Hinata 日向

Quelque part dans une forêt

Musique d'ambiance

« Hinata, tiens bon !! S'il te plais... Ne m'abandonne pas toi aussi ! Tu m'entends ?? Je t'interdis de- »

Cette femme était complètement en panique. ça te faisait de la peine de l'entendre aussi bouleversée... Hinata ?... C'était... ton nom. Et cette voix au visage effacé tentait le tout pour le tout, accompagné d'un homme ayant l'air beaucoup moins atteint.

« Il faudrait un miracle, tu sais bien qu-
- Alors fais-le !! Je ne veux rien savoir, sauve cet enfant !! »


~_~_~_~_~_


Un jeune homme avec des traits bien particuliers se prélassait dans une clairière, baignée de soleil et traversée par un ruisseau. Cette personne allongée à même le sol, confortablement blottit dans l'herbe accueillante, c’était toi, sans aucun doute. Un être surnaturel, aussi pâle qu'un nuage, avec de longs cheveux et un regard bicolore.

« Hm... Ah, tu t'es blessé ?...»

Enroulé dans une cape que tu t’étais toi-même confectionné, tes pensées virevoltaient jusqu'à ce qu'un petit lapin aussi blanc que toi ne vienne vers toi en boitillant, son pelage rougeoyant au niveau de l'une de ses pattes arrière. Calmement, tu te redressas pour aller gratouiller le crâne de la petite créature pour aller par la suite chercher de quoi désinfecter proprement sa plaie et le soigner sommairement. Ton devoir était d'apaiser ses maux, mais il fallait voir la vérité en face. Ce minuscule être avait peu de chances de finir cette journée en vie, sauf s'il restait avec toi par la suite... Ce qui était arrivé plus d'une fois. La nature devait suivre son cours après tout. Et... toi ?
Eh bien tu te contentais d'évoluer avec elle, en son sein. Ni plus ni moins.

D’aussi loin que tes souvenirs remontaient, tu avais toujours vécu seul de cette manière, avec… cet objet.
Ta besogne finie, tu caressas une dernière fois le lapin avant de te diriger vers ta besace. Tu ne cherchas pas à enjamber le ruisseau qui t'en séparait, la sensation de l'eau sur ta peau était bien trop agréable, alors tant pis pour le bas de ta tunique. De ton fourreau sombre accompagnant ton sac, tu en sorti une épée magnifique, relativement lourde selon toi, qui te suivait partout depuis le début et qui possédait une aura infiniment triste et déchirante -pour toi tout du moins… Des caractères à moitié effacés étaient gravé sur le manche, et tu ne pouvais pas en lire un seul. Ce manche était doré, tout comme sa garde. Et sa lame, teintée d'un magnifique rouge sombre était à tes yeux le plus bel objet que tu n'avais jamais vu.

Quant au collier endommagé que tu avais réparé à ton éveil… Il avait un goût...amer. Bien que chaleureux, au fond. Ce n'était pas très agréable de ressentir toutes ces choses sans s'en souvenir et pouvoir comprendre, et pourtant tu préfèrerais mourir plutôt que de laisser l’un ou l’autre derrière toi. Ils faisaient tous deux partis de ton être, de ce que tu étais. Et même si cette condition, tu t'y étais fait, ça restait frustrant. Le mal être que tu ressentais en touchant ces objets ou au contraire, la douce mélancolie qui irradiait ton coeur... C'était comme si ces sentiments ne t'appartenaient pas, pas totalement.

Incroyable n'est-ce pas ? Comment ça pourrait ne pas être le cas ?


Pour vous, êtres omniscients fouillant dans les tréfonds de sa mémoire scellée et endommagée, vous allez très vite comprendre que ces malheureux oublis sont en réalité un système d'auto défense. Inconsciemment, Hinata se souvient de quelques bribes à travers les rêves qui troublent régulièrement son sommeil... Alors en alliant rêves troubles et souvenirs profondément enfouis, vous arriverez peut-être à comprendre une partie de son passé.

Premier Songe

Bien trop jeune pour réellement te souvenir de cette époque où tu étais si petit que tu ne pouvais même pas te nourrir seul, tu te souviens d'une certaine chaleur, d'un sentiment de sécurité, et d'autre chose... Une forme... D'affection ? Sans doute de l'amour, après tout, tes parents étaient des humains aimants, tout comme toi, d'ailleurs.

