Ōzora no Koe || And they believe that God exists, and they pray to a Demon for their sake

Passes-temps : Parler avec les humains, s’amuser avec les enfants, faire la cuisine, faire des siestes, conter histoires et légendes, écrire, lire, l’ikebana
Rêve(s) : Il ne sait guère ce qu’est un rêve mais, si on lui demande, il dira qu’il souhaite simplement vivre ainsi pour l’éternité mais, lui-même ne sait si c’est totalement vrai

Défauts : Amorphe – Cachottier – Fataliste – Énigmatique – Fantasque – Indomptable – Intransigeant – Maniaque – Méfiant – Menteur – Sans gêne – Secret – Sans ambition – Souple et Rigide à la fois – Nonchalant
Qualités : A l’écoute – Aimant – Bienveillant – Calme – Câlin – Lucide – Patient – Doux – Responsable – Serviable – Sérieux – Posé – A tendance pacifique – Curieux

Facts :
Ōzora no Koe est un nom particulièrement long mais qu’il affectionne réellement – Sur ses 1783 ans il a déjà souris - au moins une fois – et avec Kiku – pour la plupart du temps – Il apprécie les étoiles, bien que si on ne lui avait pas fait la remarque qu’il regardait beaucoup le ciel la nuit, il ne s’en serait jamais rendu compte – Il essaye d’apprendre à danser pour Kiku – Sait jouer de la flûte – Le son des vagues ou de la nature en général sont agréables – pourtant il préfère entendre la vie, les voix humaines que ce soit des rires enfantins ou du simple brouahaha – Peut dormir n’importe où et n’importe quand – Lorsqu’on le traite de Dieu il se montre plus froid – Beaucoup de rumeurs continuent à circuler sur l’Oni Protecteur qui vivrait sur les Terres d’Izumo – La vieillesse ne l’a pas rendu sénile mais il a parfois du mal à se souvenir des détails – Apprécie la nourriture humaine, faut dire, ce sont des offrandes qu’il reçoit depuis des années – Aime bien manger les fleurs – oui oui c’est un peu étrange – Aime bien coiffer les autres – A force de s’amuser avec les enfants, il connaît toute une liste de jeux à faire – c’est peut-être pas très utile cependant – Lorsqu’il dort, il dort -  L’Oni protecteur, "le Gardien", il n’avait pas de prénoms, les humains l’appelaient simplement ainsi, jusqu’au jour où une petite yokai l’aura nommé Ōzora no Koe littéralement « la voix du firmament », depuis il adopte ce prénom qui lui est propre - on le considère comme un Oni qui aurait vu le jour sur les Terres d’Izumo, sans doute que sa bienveillance et son caractère l’ont rapproché de ces lieux entourés de légendes divines -il fait partie des rares oni qui ont gardés leur origine, c’est-à-dire une créature bienveillante qui offre protection aux Hommes - il a encore du mal à différencier les sexes - ne sait pas son orientation sexuelle -  mais probablement qu’il n’y a aucune limite - il est d’ailleurs plutôt curieux à découvrir les différentes possibilités


Music | Tsushima Suite I Seion

Aucun sourire. Aucun rire. Mais tu es l’effigie d’un gardien. Tu es un soutien. Pour les yokais, comme pour les humains. C’est un démon qui agit pour le bien. Un démon doté d’une nature qui brise les nouvelles traditions. L’Oni est un monstre. L’Oni dévore dans la pénombre. Mais toi, tu fais abstraction de ces dictons. L’origine de ton être, a perduré, malgré les années. Malgré tous les dires sur tes compères. Tu as su garder ta fonction. Esprit protecteur. Non esprit vengeur. Bienveillance, on lira, non dans un regard, mais dans des gestes. Des faits. Car il ne sait s’exprimer.
Dans le marbre, son visage s’est sculpté.
Un sourire, il ne sait esquissé. Un rire, il ne sait montrer. Mais tu as appris à montrer ton affection. Par une étreinte chaleureuse envers les mortels. Tu sais les prendre sous ton aile. Ces êtres qui te montrent leur admiration. Ces êtres dont tu assures la protection. Ton calme céruléen, exprime le chant apaisant de ta présence. Ta patience, rassure les âmes errantes. On se sent écouté. Et ce n’est point une illusion, mais la réalité. Tu accordes de l’importance dans chaque parole. Se savoir entendu permet l’envol. C’est une confirmation de notre existence. Et cela, chaque être, a besoin de cette connaissance. De pouvoir dire « je suis vivant ». Tu t’emploies à ce que chacun découvre cela.

