♪ Lignée au service de la princesse
Depuis des temps immémoriaux, dans la Province de Kai, divers Clans de Prêtresses ont prêtés allégeance à la Kami du Mont-Fuji, des volcans et Princesse des Floraisons - "Konohanasakuya-hime". Chaque Clan avait la particularité de porter le nom d'une fleur. Il y avait le Clan Sakura, le Clan Tsubaki, le Clan Botan, le Clan Renge et bien d'autres. Et le Clan Higanbana en faisant évidemment parti. Chacun se devait de respecter religieusement les préceptes donnés par la Princesse des cerisiers.
Tous les Clans devaient vivre à-même au pied du Mont-Fuji, qu'importe les circonstances et les saisons. Les seuls qui pouvaient sortir étaient les hommes des Clans, ces derniers ne servant qu'à remplir les stocks de nourritures, d'eau, de bois et bien d'autres ressources. Dans les faits, aucun homme ne pouvait servir la Kami, leur refusant ainsi toute possibilité de formation pour être Prêtre ou Moine. Leur rôle se limitant donc à faire le lien avec le monde extérieur au village, mais aussi à bâtir celui-ci et le maintenir. Leur participation dans leurs Clans respectifs n'étaient que manuel...
... Ou reproducteur. Car si un homme venait à être père d'une fille, alors on pouvait lui accorder un souhait. Cela peut être un rang dans leur propre Clan, la possibilité d'outrepasser l'interdiction d'apprendre à manipuler l'énergie spirituelle ou encore la liberté de quitter définitivement le village sans être puni par Konohanasakuya-hime. Il y avait bien d'autres règles et interdictions pour les fidèles de la Princesse, même pour les femmes.
Et c'est dans cette frustration et cette lassitude des règles que vint la séparation des Higanbana avec le reste des Clans. Pendant des générations, le Clan a connu divers injustices - moins puissant que les autres, moins prestigieux que les autres, mais surtout un acharnement du destin. Plusieurs branches de familles disparaissaient peu à peu, réduisant considérablement le nombre des membres. La raison ?
De moins en moins de filles venaient à naître dans leurs rangs.
Et plus ce détail se faisait remarquer et moins les autres Clans étaient enclin à former des unions avec eux. La plupart des Higanbana, désemparés par leur misère, ont fini par périr dans divers circonstances. Par vieillesse, sans avoir la moindre descendance. Par chagrin, à force d'être rejeté et rabaissé plus bas que terre. Par maladie, puni par leur Déesse ou juste par non désir des autres Clans à prodiguer des soins. Par désespoir, mettant fin à leur vie dans leur demeure ou dans la forêt d'Aokigahara, qui entoure le village et le Mont Fuji. Et lorsque que ce n'était pas la mort qui s'abattait sur eux, c'était les maléfices. Maudits étaient ceux qui voulaient que le système change. Maudits étaient ceux qui cherchaient à fuir le village. Et pourtant... C'est maudit que le peu qui restait du Clan Higanbana a décidé de se défaire définitivement de tous liens et de partir.
Désespérés, ils étaient.
Maudits, ils sont.
Libres, ils seront.
Et ce même si les chemins qu'ils devront prendre doivent être aussi sinistre et sombre que pourrait être un voyage dans le Yomi.
♪ Sombre espoir naissant
Tu es née dans la nuit du 3 Mars 1524, pratiquement 3 siècles après la séparation du Clan Higanbana au culte voué à Konohanasakuya-hime. Tu n'as jamais eu le temps de ressentir l'étreinte affectueuse d'une mère, ressentir sa chaleur et son amour. Tu as à peine pu relâcher tes premiers cris et recevoir ton premier bain que tu as déjà été coupée de toute possibilité de connaître celle qui t'as mise au monde. Tu n'étais qu'un nourrisson et pourtant la mort était déjà à ta porte, sous la figure d'un homme dans le début de la vingtaine. Tuant de son simple passage les deux sages-femmes chargées de te mettre au monde, mais aussi ta mère qui se remettait encore de la lourde épreuve qu'était de donner la vie. L'homme s'était dirigé jusqu'à toi, indifférent des vies qu'il venait de prendre.