Très vite, dans ta famille, un jeune homme de 4 ans ton aîné s'imposa naturellement. Ta mère, exterminatrice de démons et ton père médecin, ne se firent pas prier pour adopter le garçonnet et l'éduquer au même titre que toi. Lorsqu'il arriva parmi vous, tu n'étais même pas sevré du lait maternel de ta génitrice. Ce petit garçon vif fut nommé Hayate (ce qui signifie « quelque chose de soudain, comme le bruit du vent ») en raison de sa vivacité naturelle et de la poussière qu'il soulevait juste avec son énergie.

Au début, ce petit énergumène t'effrayait et tu le jalousais. Il était bruyant, et il restait souvent avec ta mère. Mais les années passèrent, et très vite, tu te mis à l'aimer peut-être même plus que ce que tes parents ressentaient pour lui. Enfant, tu le suivais partout dès que tu en avais l'autorisation, et lorsque vous n'étiez pas à vos devoirs d'enfants, tu ne perdais pas une minute pour jouer à d'interminables parties de cache-cache.
Après tout, ta mère était assez souvent en déplacement pour son travail, et lorsqu'elle revenait c'était pour former Hayate, chose qu'il lui avait très rapidement réclamé pour pouvoir protéger les villageois et votre famille.
Un jour tu te fis la réflexion qu'il apprenait bien plus vite que toi. Tu avais également appris l'art du combat par ta mère (bien que l'apprentissage des sciences et de la médecine t'intéressais davantage) mais tu n'arrivais pas à la cheville de ton aîné. Même physiquement, il te dépassait toujours d'au moins une tête et demie, car tu n'avais jamais été très grand.

Votre maison était confortable, d'une taille un peu plus avantageuse que celles de la plupart des villageois. Vous n'étiez pas excessivement riches, mais cette vie était douce et chaleureuse, vous ne manquiez de rien.
Ton père était doux et aimant. Ta mère était très affectueuse et dynamique, bien que sévère au niveau de votre apprentissage. Et Hayate... Il était... parfait. Gentil, serviable, fort mais très modeste. C'était la personne qui faisait rire toute la maisonnée à lui tout seul. Même si tu avais passé de nombreuses années à tenter d'imiter ses blagues, rien n'était plus amusant que d'écouter les pitreries du garçon.

Second Songe

Musique d'ambiance

« Pour...quoi ?... ... ...»

Tes paroles n'étaient qu'un murmure furtif, à peine plus bruyant que le bruissement du vent entre les feuilles des arbres environnant. La brise était fraîche pour un début d'après-midi, mais elle contrastait avec la chaleur de ton corps qui commençait lentement à grimper. Plus tes poumons se remplissaient d'air... Et plus une immense souffrance s'insinuait dans tout ton corps, te détruisant de l'intérieur sans aucune pitié. Insidieuse, elle remontait vicieusement le long de ta colonne vertébrale, jusqu'à ta gorge qu'elle étranglait allègrement. Elle aurait pu te tordre le cou à cet instant... Et tu lui en aurais été reconnaissant.

Après ce qui te sembla être une éternité, la température de ton corps chuta. Et au même moment, un hurlement retentit brusquement, jusque dans le ciel bleu, effrayant les quelques animaux qui n'avaient pas encore fuit. Ce cri te fit sursauter, avant que tu ne comprennes qu'il venait... de toi.

Ce tableau qui s'imposait à ta vue représentait le pire de tes cauchemars. Si tu n'étais pas tant choqué, tu aurais tout aussi pu te vomir dessus jusqu'à ton repas de la veille.

Hayate, du haut de ses 20 ans, reposait dans une posture qui ne donnait aucun doute quant à son état.
Il était totalement désarticulé, comme une poupée brisée. Certains de ses membres étaient beaucoup trop broyés pour réellement ressembler à quelque chose... Quoique... tous ses membres étaient en piteux état. Tous... Pour ceux qui ne manquaient pas à l'appel.