Mais qu’en est-il de toi ?

Tu vois les années défilées. Les gens trépassés. Ceux que tu as aimés. Ceux que tu as protégés. Mais rien n’y fait. L’indifférence est toujours présente. Le destin a frappé. C’est ce que tu te dis. Chaque être vivant connaît la mort. C’est ce qui rend leur existence aussi importante. Personne ne peut défier la Vie. On peut la haïr. La maudire. Mais la réalité ne changera pas. La vérité, elle frappe. Différemment dans ton cas… L’Oni voit le monde grandir. L’Oni a cessé de vieillir. Et il est vide. Terriblement vide. Une simple coquille. En toi, on y trouve simplement tes devoirs. Peut-être cette curiosité maladroite… Mais tu ne rêves pas. Tu ne connais pas la peur. Tu ne connais pas l’effroi. Si indomptable. On se sent si proche et à la fois si loin de toi. Parfois, on croit se tenir à tes côtés. On t’observe et on se rend compte qu’il y a un fossé. Inhumain. Ce cœur n’est pas fait de glace. Il ne bat tout simplement pas. Peut-être à peine. Mais il ne s’emballe jamais. Toujours posé. Une eau tellement paisible. On s’y penche et il est impossible d’y voir notre reflet. Soudain, on n'ose point s’y plonger.
Une marée sans fond. Qui inspire admiration et répulsion.
Les années s’écoulent. Des morts en découlent. Et peut-être est-ce par amour que tu tiens à rester en retrait. C’est la paix que tu veux faire perduré. Dans ton entourage. Et seulement dans ce village. Ce village et les Terres qui l’entourent. Ne possédant tout simplement pas, la prétention pour annoncer que tu veux changer le Monde. Si tu es inflexible. Que tes mots sont absolus. Tu sais faire preuve de clémence. Les situations s’analysent. Il faut savoir se montrer sévère. Mais jamais trop amer. La vieillesse t’a offerte une vision ouverte à ce qui t’entoure. Si tu as grandi avec le Monde. Tu as échappé à beaucoup de choses. Ces sentiments, on te les offre, mais tu ne sais quoi en faire. Tu les observes, mais tu finis par les jeter. Cela t’es toujours hors de portée. Les ambitions font avancer le Japon. Les humains ou les démons, c’est parce qu’ils ont une flamme que la Vie change. Se renouvelle sans cesse.

Mais qu’en est-il de toi ?

Encore une fois, tu t’éloignes. Encore une fois, tu t’écartes. Qu’est-ce qu’avoir une ambition ? Qu’est-ce que cela fait de ressentir une flamme s’allumer en soi ? D’avoir un cœur qui bat à tout-va… Tu ne le sais pas. Parfois, tu te poses les questions. Chaque fois, tu t’en fous des réponses.
Tu as appris à mentir pour ne pas blesser. Tu as appris à être secret, pour ne pas apeuré. Tu sais dire la vérité. Tu sais regarder.
Mais tu es perdu dans la nuit profonde. Toi, parmi ces étoiles. On croit pouvoir les cueillir au creux de notre main. Mais en réalité elles sont si loin.

CA : Fukushū-sha (« Avenger ») créer une barrière qui annule les pouvoirs pendant un certain temps (actuellement 10s). Cette capacité étant destinée principalement à être utilisée sur les yokais/hanyos.

