weil kuro // new adventure

Tu es là, debout, dans cette espace étrange, à regarder autour de toi. Tu ne sais pas ce que tu fais là. Tes yeux fixent la silhouette de cet homme, incapable de voir son visage. Il est immense, son ombre donne l’impression qu’il va te dévorer d’une minute à l’autre. Tu es effrayé. Tes petites jambes frêles tremblent, tu perds le peu de force qu’il te reste. Ton corps refuse de bouger.

Tu perçois le son de reniflements pas loin de toi, et naturellement, tu diriges ton attention vers la source du bruit. Il s’agit d’un autre enfant, un peu plus grand et âgé que toi, que tu connais très bien. Ton ami. Tu ne comprends pas la situation, c’est la première fois que tu te trouves dans cet endroit. Que dois-tu faire ?

[…]

Il te pourchasse, avec un petit couteau entre les doigts. Tu essaies de sauver ta peau, de courir, mais l’espace n’est pas assez grand. Tu ne peux te cacher nulle part. Les larmes ne cessent de couler sur tes joues, alors que tu supplies pour qu’il te laisse tranquille. Tu te demandes pourquoi il veut te faire du mal.

Tu entends des rires dans la salle. Ton cœur bat jusqu’à tes tempes, tes joues sont rouges, tu as du mal à respirer. Le garçon s’avance vers toi et te pousse. Tu tombes au sol, tes mains essaient d’encaisser le choc râpant les cailloux avec violence. Tu pousses un hurlement mais te retournes rapidement vers cet ami. Avec qui tu avais passé de nombreuses heures dans ces petites cages sales.

Tu le supplies de ne pas approcher, de ne pas te faire du mal, de te laisser tranquille, tes deux mains ensanglantées en avant. Tu as terriblement peur, tu ne veux pas mourir. Tu es si épuisé que tu ne réussis plus à voir correctement, mais tu as cette étrange chaleur qui monte doucement dans ton corps.

Le garçon se positionne sur toi, et lève son couteau. Son regard semble différent, comme s’il ne te connaissait pas, comme s’il se fichait de toi. Tu comprends que ta fin approche mais tu refuses de crever de cette façon, sans te défendre, sans te battre. Tu serres le poing et lui balances dans la figure, sans qu’il ne s’y attende.

Une énergie étrange émane de ton corps, provoquant le recul de ton prétendu ami. Il vacille et peine à retrouver un équilibre correct, il te regarde sans comprendre ce qu’il se passe. Une colère sourde t’envahit et tu fonces sur lui. Tu frappes encore et encore, sans t’arrêter …

« I’m sorry. »

Tes yeux s’ouvrent. Ton corps entier frissonne, couvert d’une pellicule de sueur. Tu fixes le vide quelques instants, contrôlant du mieux que tu peux ta respiration frénétique. Tu passes ta main tremblante sur ta nuque, fermant tes paupières pour te ressaisir.

Ce foutu cauchemar …

Ton premier meurtre.
Ton premier combat d’arène.
L’éveil de ton pouvoir spirituel.

_________________

Les larmes roulent sur tes joues, mais ta voix est muette. Aucun sanglot ne franchit la barrière de tes lèvres, et pourtant, tu aimerais hurler. Cependant, tu sais qu'ils n'aiment pas ça, que si tu le fais, ta situation sera pire. Tu ne sais plus combien de fois tu t'es retrouvé allongé sur cette table en bois. Comme à ton habitude, tes mains sont fermement accrochées aux rebords. Tu ne peux rien faire, tu es attaché. Tu n'as aucun moyen de t'échapper.

La pièce est plutôt sale, éclairée par quelques bougies murales çà et là. Tu ne peux pas voir grand chose, tu te contentes de fixer le plafond comme ton unique porte de sortie. Tu entends la porte s'ouvrir, des pas s'approcher, tu fermes les yeux attendant cet instant où ils te feront volontairement du mal. Cependant des discussions s'élèvent. Tu ne comprends pas tout ce qu'ils disent : "faible", "survivre", "en finir".