Une chevelure foncée, aux reflets violets. Un regard ennuyé aux couleurs de l'améthyste. Des traits fins et raffinés. Nulle doute que lorsqu'on connaît tes traits futurs, qu'il est aisé de deviner qui il est pour toi. D'ailleurs, lorsque celui-ci finit par être à ton niveau, son expression indifférente se change en une mine surprise. Il observait le tissu qui te recouvre, celui donné pour envelopper les filles à la naissance. Sans hésitation, il vérifie brièvement si ce qu'il voit est bien la vérité. Puis sa stupeur se change en enthousiasme alors qu'il te recouvre à nouveau de ton drap et te prend dans ses bras avec entrain. Il rit, il s'émerveille de ta présence dans ses bras avant de dire d'un ton amusé : "Rêve et espoir... Hé hé, je ne pensais pas ressentir à nouveau ce genre de choses. N'es-tu pas une belle petite chose ?"
Dit-il en te tapotant le bout du nez, alors que tu gigotes de mécontentement à ce geste. Il ricane à nouveau, avant de sembler se rappeler de quelque chose. Il regarde les alentours, avant de reprendre : "Mh... J'aurais peut-être dû attendre un peu avant de les tuer, mais il faut me comprendre... Je ne pensais pas faire face à un tel miracle. Ah... Je vais devoir me débrouiller j'imagine. Je ne sais même pas si cette femme que j'avais engrossé a pu te nommer... Bah, je le ferais dans ce cas. Et pour une chose aussi précieuse et belle que toi... J'ai un nom tout trouvé pour toi, ma jolie."
Emi, celle bénie par la beauté.
♪ D'enfant à Sorcière
Ainsi, tu as grandi aux côtés de cet homme étrange qu'est ton père. Un homme excentrique, avec des sautes d'humeur assez fréquentes. Un individu qui se plaint pour tout, mais semble s'amuser avec presque rien. Une personne avec des mœurs et une vision des choses très discutables, mais ça malheureusement, ce n'est pas quelque chose que tu as réellement conscience. Tout ce qui est bien, tout ce qui est mal, c'est lui qui te l'a appris après tout. Et cela ne s'arrête pas à ces simples notions.
Par exemple, il t'a appris que dans ta relation avec lui, il n'y avait aucun amour - juste des espoirs et des attentes. Ainsi, tu as assimilé que ses sourires qu'il t'a offerts, ses étreintes à des moments lourds ou des instant de vide, ses caresses dans ta chevelure, ses encouragements et ses félicitations lorsqu'il t'apprend les arts spirituels, sa présence à tes côtés lorsque tes nuits sont assaillis de sombres pensées ou cauchemars...
...Tout ça n'était donc pas de l'amour ou l'affection.
C'est ainsi que tu as compris les choses et des maladresses comme ça, tu en as assimilé énormément avec l'énergumène qui t'a éduqué. Mais pourtant, malgré tout ça... Il y avait encore bien trop de choses qui t'étaient inconnues dans ce monde. Tu ne comprenais pas pourquoi les gens portaient autant d'importance à ton apparence, même ton père en faisait parti. Et tu comprenais encore moins pourquoi ils finissaient par s'éloigner de toi comme de la peste. Oui, tu avais rendu quelqu'un gravement malade par accident après qu'il t'ait bousculé, mais ton père t'avait dit que ce n'était pas grave et que c'était même une bonne chose. Tu ne comprenais pas, tout se mélangeait. Tantôt on te reprochait tes capacités, tantôt on leur faisait des louanges. Et à force... Tu finis juste par oublier.
Oublier tout ce qui trouble ton esprit.
Oublier ce qui est bien, oublier ce qui est mal.
Oublier ceux qui t'ont aimé, oublier ceux qui t'ont haï.
Au début aux yeux des gens, tu étais une étrange, mais adorable enfant, accompagnée par son étrange, mais charmant père. Puis avec les années, au fil que tu apprends à utiliser tes pouvoirs spirituels, au fil que tu les utilises par accidents, au fil que tu apportes malchance, échec, maladie et autres négativités... Leurs visions ont changés. Entre toi qui apportait le malheur, et ton père qui semblait s'en amuser de ce malheur que tu causais.
Tu étais devenue une sorcière pour eux.
Et en sorcière, tu serais punie.