CA :Eien no yoru (« Eternal night »), plonge les autres dans un noir complet pendant un certain laps de temps (1min actuellement) où aucun son, aucune lumière, ne peut être perçu. Dans cette zone limitée, seuls les plus puissants, ceux qui possèdent les sens les plus développés et les êtres des ombres, sauront trouvé leurs repères.

CP :

Armes : Tonbogiri, une lance particulièrement rapide et précise qui lui aura valu son nom qui se traduit « lance coupeuse de libellule », fort tranchante, elle est destinée aux guerriers agiles. Cette lance a été fabriquée par un puissant yokai-forgeron il y a plus de 700 ans, un cadeau toujours en parfait état. Les matériaux ? A l'époque après avoir tué autant de compères, Oz n'en manquait pas... Bien que plusieurs cristaux ont été ajoutés pour embellir cette lance unique.

N'oubliez pas que les CP/CA auront tendance à évoluer avec vos aventures ! Nous nous chargeons des CN.

Music | The way of the Ghost

« Nul ne sait comment il est né. Nul ne sait où il est né. Ce sont des légendes. Des rumeurs qui sont contées. Nombreux disent qu’il a vu le jour en ces lieux, Izumo, Terres sacrés, proches des Dieux. Certains voient en lui un envoyé du Ciel, un démon qui aurait été béni. Un Oni pur pour l’éternité, par la grâce des Dieux. Sa peau noire le dissimulait dans la nuit, mais on y distinguait dans la pénombre ses yeux dorés et perçants. Ses cornes et son corps recouvert de marques bleutés. Sa force écrasante et sa bienveillance auront donné lieu à un culte. Il serait l’esprit protecteur du village Morinosora, car depuis la nuit des temps, il veille sur ces terres. On lui doit grâce et honneur. Respect et admiration. Amour et crainte. Ici, il est le maître des lieux. L’Oni protecteur, impassible. Vous savez, je pense qu’on devrait le considérer comme un Dieu ! Il en a le mér- »

Une présence jaillit derrière lui. Un sursaut face à cette entité mystique :

«Ō-Ōzora no Koe-sama, vous êtes là... »

Les enfants qui l’écoutaient se mettent à rire. Ils se jettent sur le nouvel arrivé. Ton regard se veut froid. Impassible. Glacial envers l’adulte, tandis que tes bras venaient accueillir avec douceur les petits humains  :

« Masahiro… Que racontes-tu encore sur moi ? »

« Oh pas grand-chose, je disais juste qu’on avait la vie plus facile avec vous ! »

Le mensonge, tu le lis. Mais c’est une petite fille qui vint te le dire :

« Masahiro oji-san disait que d’après les rumeurs, vous étiez un envoyé des Dieux ! Que vous êtes trop fort ! Qu’on vous doit grâce et honneur. Respect et admiration et… Et quoi d’autre ? »

« Amour et crainte ! »

« Ah oui voilà ! Parce que vous êtes le maître des lieux ! Et qu’à ses yeux, vous êtes comme un Dieu.»

Un regard posé sur l’homme. L’humain est vulnérable. L’humain connaît la peur et l’angoisse :

« Masahiro… On ne raconte pas des mensonges aux enfants. »

« Hein ? C’est faux ce qu’il a dit ? »

« Plutôt oui. »

« Je ne pense pas que mes dires soient faux ! Vous avez l’étoffe ! Votre bonté nous aura offert prospérité. C’est parce que vous êtes là que nous vivons en paix. Nos terres sont fertiles et les démons sont loin de nous ! Grâce à vous ! »

« Je vais être clair. »

Un soupir s’échappe de tes lèvres :