...Ah... Cette fois-ci, tu t'entendis hurler, mais tu ne te sentis pas foncer, trébucher, t'écorcher et te jeter sur la dépouille de ton amour perdu. Tu ne sentais plus les larmes brûlantes sur tes joues glacées. Tu ne sentais que son contact froid, sans vie... éteint. Il ne répondait pas à tes appels désespérés, ne te jetait plus ces regards débordant d'affection.
Tu n'avais même pas eu le temps de lui avouer... De lui dire ce que tu ressentais réellement pour lui. Tu n'avais pas pu lui confesser tes sentiments, ta reconnaissance, ton affection... Ton dernier contact avec lui était une dispute, et rien ni personne ne pourra changer ça...

« Vraiment ?...»

Etranglé par le chagrin, secoué par les sanglots, et tâchés un peu partout d'un liquide poisseux qui ne t'appartenait pas, tu ne fis absolument pas attention aux quelques âmes qui s'approchaient à pas de loup derrière toi, affamées, amusées et conquises par l'odeur que tu dégageais, et le spectacle que tu leur offrais à ton tour. Ce n'était pas ta famille. Ni tes amis, ou même quelques villageois curieux. C'était... Ton futur éveil. Oui, appelons-le ainsi.

Ce qui se passa après... Il t'arrive parfois d'en rêver... Ou plutôt d'en cauchemarder. Rien n'est jamais clair... Chaque visage est flou... Et à ton réveil, tout ce dont tu te souviens, c'est d'une tristesse colossale.

Troisième Songe


« Akane-san... Je t'en supplie... Donne-moi cette chance...»


Douleurs, crise de folie, dissociation de la personnalité, hurlements, violence meurtrière...

Ça aurait pu résumer simplement ton éveil. Cette période à la fois très courte sur une vie, et affreusement longue qui changea ton existence du tout au tout. Tu avais souffert... Des dizaines et des dizaines de voix s'étaient disputé ton corps et ton âme, t'avaient dévoré, et déchiqueté. Ces êtres malfaisants avaient répondu à ta supplique... C'était inespéré, quelque chose que tu avais désiré au plus profond de ton être. Tu avais supplié, juré services et dévotion à ceux qui te viendraient en aide. Tout ce que tu voulais... C'était continuer de vivre. Vivre et réparer. C'était ton souhait le plus cher, et tu serais capable pour cela, de manipuler, trahir, de devenir le pire des félons. Cette lutte, dura plusieurs semaines. C'était assez flou, mais ton souvenir de ce combat acharné brûlait encore tes veines. Si tu devais le décrire, tu pourrais comparer cette douleur à chacun de tes os brisés indéfiniment, tes chaires lacérées de l'intérieur, et ton sang en feu.
Et si tu n'avais pas résisté à tous ces assauts, supporté cette invasion de ton corps et de ton âme, nul doute que tu aurais sombré dans la folie.
Pendant toutes ces semaines, tu te réveillais et perdais connaissance, hurlais, te lançais dans des élans de violence inouïs...

Mais si tu étais encore conscient après tous ces tourments, c'est que tes prières avaient été entendues...? Ton amie en était-elle l'instigatrice ?


Qu'est-ce que tu es faible... Regarde-toi. Un amour perdu ? Un parent traître ? Rien n'aurait pu le sauver. Tu es d'un pathétique.


Tout ton corps était affreusement douloureux. Et cet écho à ton propre esprit te donna une violente migraine. Ce qu'il venait de dire, ébranlait ton coeur et la carcasse qui te servait de corps. Sans même être lucide sur ce point, l'élément déclancheur de cet éveil venait d'être énoncé.
Un glapissement étouffé t'échappa lorsque tu osas crisper tes muscles pour pouvoir enfin te redresser.

« Aïe... »

À défaut de pouvoir bouger immédiatement, tu te contentas d'ouvrir les yeux pour tomber face à une vieille cabane, presque à l'abandon. Chaque millimètre de ton corps semblait se faire transpercer incessamment par d'innombrables aiguilles incandescentes, encore et encore.
Après avoir subi une violente quinte de toux qui multiplia ta souffrance par deux, tu repris un minimum de contrôle en maîtrisant ta respiration au mieux. Ce n'est qu'à ce moment-là que tu te senti suffisamment fort pour supporter la douleur et te redresser en position assise.

Ne sachant de toute manière pas où tu te trouvais, tu t'étais mis en quête de comprendre ce que tu faisais ici... Et... Qui tu étais.

