Guérir le corps et l'esprit (feat. Hojo Sigure)

|	Mai 1551, campagne de Shinano ; Wataru Kagerou & Hojo Sigure

L'horizon verdoyant s'étire par-delà les cieux et une douce brise printanière vient caresser ce délicat drap d'émeraude. L'astre solaire domine, Amateratsu, reine céleste veillant d'un regard bienveillant sur le royaume terrestre, il n'y a nul doute possible. Et le printemps s'installe, saison de la renaissance au coeur des campagnes de Yamato. La vie s'éveille d'un long sommeil, conclusion d'une léthargie si familière, tandis que ses doigts caressent, avec une certaine tendresse, le sol fertile de la forêt, nul doute que le cycle de la vie reprend son rythme ascendant, vers le zénith annuel. Le cycle des saisons demeurent, tout comme la course du temps à travers l'univers, réalité immuable bien présent en toute chose. Esprit vagabond, l'espace de quelques instants tandis qu'un doux rictus vient se tracer sur ses fines lèvres, le regard vif qui s'égare par delà les frontières de la réalité, se permettant quelques rêveries rompant l'assiduité de sa quête actuelle. Tandis que ses pupilles se ferment, quelques instants, projetant au-delà de leurs habitudes ses autres sens, le toucher devient plus intense et la douce brise tempéré se transformerait presque en terrifiante bourrasque, tandis que le bruissement des feuilles devient chant délicat.

Un soupir vient se faufiler entre ses lèvres, bien conscient de la distraction qui l'habite. Lui, qui s'était laissé emporté par les dire de quelques colporteurs, en quête d'une abondance de plante, regroupement idéal pour tout herboriste, aux alentours du visage. La réalité semblait toute autre pourtant, malgré la vie foisonnante de ces bois. Rares étaient les ingrédients tant désirés. Et cet élan d'enthousiaste fut aussi fugace que la douceur d'une caresse sur la peau. Il commençait quelque peu à perdre espoir, lui qui fut pourtant envahit d'un tel entrain quelques heures auparavant. Un second soupir, cette fois plus las, se faufila une nouvelle fois entre ses lèvres, suivi de quelques mots.

<< Quelle cruauté, Kami Sukuna-biko-sama. Pourquoi m'interdire l'accès à un de vos sanctuaire sauvage, moi, un de vos fidèles... A moins d'avoir été trompé par la malice d'un Yokai. >>

Il marqua une pause, pensée parasite qui berce une fantaisie volatile. Avant de ricaner légèrement et de retourner à sa quête, plongeant à nouveau sa tête dans une fourré sauvage. Aucune chance, qu'elle serait l'intérêt d'une telle farce après tout ? Une nouvelle fois, l'esprit tente de s'égarer, mais dans un élan de volonté, la passion du moine pour sa quête, aussi simplette que puéril le ramène à la réalité. Bien décidé de partir les mains pleines... Ou alors, avec une seule plante. Cela suffirait à remplir sa besace, bien qu'elle serait très loin de déborder, il le savait parfaitement.

Et d'un point de vue extérieur, la scène semblait absurde. Un unique fessier, bien relever, qui dépasse d'un buisson, tandis que celui-ci s'agite par les recherches frénétiques d'un vagabond, bercer par quelques murmures presque incompréhensibles. Rien de plus ridicules, jusqu'à ce que bondisse le reste du corps hors de sa cachette, s'exclamant, sans retenir sa joie.

<< Enfin ! Une racine de Ginseng, c'est parfait ! Sukana-biko-sama, je vous remercie pour votre générosité ! >>

Il conclu par une prière, joignant ses mains et baissant la tête en signe de respect envers les cieux sacrés. Du moins, jusqu'à ce qu'il remarque une présence, non loin, du coin de l'oeil. Immédiatement, il relève et tourne la tête vers la présence inconnue, un sourire radieux éclaire son visage, marqué d'une certaine satisfaction d'être parvenu à son objectif. Une bouille décorée, aussi, par de nombreuses brindilles qui s'entremêlent à l'ébène de sa chevelure désordonnée.