l’année écoulée. Elle s’exprimait bien, et peut-être qu’elle avait pris les manies des gens de ce monde, parce qu’elle parlait un peu comme une vieille personne. Du moins, tu l’imaginais. Parce que n’ayant jamais eu de famille à proprement parler, tu ne savais pas comment parlais les vieux. Tu comprenais ce qu’elle avait voulu dire ; « se contenter des choses simples de la vie », c’était un peu ta philosophie. Se féliciter des bonnes actions au jour le jour, s’en ravir, et attendre demain sans grandes attentes. Tu n’aimais pas être déçu, alors tu vivais l’instant présent sans avoir d’expectations.

De la bienveillance dans ce village … Tu n’étais pas convaincu. Les gens te regardaient bizarrement, comme si tu avais la peste ou une autre maladie mortelle de ce genre. Tu ne te sentais pas bien accueilli. Homme ou femme, peut-être que les choses étaient différentes ? Kagome avait sûrement été bien reçue dans ce monde, mais toi, non. De toute évidence. « Je pense qu’on a quand même besoin de reconnaissance à un moment donné de sa vie. Tu vas juste te fatiguer si tu es gentil(le) alors qu’on te crache dans le dos. » Tu disais de bien grandes choses tout à coup. Tu rougis un peu et te pinças les lèvres. « Je veux dire … Merci d’avoir préparé ça pour moi. »

Tu n’étais pas quelqu’un d’ingrat malgré ton sale caractère. Tu décidas quand même de prendre la peine de regarder ce qu’il y avait dans ce panier. Tu avais faim, depuis que tu étais arrivé ici, tu n’avais rien avalé. La renarde avait bien essayé de te filer une boisson, mais tu avais senti de l’alcool, alors tu n’y avais pas touché. L’eau remplissait ta bouche lorsqu’elle te faisait la liste de tout ce qu’elle avait préparé. Tu avais envie de manger, tout de suite maintenant. Tu posas tes fesses dans l’herbe, remarquant qu’elle faisait de même pour partager un nouvel instant avec toi. Dans ce soleil rempli de douceur, accompagnant son visage bienveillant.

Tu ne savais pas trop par quoi commencer, alors au hasard, tu jetas ton dévolu sur la boîte avec les boulettes. Tu adorais ça. Tu n’en mangeais pas souvent, juste quand tu allais sur des festivals avec Isuzu, alors qu’on t’en offre, alors que la jetée des lanternes s’était terminée dans un monde effrayant … Tu lui en étais vraiment reconnaissant. Tu en mis une dans ta bouche sans attendre, et détendit tes épaules. Juste avoir de la nourriture sur ta langue suffisait à te faire revivre. Tu étais aux anges.

« C’est … Super bon ! » Cela t’avait échappé. Comme lorsque ta cousine te faisait à manger, et que c’était si délicieux que tu ne pouvais t’empêcher de le dire. Là, c’était pareil. Kagome était une cuisinière de talent, pour réussir à te faire parler la bouche pleine. Tu pris le temps de finir ce que tu mâchouillais pour t’excuser de ton impolitesse. « Ah, désolé d’avoir parlé alors que je mangeais. En tout cas … Encore merci pour cette nourriture. On peut dire que tu me sauves la vie. » Cela rattrapait un peu le festival des lanternes que tu avais vécu ici, les mauvaises rencontres, et les mille questions qui se battaient encore comme des lions en cage dans ta tête. Tu étais un peu plus apaisé, mais tu te demandais pour combien de temps.

« Comment tu as fait pour t’habituer à cette vie ? Ça a du être assez brutal, non ? »

Alors que tu mangeais ce qu’on avait préparé spécialement pour toi, tu étais perdu dans tes pensées. Comment allais-tu faire pour vivre dans cette époque ? Comment faire face à ce monstre qui voulait ta mort ? Comment Isuzu avait réagi à ton absence ? Cela ne faisait même pas encore vingt-quatre heures que tu étais parti, mais tu t’inquiétais pour elle. Il n’y avait pas longtemps qu’elle acceptait de ressortir de chez elle, de voir le monde extérieur, de décider à se remettre sur pied après le décès de son compagnon. Tu n’avais pas envie de repenser à cela, alors tu fermas les yeux, l’espace d’un instant.

Tes joues rougirent lorsque tu te rendis compte que tu avais parlé la bouche pleine. Ton exclamation n’avait pas pu être réprimée tant le goût était agréable. Manger de la nourriture normale et humaine n’avait jamais été aussi appréciable que maintenant. Tu la regardais dans les yeux lorsqu’elle te racontait que son fiancé avait cette habitude lui aussi. Tu devinais aisément qu’il ne semblait pas avoir la même manière que toi … Un fiancé ? Tes yeux s’écarquillèrent à l’entente de cette révélation, et tu restas bouche bée.