Incroyable... Ne me dites pas qu'on s'est fait bouffer par une lavette pareille ?! CETTE FAIBLESSE EST-

« ASSEZ !! »

Ta gorge te brûla instantanément, et tu regrettas ton geste. D'autant plus... Que dans ce lieu abandonné, tu étais... Seul. Encore ces voix. Elles te semblaient étrangères... Et en même temps très familières. Inquiet, tu titubas, tomba de nombreuses fois avant de réussir réellement à tenir debout. Ton bras droit était spécialement douloureux, tu ne t'en rendais compte que maintenant.
Naturellement, en penchant ton visage pour voir un peu plus loin derrière la cabane tu compris plusieurs choses. La première était que tu ne devais pas être si seul que cela, car tu apercevais au loin un feu de camp. La seconde, c'était que tu avais l'impression qu'une armée t'étais passé dessus, en faisant l'aller et le retour d'une traite. La troisième, c'est que... Ta souffrance semblait être... À l'intérieur de toi, bien que tu la ressentisses comme étant physique.

Allant clopin clopant jusqu'au feu, tu compris que tu t'étais réveillé à l'arrière du bâtiment, et que maintenant...

« Hn... »

Maintenant, tu étais toujours aussi seul, devant une cabane en mauvais état, entourée de beaucoup d'arbres. Néanmoins... Même si le paysage qui s'élevait face à toi te paraissait beau, quelque chose de plus précieux encore se trouvait dans tes mains. Sans comprendre comment, dans l'une de tes mains résidait un collier dont le cordon était coupé, et dans l'autre une épée lourde mais intacte. Contrairement... À ton corps.

« C'est vrai... »

Tu posas doucement tes biens (car tu venais de décider qu'ils t'appartenaient) au sol avant de te laisser tomber non loin, devant une flaque d'eau un peu boueuse. Le reflet que te renvoya la surface capricieuse était... Ensanglanté. Tu étais... Recouvert de sang. Complètement, totalement !! Maintenant... l'odeur difficilement supportable te sautait au visage.

Brusquement, des hurlements de souffrance se mirent à résonner dans ta tête meurtrie. Tes oreilles vrillaient tellement les décibels étaient puissant, comme si le propriétaire de ces cris était à quelques centimètres de tes oreilles. Et... C'était le cas. Plusieurs flashs aveuglants et douloureux s'imposèrent à ta rétine, sans relâche, te rappelant ce qu'il s'était passé il y a peu.

En revoyant les bribes d'une scène, tu te relevas dans un sursaut, affolé, avant de courir droit vers l'endroit où tu t'étais réveillé. La douleur n'agissait plus, comme si quelqu'un venait de te faire boire une boisson contre la douleur. Arrivé haletant, débraillé, et trempé de sueur, c'est en plongeant ton regard sur une scène qui se trouvait dans ton dos au moment de ton réveil que tu compris quelle était la désagréable sensation que tu te trainais. Celle d'avoir comme une pellicule mi sèche, mi poisseux sur tout ton visage (visage que tu avais aperçu auparavant complètement recouvert, comme masqué). Tu compris également pourquoi tout était si carmin sur tes mains. Et c'est en comprenant le goût horriblement âcre que tu avais dans la gorge que tu dégobillas sans plus de cérémonie les restes de ce qui devait être le fameux propriétaire de la cabane.

Paix à son âme.

« Ce n'est que le début... ... Non c'est faux... Je n'en mangerais plus... »

Menteur... Tu sais bien que ce n'était pas la première fois...

Et sans doute pas la dernière. Après tout, qui étais-tu pour lutter contre ta nature ? Ton âme était souillée, et si tu ne t'étais pas déplacé, d'attaque en attaque, les exterminateurs à tes trousses auraient tôt fait de te faire disparaître.

Tu es devenu fort... Je savais que tu avais ce potentiel...

Quatrième Songe

Musique d'ambiance

« Père ?...

-Hm ? Oui Hinata ? Ah, concentre-toi sur tes gestes, il faut que tu sois un minimum attentif lorsque tu auscultes. »

Calmement, ton géniteur qui était en train de s'occuper de classer les dernières ordonnances copiées qu'il avait donné se rassit à genoux devant son bureau, prêt à écouter ce que tu comptais lui confier. Il était une oreille beaucoup plus attentive que ta mère, et ses conseils t'avais toujours beaucoup servi. Tu étais de son tempérament, alors ça n'avait rien de surprenant.