« Je ne suis pas un Dieu. Je suis un Oni. Démon. Ou Yokai. Peu importe. Mais ne me surestimez point. Sinon, le jour où je serais impuissant, vous vous sentirez trahis. Vous serez blessé. Et ce, peu importe si vous me blâmer, ce sera la faute de cette fausse image que vous m’avez donné. De l’illusion que vous vous serez créée. Je l’ai dit à vos ancêtres. Je le dirais à vous ainsi qu’à vos enfants. Je continuerais de le répéter. Je ne suis pas un Dieu. Et je ne le serais jamais. »

« Oui… Vous avez raison… Pardonnez-moi.. »

« J’ai conscience que vous avez aussi ce besoin de trouver un émissaire. Pour ne pas vous sentir abandonné par vos croyances. Par vos Dieux. Il est difficile d’accepter l’idée que vous soyez la race la plus faible. Mais gardez en tête que vous avez aussi votre propre force. Peu importe s’il y a quelqu’un pour vous protéger. Je joue simplement mon rôle. Mais je ne suis pas tout-puissant. Bien au contraire. Cherchant avant tout un chemin pacifique, vivant aujourd’hui sans réels conflits, je n’ai plus ma force d’antan. Je reste un être vivant, et pour chacun, il y aura toujours quelqu’un au-dessus de lui. Je ne suis pas faible. Mais je ne suis pas si intouchable. Comprenez-le. »

« Je comprends. Veuillez excuser mon égoïsme et accepter mes remerciements pour vos sages paroles. Elles me touchent profondément. »

« Ce n’est rien. »

« Mais… Du coup, vous êtes quoi Oni-sama ? Vous voulez bien nous raconter votre histoire ? »

Un léger silence s’installe. Le temps d’une réflexion :

« Et bien… Ce sera un peu long et je ne me rappelle pas des détails… Néanmoins, si c’est ce que vous souhaitez... »

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Music | Ost Ghost of Tsushima

Quand tout cela a commencé ? Je m’en souviens. Comment ? Je n’en sais rien. Pas de nom. Pas d’indications. Telle une âme errante. J’ai beau être vivant, aujourd’hui comme hier, je n’ai pas ce cœur qui bat… Il en était de même à cette époque. Peut-être était-ce pire… Comment le dire… Je n’avais rien. Je ne possédais rien. Une coquille vide. Je n’avais pas le désir de dévorer les humains. Ou bien de combattre mes paires. Non… Rien de tout cela m’intéressait. En ces temps-là, la vie était difficile… Surtout pour les plus faibles. Ceux comme vous. Ils venaient à peine d’apprendre à vivre dignement grâce à l’agriculture et la métallurgie. Mais la Vie n’a jamais été facile pour eux. Plus cruelle encore… Dévorés sans cesse. Sans rien pour les guider. Livrés à eux-mêmes pour se protéger. Quelque chose me murmurait de ne pas rester planté là. Au plus profond de moi, mon instinct m’incitait à les protéger. Ce fut là, le premier sentiment que j’ai connu. La seule chose qui m’a fait avancé d’un pas. Puis d’un autre. C’est cette nature qui persiste en moi qui me fait me mouvoir. Si je suis là, c’est uniquement pour ça. Le jour où cette loi disparaîtra… J’attendrais simplement la Mort.

Peut-être même lui tendrais-je les bras.

Ma force, je l’ai mis au service des Hommes. C’était l’Antiquité, croyez-le ou non… Le sang se versait bien plus à l’époque. La paix, personne ne connaissait. Le pays était synonyme de discorde. Probablement à cause des yokais. Ou même des humains. Eux qui cherchaient à se construire… Ou à détruire. J’ai tué. Pour protéger. Mes mains, ensanglantées. Je me suis tâché de ce rouge. Le rouge de mes semblables. Que ce soit un Kitsune, un Inu ou un Oni… Il n’y avait pas de différence. Je m’encombrais de cadavres. Ils s’entassaient. Ces corps sans vie. Et moi, j’errais. Laissant sur mon chemin, un chant macabre. Le chemin que j’empruntais, n’était qu’un poison dans lequel je me plongeais. Je protégeais tous les humains que je voyais. Je les protégeais des mauvais esprits. Et j’avais la prétention de dire que je ne prenais pas de parti. Si je ne me voyais pas en héros. Peut-être agissais-je comme un idiot. Un idiot qui croit pouvoir tout protéger. Laissez-moi vous le dire.