Tu t’étais retenu de poser la question qui te chatouillait la langue, te contentant de goûter aux divers mets du panier. Compte tenu de son âge similaire au tien, et du fait qu’elle traînait dans le Japon Féodal plus qu’au Japon de 2021, tu te demandais de quel monde pouvait bien venir cet homme. Tu restas silencieux, profitant de la douce brise qui tentait de vider ton esprit.

Tu lui prêtas une oreille attentive lorsqu’elle répondit à ton interrogation. Donc son fiancé venait bien de ce Japon barbare … Tu n’étais pas certain de pouvoir t’y accommoder comme elle l’avait fait auparavant. Tu sentais au son de sa voix et à son expression faciale qu’elle en avait bavé, qu’elle en avait vu beaucoup mais elle semblait forte et pleine de vie. Elle avait du être plus forte qu’au départ pour supporter cette vie. Tu l’admirais en un sens. Tu ne te sentais pas aussi courageux qu’elle. Dés que tu le pourrais, tu prendrais tes jambes à ton cou pour rentrer chez toi.

C’était sûr et certain.

« Tu as l’air d’avoir vécu des trucs compliqués ici. Tu as été blessée, tu n’as pas souhaité rentrer chez toi ? T’enfuir de ce pays insensé pour retrouver ton confort et ta vie d’avant ? Qu’est-ce qui t’a fait rester … Quel moment t’a convaincue de continuer ? »

Tu ne comprenais pas, mais tu ne te fermais pas à son point de vue. Bien au contraire, c’était pour cette raison que tu lui posais des questions, tu n’hésitais pas, comme elle venait de te le suggérer.

Elle parlait d’une perle dont tu ne connaissais rien. Tu essayais de saisir le sens de ses propos, mais c’était difficile. Pour quelqu’un qui venait d’arriver ici, tu étais complètement perdu. Tu pris le temps de finir ta bouche, de boire de cette eau qu’elle avait glissé à tes côtés, pour ensuite lui demander des précisions. « C’était quoi cette perle au juste ? »

La vie peut être surprenante. Tout comme ton arrivée ici. Dans le fond de ce puits, qui pourtant aujourd’hui, est fermé. Tu ne sais pas pourquoi ni comment tu as été invoqué en ce monde, mais tu devais t’y faire. Peut-être que tu ne pourrais probablement jamais rentrer, et revoir ta cousine. Elle devra continuer sa route sans toi pour lui tenir la main.

Cette pensée t’arrache un frisson.
Une vague de tristesse que tu essaies de cacher.

Tu manges paisiblement la nourriture qu’elle t’a offert, la remerciant silencieusement pour ce repas. Tu ne sais pas si tu le mérites, mais tu ne cracherais pas dessus, tu ne le refuserais pas non plus. Tu as besoin de ça, pour au moins te sentir vivant. Existant, dans ce monde complètement fou, bercé dans le folklore. Tu ne sais pas comment réagir à tout cela, mais tu sais d’avance que tu devras t’y habituer.

Tu souhaites entendre son histoire, connaître ses ressentis à son arrivée ici. Dire qu’elle est bien naïve est un euphémisme. Elle souhaite apporter la paix et l’espoir dans le cœur des gens. Tu baisses la tête, fixes un brin d’herbe devant toi, qui virevolte au gré de la brise et t’enfermes quelques minutes dans un silence et des réflexions intenses.

Tu te demandes si les gens méritent une telle gentillesse. Tu as encore du mal à te rendre compte que tu n’es pas dans la même époque, mais l’humain a toujours été le même. Servant ses intérêts avant ceux des autres. Cette Kagome, est-elle différente ? Tu ne comprends pas sa mécanique de fonctionnement, parce que tu ne pourras jamais être ce genre de personne.

Ce monde a l’air égoïste, autant que celui de 2021. Comment peut-elle être envahie par des pensées aussi naïves ? Une façon bien simple de voir les choses. Cependant, tu ne peux empêcher une forme de respect se former à son égard. Elle semble avoir trouvé le but de sa vie, et ceci n’est pas chose aisée.

Toi, que comptes-tu faire de ta vie ?
Avant d’arriver ici, quel était-il ?

Tu n’en as aucune idée. Avant d’écouter Kagome, tu pensais que le but d’une existence était une recherche perpétuelle. Que trouver ce but ultime n’était finalement défini qu’à la fin d’une vie, en faisant le bilan. Tu es perdu dans tes pensées, soudainement, tu te figes. Tu as cessé de manger, tu es parti bien loin.

Tu remontes tes yeux sur elle, qui mange une pomme, avec son visage bienheureux. Tu es sceptique, mais elle n’a pas l’air capable de mentir. Tu as les sourcils froncés, comme à ton habitude, tu ne sais pas quoi répondre.

« Hm … Tu vas consacrer ta vie à aider les autres ? Tu ne penses pas à fonder une famille ? »