Bien déterminé à pouvoir un jour devenir l'assistant de ton père, tu te penchas sur le mannequin pour appuyer délicatement -et avec fermeté- du bout des doigts sur ce qui devait être son ventre, et encore en-dessous, son estomac. Plus le temps passait, et plus tu étais à la traîne. Ton père était un ancien moine, un médecin de génie qui avait quitté les grandes villes pour pouvoir suivre ta mère, elle aussi une puissante exterminatrice, tout du moins, à tes yeux. Tout le monde dans cette famille était extraordinaire, intelligent, puissant... Sauf toi.

« Quand-est ce que Mère rentrera ? »

Au ton un peu hésitant que tu venais de prendre, il se redressa et arrêta son activité, peu gêné par la position qu'il tenait depuis de longs instants maintenant.

« Hinata... Si tu me demande cela dans l'idée de lui re-demander, c'est inutile. Souviens-toi de la dern-

- Je sais !!... Je... Excusez-moi Père. »

Piqué dans tes sentiments, tu te relevas et tapota ton kimono simple avant de t'incliner et de quitter la pièce précipitamment, les poings serrés, et le coeur dans le même état.
Pourquoi personne ne te faisait-il confiance dans cette famille ?! Pourquoi ta propre mère préférait entraîner ... Hayate, plutôt que toi, son propre fils ?? Toi aussi tu te débrouillais au combat à main nue, et au sabre... Certes pas autant que ton aîné, mais bien plus que le reste de tous les enfants et adolescents du village !

Depuis qu'il avait atteint ses 16 ans, il passait moins de temps au village... Beaucoup moins. Il jouait encore moins avec toi et... Il s'éloignait, tu le savais, au plus profond de ton coeur. Si le fait de ne pas voir souvent ta génitrice te pesais, l'éloignement de Hayate te faisais doucement sombrer dans une rancune profonde. Il passait également bien plus de temps avec ce qu'il appelait ses "collègues" qu'avec toi.

Décidément, le seul à réellement se soucier de toi était ton père... Il t'enseignait tout ce qu'il pouvait malgré son travail déjà prenant. Il t'éduquait également...
Soupirant profondément, tu relevas ton visage larmoyant pour observer où tes pieds t'avaient mené.

Tu étais non loin du petit lac que tu affectionnais beaucoup. La mort dans l'âme, tu allas t'asseoir sur le rocher plat que tu avais désigné comme "fauteuil préféré" à l'époque où Hayate t'appelait encore Koko-chan. Penchant ton visage sur le côté, tu te perdis dans la contemplation de l'eau, légèrement apaisé par celle-ci.

« J'aimerai pouvoir leur prouver ma valeur... »

... À qui ? Tu ne voulais pas te l'avouer, mais la personne qui t'importais le plus, encore plus que ta mère ou ton père, c'était Hayate. Plus le temps passait, et plus il te surprotégeait -lorsqu'il n'était pas absent, comme ta mère-. Pourtant, toi aussi tu étais un homme. À l'âge que tu avais, lui avait déjà vaincu bon nombre de démons ! Chaque villageois louait ses compétences... Et chaque femme, si elles ne voulaient pas elles-même se retrouver mariées au jeune homme, souhaitaient lui donner la main de leurs filles.

Et toi, tu étais invisible, ou "le fils de" à la limite.

« À qui veux-tu prouver une telle chose Hinata-kun ? »

Perdu dans tes pensées, tu n'avais pas entendu la venue de ton aînée, une jeune femme un peu plus vieille que Hayate, et surtout bien plus éveillée. Tu la connaissais depuis que ton aîné partait en mission. Elle te consolait bien souvent, et arrivait toujours à te retrouver. Avec elle, tu te sentais moins faible, car elle te voyait comme tu étais, et pas à travers la faiblesse de ton corps. Que tu ais une constitution plus fragile que les garçons de ton âge lui importait peu.

« Akane-san... Je... J'en ai assez. Ils me regardent tous comme si j'étais sur le point de me briser ! J'étouffe ! Je ne respire plus ! Je... Je déteste me sentir si inutile, si faible... Mère ne daigne même plus me gratifier de son enseignement, et Hayate...»

Les larmes étaient de retour. C'est pour cette raison que tu les essuyas d'un geste rageux avec le revers de ta manche. Akane en profita pour se rapprocher sans te toucher, te montrant ainsi son soutien tacite.