♪ Forcée en exile
C'était à tes 16 ans que tu t'étais retrouvé dans cette barque, à dériver le long du lac Shinji. Le corps meurtri des coups donnés par les habitants en colère. Les frappes qui ont été portées au niveau de ta tête ne font que les rendre les événements encore plus trouble dans ton esprit. Tu te souviens que des gens étaient rentrés en force dans la maison où tu vivais avec ton père. Des pas de courses se faire dans toute la demeure. Des personnes pénétrer dans ta chambre et t'en sortir de force en te prenant les cheveux.
Puis un passage à tabac, une fois que tu as été traînée jusqu'à la rue menant à chez toi. Il y avait des gens que tu avais maudis, des proches de ceux que tu avais maudis, et des personnes qui étaient juste là pour profiter du spectacle ou y participer sans raison particulière. Tu te souviens de la douleur des coups, de la sensation de ton corps et de ton esprit qui s'envolaient au fil des frappes. Il te semble avoir entendu des personnes pester sur le fait que ton père était nulle part. Puis le noir complet.
Tu t'étais réveillée quelques heures plus tard, dans cette fameuse barque. Et malgré la faible brume qui recouvrait encore la surface du lac, tu pouvais voir que le ciel prenait petit à petit les couleurs du matin. Tu n'as pris conscience de tout ça qu'à la suite d'un impact - celle de l'embarcation qui se heurte à quelques choses. Par réflexes du choc, tu t'étais relevée en position assise - malgré les multiples douleurs que tu ressentais.
Tu faisais face au lac, et dos à toi se tenait une île.
Brusquement, la barque s'enfonce un peu pour prendre la forme de la terre qui s'abaisse pour se mettre au niveau de l'eau. Tu vois que depuis tout à l'heure, l'embarcation en bois se remplissait petit à petit d'eau, l'alourdissant jusqu'à en couler. Jusqu'à te faire couler avec lui. Ne remarquant que maintenant tes habits de nuit, trempés par l'eau qui s'est accumulé, mais aussi tâché de ton sang versé dans la soirée. Par instinct, tu t'extirpes douloureusement de la barque pour finir au sol et du peu de force qui te reste tu rampes jusqu'à ce que tu te sentes en sécurité.
Et dire que cette île deviendra ton sanctuaire.
♪ Kozakai-cho
Te remettre sur pieds a été quelque chose de très long à réaliser, et même maintenant tu en gardes encore des séquelles. Ton corps a mal guérit des coups, te rendant plutôt fragile, mais surtout avec une mémoire défaillante. Tu avais déjà tendance à oublier certaines choses, mais depuis ces divers coups à la tête... Cela n'est qu'encore plus présent qu'auparavant. Tes souvenirs des premiers jours sur l'île sont troubles. Tu te souviens avoir rampé, rampé jusqu'à trouver un endroit sûr. Tu as une vague image d'un Honden couvert par la végétation, ainsi qu'un autel s'y trouvant à côté.
Tu te rappelles d'avoir malgré tout, par respect, présenté tes excuses du dérangement occasionné et tes remerciements pour l'hospitalité, pour finir par t'écrouler de fatigue à même le sol de la bâtisse et t'endormir pour un sommeil réparateur. Après ça, tu as des souvenirs où tu te reposes, où tu observes les lieux, où tu utilises un peu de tes forces pour créer un Shikigami pour t'aider à trouver de quoi te soigner et de quoi manger.
Les débuts ont été durs, un rétablissement total de plusieurs semaines, voir mois. Mais une fois que tu as commencé à te sentir assez solide pour te déplacer, tu as fais de ton mieux pour remettre en ordre l'endroit. Faire petit à petit le ménage dans la bâtisse - dépoussiérer la pièce, ranger ce qui n'est pas à sa place et redonner vie à ce qui était cassé, laver le moindre tissus avec l'eau du lac et quelques plantes présentes sur l'île. Mais ton attention ne se limitait pas qu'à la demeure, tu as évidemment aussi pris soin de nettoyer l'autel qui se trouvait à côté de la bâtisse et d'y laisser régulièrement des offrandes. Tu ne savais pas si cela été vraiment utile, s'il y avait toujours une divinité à prier ici, mais tu y tenais. Car tu étais reconnaissante de ne pas avoir coulé, d'être tombée sur cette île, d'avoir un toit et avec de quoi manger - même si ce n'est clairement pas assez nutritif, il faut se l'avouer. Mais juste vivre avec ça te suffit en réalité.