Une sueur froide te parcourt. Parlent-ils de toi ? Tu ne sais pas. Tu ouvres les yeux malgré toi et tournes la tête vers eux. Il y a une autre table un peu plus loin, avec une maigre silhouette. Elle ne semble même plus bouger, tu te demandes de qui il s'agit cette fois. Un adulte ? Ou un autre enfant comme toi ?

Ton cas semble plus important. Les sourires sur leur visage démontrent qu'ils sont impatients de commencer, parce que tu es prometteur. Tu réagis bien aux injections, aux blessures qu'il t'infligent. Tu es résistant, et tu ne cries pas avant qu'ils commencent. Une main se pose sur le haut de ta tête pour la tapoter avec un semblant de douceur.

Puis tu sens l'aiguille plonger dans ton bras.
Une aiguille énorme.
Sale.

Tu serres les dents. Ton visage se déforme par la douleur. Tu brûles de l'intérieur. Tu peux sentir ta peau fondre à certains endroits. Sur ton visage, sur ton ventre, sur tes doigts. Tu souffres, c'est horrible, tu veux juste mourir. Tu n'en peux plus. Une fièvre te gagne peu à peu. Alors que tes hurlements emplissent la pièce d'une ambiance macabre.

Tu veux que tout s'arrête.
Tu veux être faible.
Pour qu'on mette fin à cette douleur insoutenable.

Un visage se penche sur toi. Tu ne le vois qu'à peine, tes yeux envahis par les larmes. Un sourire malsain. Des yeux effrayants. Il te murmure quelque chose à l'oreille.

Un hurlement fend la nuit. Dans un état second, tu sors de ton lit, de ta chambre, de ta maisonnette. Tu marches et marches encore. Des pas frénétiques, rapides, maladroits. Tu finis par tomber. Pitoyablement. Mais tu te relèves tant bien que mal, chancelant. Il n'y a qu'une personne qui puisse t'aider. Qui soit en mesure de te calmer. Qui comprenne. Bien avant d'avoir la force de frapper à sa porte, tu tombes à genoux. Incapable de vraiment te réveiller de ce cauchemar. Tu poses tes mains sur ton visage. Tes yeux sont écarquillés au maximum mais tu ne vois rien.

Et finalement, une lumière surgit.
Tu t'entends sangloter comme un enfant.
Tu sens de nombreux regards sur ta personne.
La peur s'immisce en toi à une vitesse fulgurante.

Mais ses bras entourent ton petit corps tremblant.
Et sans contrôler quoi que ce soit, sans être capable de lutter, tu te laisses submerger.
Jusqu'à l'évanouissement.

___________________

Où es-tu ?
Que fais-tu ici ?
La lumière te brûle les yeux.

Tu entends des pas approcher de ta position. Tu regardes un peu partout dans cette pièce lumineuse. Tu n'as aucun lien. Rien ne te retient, tu peux te cacher, laisser parler ton instinct. Comme un animal sauvage, tu paniques, ton rythme cardiaque s'accélère. Sans attendre une seconde de plus, tu passes par la fenêtre la plus proche, tout en restant discret.

Tu ne sais pas qui sont ces gens, pourquoi ils t'ont emmené avec eux. Tu veux retourner dans cette petite cage, parce que tu connais cet endroit. Tu sais que Akai est là-bas aussi. Tu trébuches mais parviens de justesse à ne pas tomber. Il y a des personnes partout, ils te fixent comme si tu étais une bête de foire. Ils te regardent comme ils le faisaient dans l'arène. Ils sont pareils. Ce sont les mêmes.

Les larmes montent. Tu essaies de les retenir tout fuyant tu ne sais où. Akai. Tu dois le retrouver. Tu dois aller le chercher. Dans ta confusion, tu entends ton prénom. Kuro. Kuro, que fais-tu ? Tu relèves les yeux et le seul visage que tu connais ici t'apparaît comme un miracle. Tu serres les poings, incapable de retenir tes larmes plus longtemps. Tu les laisses dévaler tes joues.
__

Kuro, nous voulons simplement t'aider, tu n'as pas à avoir peur. Je ne sais pas tout ce que vous avez vécu là-bas ... Mais tu sais, je suis heureuse que tu sois ici, avec nous, maintenant.