« Cela, je le sais Hinata-kun. Ils te sous-estiment tous, encore et toujours. Mais ne t'inquiète pas. Plus tard, toi aussi tu feras de grandes choses... Tu ne le vois pas encore, mais tu as beaucoup de potentiel. Je te le promets... Fais-moi confiance.  »

Pour lui cacher tes larmes de jeune adolescent, tu t'étais retourné vers le lac... Alors évidemment, l'éclat d'un sourire malsain qui illumina les lèvres de la créature derrière toi, tu ne le vis pas. Ça et le regard d'un éclat beaucoup moins humain. Un éclat... Néfaste et surnaturel.

Oui... Contrairement aux promesses que ta famille et Hayate t'avaient fait, elle au moins, elle avait tenu parole.

Malheureusement.

Après cela, les années passèrent encore, ton sentiment d'incompréhension, bercé par la jalousie et une haine montante aussi. C'était douloureux, mais à chaque fois que tu te sentais submergé, ton amie Akane était là pour te soutenir. Les conflits s'accumulèrent et... Ton coeur s'assombrissait.

« Hinata-kun ? Si un jour tu en as besoin, sache qu'il existe en ce monde un objet qui peut exaucer n'importe lequel de tes voeux. N'est-ce pas incroyable ? »

Cette phrase... C'est peut-être la seule chose que tu n'as jamais oublié.

Dans un village quelconque au Japon

Musique d'ambiance

« Ahh... Je ne comprendrais jamais les humains... »

Un jeune hanyô rejeta son visage en arrière tout en soupirant légèrement. Gêné par ses manches amples blanches, il les frôla du bout de ses doigts pour les laisser remonter seules jusqu'à ses épaules grâce à son pouvoir de lévitation. Il attacha rapidement en un chignon bancal ses longs cheveux verts... Pour enfin se lancer dans la besogne qui l'attendait : Ranger son stand toujours aussi intact, ce soir encore.

Après de longues années passées à ruminer le seul souvenir véritable que tu avais, celui d'une jeune femme répondant au nom de Akane (ce qui signifiait " Le secret du sang"), tu t'étais enfin décidé à... Retrouver la partie qui te manquait, pour remplir ce vide qui subsistait dans ta poitrine. Tu avais besoin de tes souvenirs pour te comprendre, et comprendre le monde qui t'entourait. Et ce, peu importait les moyens. En voyageant, tu avais fini par observer que tes services en tant que médecin seraient plus qu'utile... À la fois pour les autres, mais surtout pour toi. Tu devais trouver des informations, démêler le vrai du faux en questionnant, espionnant, manipulant... Subrepticement, cela va de soi.
Mais pour une raison que tu ignorais... La plupart des personnes que tu croisais te fusillaient du regard discrètement, ou tout du moins, ces stupides créatures s'essayaient à la discrétion. Et les autres t'ignoraient en avançant plus vite.
Certains t'adressaient la parole, certes, mais ils se faisaient rares. Cependant, tout n'était pas si ennuyeux. Il faut le dire, la vie était beaucoup plus mouvementée ici que dans ta forêt bien aimée !

« Si cet immondice ne nous comprend pas, pourquoi ne retourne-t-il pas d'où il vient ?
- Et d'où viennent les démons ?
- Vous ne le savez pas ? Des Enfers bien évidemment !!
- Je ne comprends toujours pas pourquoi les exterminateurs ne les éliminent pas tous... »

Ton ouïe bien affutée ne manqua rien de cet échange de bas étage, à quelques mètres de là. Ce genre de conversation aurait pu en froisser plus d'un, mais ce ne fut pas ton cas. C'était tout juste si ça avait retenu ton attention.
Beaucoup plus concentré sur le rangement de chacune de tes concoctions dans ton grand sac, tu t'appliquas rapidement avant de le refermer, d'enfiler ton fourreau et de toucher ce gros sac encombrant pour le faire léviter juste à tes côtés.

En tant que marchand itinérant (et médecin !) et mal-aimé, tu ne pouvais pas te permettre de laisser quelqu'un te voler ta marchandise. Fin prêt, tu te mis en quête de t'éloigner du centre de cette petite ville pour pouvoir dégoter un coin pour dormir. Tu n'avais pas forcément besoin d'un lit, mais... Oh et pourquoi pas ? C'était bien les auberges et les tavernes qui faisaient parties de tes lieux préférés pour observer la populace. Un peu à la manière d'un enfant observant une fourmilière agitée. Observer et... écouter.