Et pourtant, tes prières semblent avoir été entendues autrement.
Car après chacune de tes offrandes hebdomadaires, le lendemain, tu retrouvais constamment une barque échouée exactement à l'endroit où tu avais atterri pour la première fois. Celle-ci contenant constamment quelque chose pour te mettre le plus confortable possible sur cette île : comme des graines à planter (pour des féculents , des fruits, des légumes, des herbes en tout genre ou plus simplement des fleurs), de la viande enroulée dans un tissu ou encore du poisson, des habits neufs et à ta taille, de objets du quotidien ou même des objets qui t'ont appartenus. Tu aurais pu croire à une coïncidence, un accident ou peut-être même à ton père, mais le timing avec les offrandes et le fait que la barque repartait d'elle-même à chaque fois que tu récupérais les colis en question...
Cela te semblait clairement être une forme de bénédiction.
Ou du moins cela ressemble aux récits que te racontait ton père. Lorsqu'il te contait diverses histoires sur la Kami du Mont-Fuji et sur ce qu'elle pouvait faire et offrir pour les personnes les plus fidèles et serviables pour elle.
Est-ce que c'était aussi ton cas ici ?
Tu n'as jamais cherché à savoir ce que la divinité te voulait, ce qu'il attendait de toi. Préférant vivre ta existence comme tu le sens, tout payant tes respects habituels et voir si cela se suffisait à lui-même. Tu as appris à vivre de par toi-même, en entretenant la maison régulièrement, en cuisinant sans trop savoir, en t'entraînant à ton énergie spirituelle sans l'aide de ton père, en te découvrant des hobbys. Tu as aussi fait de ton mieux pour faire vivre cette île, en y faisait des cultures dans un coin de l'île, mais surtout en parsemant le terrain de fleurs. Que ce soit ceux des graines de ton protecteur que ceux que tu crées avec tes pouvoirs spirituels.
Plus le temps a passé, plus tu as posé tes marques. Et une fois que tu étais suffisamment à l'aise, tu as tenté certaines choses vis-à-vis de tes offrandes. Tu donnais toujours un fruit ou quelque chose que tu as cuisiné, tu voulais voir si tu ne pouvais pas un peu diversifier, mais pas que. Bien que tu ne cherchais pas à savoir exactement ce que ce Kami te voulait, enfin savoir à qui tu avais affaire ne serait pas stupide. Ainsi, tu as commencé à parler à l'autel durant tes offrandes. Posant des questions en tout genre : qui il était, est-ce que l'offrande était à son goût ou s'il préférait autre chose pour changer, etc. Mais jamais tu ne questionnais ses objectifs.
Et à chaque fois, en plus des colis habituels, tu as commencé à avoir des parchemins avec des réponses écrites. Ton protecteur est Kozakai-cho, le Kami des boissons. Bien qu'il n'y a beaucoup de choses à redire quand ce sont des plats que tu as cuisiné - le palais divin sera difficilement satisfait d'un tel niveau après tout, cela l'amuse beaucoup de te voir te démener pour cuisiner chaque plat ou de ne pas comprendre des ustensiles ou des ingrédients. Mais en soi, qu'il ne dirait pas non à quelqu'un pour l'accompagner spirituellement dans ces beuveries durant les pleines lunes.
Tu n'avais jamais touché à l'alcool auparavant, mais tu l'avais fait suite à cette demande. Te posant vers le rivage à la pleine lune à venir, aux côtés d'une barque avec une boîte en bois contenant un verre et une bouteille de saké. Et ainsi cette habitude cette faite, alors que pourtant, tu ne l'avais pas fait par plaisir au début. Tu voulais simplement voir jusqu'où pouvait aller les faveurs de cette divinité Une curiosité mal placée en soi. Mais au fil des rendez-vous, à observer une lune ronde, avec un verre d'alcool à la main. Et le fait de savoir que ton protecteur en faisait de même... Te procurait une satisfaction étrange. Mais tu ne dois pas te faire d'illusion, comme l'a dit ton père, ce genre de sentiment n'est pas de l'amour ou de l'affection. Juste des espoirs et des attentes. Car une fois qu'il n'attendra plus rien de ta part...
...Tu ne lui seras plus d'aucune utilité.
Donc tu profites de ces instants présents...