Sa voix douce ne parvient pas entièrement à t'apaiser, mais l'écouter te permet de rester concentré sur quelque chose. Ton esprit ne se disperse pas. Tu es attentif et elle le sent.

Est-ce que je peux regarder tes blessures ? Si tu ne veux pas, on le fera un autre jour, d'accord ?

Tu baisses les yeux, sans répondre.

Très bien. Est-ce que tu veux bien discuter avec moi ?

Ton attention est de nouveau captée, même si tu ne réponds toujours pas. Cette femme, elle ressemble à ta maman. Elle parle doucement comme elle, et sa voix n'est pas agressive. Elle est rassurante. Elle commence à te raconter des souvenirs à elle, des événements marquants de sa vie, des doux, des joyeux. Le genre que tu ne possèdes pas (encore). Tu l'écoutes, pendant plusieurs heures. Pendant ce temps, elle est parvenue à soigner tes blessures, à regarder tes marques étranges causées par les expériences.

Tu jurerais qu'elle a retenu ses larmes plusieurs fois.

Kuro, tu es dans notre grande famille à présent. Aujourd'hui, tu n'as plus rien à craindre.

Perché dans un arbre, tu ouvres doucement les yeux. Pour une fois, ce n'est pas un cauchemar qui a cueilli tes songes, mais plutôt le souvenir de ton arrivée ici, à Nihonmatsu. Tu n'aurais jamais pensé t'y faire. Pourtant, tu es encore là aujourd'hui. On te donne environ 17 ans. Ton prénom, Kuro, tu ne le détestes plus tant que ça. Avant tu n'aimais pas l'entendre parce que des Yôkai te l'ont donné. Mais, avec le temps, avec ces personnes de Nihonmatsu, tu as appris à l'apprécier.

Kuro, tu descends ? On va bientôt manger.

Tu lui adresses un sourire. Elle te regarde un peu surprise par la tendresse que tu lui adresses tout à coup. Elle finit par te faire une grimace et s'en aller en ricanant. Tu descends bien rapidement pour la suivre. Le ciel est dégagé, il fait beau aujourd'hui !

1539 5 ans. Enlèvement d’un bateau en provenance d’un Pays Européen. Des hommes, femmes et enfants disparaissent sans laisser de traces. La famille Weil en fait partie. Les Yôkai (kidnappeurs) divisent les gens : les hommes pour s’en nourrir, les femmes pour le plaisir, les enfants pour le divertissement.

1540 6 ans. Tous les gosses subissent diverses expériences.

1542 8 ans. Des combats d’arène sont organisés avec les enfants qui ont subi des expériences. Certains sont devenus fous, d’autres ont connu des changements physiques. Et beaucoup d’autres sont morts. Kuro fait partie de ceux qui ont changé physiquement.

1543 9 ans. Kuro est jeté dans l’arène sans explications. Il est confronté à l’un de ses amis. Son pouvoir spirituel s’éveille, lui permettant de prendre le dessus et de tuer son adversaire. Il en est profondément marqué et traumatisé.

1545 11 ans. Kuro prépare des plans avec l’un de ses amis.

1546 12 ans. Kuro et son ami se retrouvent dans l’arène pour s’entretuer. Au lieu de cela, ils ne font rien et se contentent d’attendre. Ils font perdre beaucoup d’argent aux Yôkai et sont punis ; enfermés loin l’un de l’autre pendant un mois complet, dans le noir, sans aucune visite, subissant diverses tortures.

1547 13 ans. Un groupe d’Exterminateurs (Clan Nihonmatsu) envahissent l’île de Sado et délivrent les dernières victimes qu’il reste. Cependant, beaucoup de Yôkai s’enfuient, et le trafic n’est pas démantelé.

Kuro et son ami sont récupérés par le Clan Nihonmatsu. Kuro est pris en charge par l’Exorciste du clan, afin de l’aider à contrôler son Reiryoku.

1551 17 ans. Kuro essaie de vivre sa vie, malgré son passé troublé.