En passant non loin du groupe de ménagères qui faisait mine de ne pas t'avoir vu (critiqué et suivi du regard surtout), tu t’arrêtas et releva ton visage pâle vers la plus grande. Délicatement, tu relevas ta capuche sur ta chevelure verte tout en plantant ton regard mi améthyste, mi doré dans celui de ton vis-à-vis.

De ta manche sorti une chaîne relativement discrète. Elle s'enroula autour de ton poignet bien assez pour que tu puisses poser ton doigt sur le bout affûté qui te blessa instantanément, montrant de cette manière, le tranchant de la lame.

« Peut-être parce qu'il y a bien pire que de ne pas être humain... Et lorsque je vous aperçois mesdames, avant de me dire que mes soins pour la peau pourraient vous faire le plus grand bien, je me dis que je préfère ma condition à la vôtre, et de loin. »

Un sourire toujours poli sur le visage, tu te régalas de leurs mines choquées avant de tourner les talons pour pouvoir déambuler tranquillement. Se moquer des humains te faisais toujours ricaner. Les villes de ce genre étaient toujours assez dangereuses pour les hanyō, tu en avais fait les frais plus d'une fois. Ne pas être humain semblait, pour cette race, un justificatif assez fort pour attenter à la vie d'autrui, ou de son commerce (cela dit, les derniers à avoir essayé de s'en prendre à tes biens ne sont plus là pour en témoigner).
Inspiré, une petite mélodie amusante se faufila hors de tes lèvres, effaçant la dernière menace tacite que tu avais évoquée aux mégères. Tu adorais chanter, ça te mettait de bonne humeur et ceux qui t'entendaient te regardaient toujours un peu moins de travers.

Mais à peine.

Après être parti à la recherche de Akane, tu t'étais rendu compte de plusieurs faits : Le premier était que retrouver quelqu'un sans connaître son nom, son village de naissance, ou même sa vie, était relativement compliqué. Le second était que dans le monde démoniaque, les informations circulaient différemment. Des rumeurs insistantes, beaucoup de rumeurs. Les sources étaient nombreuses et difficile à confirmer ou infirmer. Pourtant, tu étais quasi sûr d'avoir trouvé quelque chose à ce moment-là. Cette légende qui racontait que celui possédant la Perle de Shikon pourrait exaucer tous ses vœux. C'était un fait entêtant...

Tu n'avais pas énormément de souvenirs, mais ça, c'était marqué au fer rouge dans ton esprit. La Perle résoudrait tous tes maux. C'était indéniable. Tu le savais, et... Toutes ces voix en toi aussi. C'était quelque chose d'étrange... Comme si plusieurs entités s'étaient soudain retrouvées toutes au même endroit, dans ton corps. Des voix différentes, des volontés propres... La cohabitation était difficile, surtout lorsque tu ne maîtrisais plus tes émotions, ou que la fatigue se faisait trop sentir.
Alors tu avais enquêté, sans relâche... Jusqu'à tomber sur plusieurs fragments de Perle. Oh... La manière dont tu en avais obtenu certains n'était pas très louable, mais qui s'en souciait ? Surtout en sachant que, ces fragments tu ne pus les garder bien longtemps. Ces items te furent dérobés peu après (tu avais failli mourir au passage, si une jeune fille se nommant Kagome ne t'avait pas aidé), te renvoyant à la case départ : Trouver Akane. La Perle avait été détruite, tu l'avais entendu, le monde démoniaque entier avait vibré. Alors retrouver cette femme ou sa descendance était ton seul espoir.

Et puis, qu'était-elle devenue ? Tout ce dont tu te souvenais, c'était une vague impression de joie et de chaleur la concernant. Et son visage. Elle savait des choses sur ton passé, tu en étais persuadé ! Les pistes à propos de ce démon semblaient toujours froides, mais elles avaient au moins le mérite de te prouver que ce souvenir n'était pas une totale invention de ton esprit.

« En route pour... Euh... La prochaine auberge à se trouver sur ma route~ »

Sauf si bien entendu, quelque chose de plus intéressant venait à piquer ta curiosité, évidemment.