♪ La Sorcière des Fleurs
Tu as vécu plus de 10 ans sur cette île, à la construire et à la peaufiner pour en faire ton petit coin de paradis. Le bout de terre totalement laissé dans l'abandon et l'oubli, dissimulé dans la brume constante du lac, était devenu ton sanctuaire. L'endroit est radieux et visible de tous. Personne ne peut louper cette étrange île perdue en pleins milieu du lac Shinji, ni le fait que le lieu semble entièrement en fleurs - même dans les saisons les plus rudes et les plus froides. Cela a commencé à faire courir certains bruits, à l'aspect de simples rumeurs pour certains et à l'allure de légendes pour d'autres.
On parle d'une île constamment en fleurs.
On parle d'une femme d'une grande beauté y vivant.
Mais on parle aussi d'un lieu de non-retour.
Ce qui en soi, tu ne peux pas vraiment le nier. Chaque être humain venu sur cette île, hormis toi, n'a jamais pu en partir en vie. À chaque fois, le mauvais destin semblait les frapper. Tantôt la mort venait les emporter et les guider sur le chemin du Yomi, tantôt il se volatilisait totalement - leur embarcation toujours sur le rivage. Combien de gens sont venus suite aux bruits qui couraient ? Combien de gens ont fait éloge de ton apparence en te voyant ? Combien de gens ont parlé d'une simple relation ou même d'un possible amour ? Trop pour que tu ne puisses vraiment t'en souvenir.
Mais heureusement, leurs morts ne seront jamais sans finalité. Tu feras le nécessaire pour la sérénité de leur âme, pour finalement offrir leur corps une seconde vie. Chaque mort servant à rendre encore plus riche le sol sur lequel les fleurs s'épanouissent de toute beauté. Tu n'as rien pu faire pour eux de leur vivant en tant qu'humains, mais tu es capable de prendre grandement soin d'eux après leur mort en tant que plantes. Après tout...
Le Lycoris rouge n'est pas la fleur de l'au-delà pour rien.
♪ Une impression de bonheur
Tu vis tranquillement ton existence, à cultiver la vie et cultiver des vivres. Tu accueilles toujours les personnes venant sur ton île pour finalement les enterrer avec respect. Tu protèges l'île des Yôkai avide de ton énergie spirituel, et finissant souvent par simplement les sceller dans ton Wakizashi.
Une vie simple. Une vie éloignée du reste.
Une vie vide en soi. Vide de relation, vide d'émotion.
Il n'est pas rare que tu regardes le rivage, en rêve d'extérieur. Mais le manque de courage te perd, et les souvenirs du passé te reviennent. Tu es en sécurité ici, tu n'as pas à partir d'ici. Après tout, tu as tout ce dont tu as besoin non ? Oui et non, tu as tout ce qu'il te faut pour survivre... Mais pas ce qu'il faut pour vivre. Car malgré ta peur de l'extérieur, tu restes avide de rencontres, avides de contacts, avide d'échanges, avide de sentiments.
Tu peux être vaniteuse et rêver d'amour et d'affection.
Mais tu peux aussi te contenter d'espoir et d'attente.
Qu'importe.
L'incident de la Perle Shikon n'a pas aidé, éveillant ta curiosité sur ce qui se passe en dehors de ton îlot. Néanmoins, cela a aussi bien chamboulé ton quotidien durant la précédente année. Entre les attaques de Yôkai se faisant plus fréquents. Les personnes qui venaient sur l'île, ignares des rumeurs à son sujet, certains que les fleurs étaient le fruit d'un fragment de la Perle. Il y avait aussi l'inquiétude de ton Kami protecteur à ce sujet, aussi bien sur ta sécurité avec les événements, que par ton désir naissant de connaître à nouveau l'extérieur. Pourtant à cela, une fois que toute cette histoire avec la Perle s'est calmée, il s'est contenté de te laisser un jour pour message :
Enfant du Lycoris Rouge, ce serait volontiers de te donner le moyen de quitter cette île que tu as fais vivre, mais uniquement si ton désir et ton courage pour le faire ne flanchent pas avant le lendemain de ta requête.
Et actuellement, tu as toujours flanché...
À quand un désir qui ne s'éteint pas comme la flamme d'une bougie ?
À quand un courage qui ne virevolte pas au gré du vent telle une feuille ?
Tu ne sais pas. Mais tu espères et tu attends.