C’est impossible.

Difficile à croire, n’est-ce pas ? Mon visage est toujours resté le même. Mon cœur n’a jamais existé. Ce caractère, depuis toujours, je l’ai. La différence était que je vivais dans la violence. Lorsqu’on ne connaît pas la paix. Que le Monde entier, nous dévoile les victimes qui jonchent ces terres infertiles et hostiles… Que notre regard ne connaît que les sombres nuages de cette ère. On ne sait faire autrement. On ne peut qu’imiter les autres. Utiliser la force. Commettre péchés sur péchés. Sans même éprouver le moindre regret. Sans même devoir se questionner. Le Bien et le Mal. Des notions qui n’existaient pas. Pas pour moi en tout cas. Parlons plutôt de limites. Ceux qui les dépassaient devenaient mes ennemis. Je le pense toujours aujourd’hui. Ces deux notions vont de paire. On ne peut les définir. Chacun s’approprie sa propre vision. Et aller dire à quelqu’un qu’il a tort. C’est de l’égocentrisme. Parler de convictions et de limites qu’on souhaite imposer aux autres me paraît plus réfléchi. Peut-être est-ce difficile à comprendre. Mais cela m’importe peu.

Ou bien suis-je juste trop vieux…

J’étais déjà né… Lorsque le Bouddhisme a vu le jour… Depuis longtemps, déjà, j’existais. Et à cette époque, on contait bien des choses sur moi. Un Oni qui protégeait les Humains… Un Oni qui massacrait ses semblables… On aura tout vu… Peut-être pour les autres, il y avait de quoi en rire. Certains en tiraient profit pour inventer des récits. D’autres prenaient peur en entendant ces rumeurs. Et plusieurs ont éprouvé une admiration pour se sentir mieux. C’est sans doute à ce moment-là que s’est lancé cette idée de Dieu. Ou d’un envoyé du Ciel. Peu importe. Autrefois, je n’y faisais pas vraiment attention. Trop vide pour cela. Je n’y trouvais rien dans ces dires. Et parfois, je me disais qu’ils se trompaient de personne. Que je n’étais pas ce personnage décrit. Il n’y avait aucune satisfaction pour moi… Et pourtant… Pourtant… Je les laissais croire. Avoir ce faux espoir.

Quelle prétention de ma part.

Des morts. Des morts et encore des morts. Toujours plus. Une odeur infâme qui parcourait le pays. Cela donnait la nausée. On entendait les pleurs. Les cris et les douleurs. Une maladie qui a frappé tout le Japon. Une maladie qui a causé la perte de tant d’innocents. Et ce Mal. Si personne n’en était la cause. Que pouvais-je y faire ? Rien. Absolument rien. C’est un sentiment d’impuissance qui vous surprend. C’est la réalité qui vous étrangle. Je n’en ressentais pas la douleur. Mais, persistait cette sensation autour de mon cou. Étreinte mortelle qui s’abattait. On l’appelait la Peste. Ravageuse et austère était-elle. Je m’en souviens… Même si cela me paraît bien lointain. Il faut dire cela a marqué les esprits… Mais à part dans les écrits, peu sont ceux qui se souviennent des jours désastreux. Est-ce une bonne chose ? Je ne suis pas sûr. À mes yeux, il serait préférable que les Humains se souviennent. À quel point leurs ancêtres ont souffert. Mais qu’ils ont résisté. Et ainsi, aujourd’hui encore persiste votre espèce.

Ne pas oublier pour mieux avancer.

Combien de temps me suis-je battu ? Bien trop longtemps… Au point d’en être lassé. Mon voyage était sans fin. Et plus le temps passait, plus je me rendais compte que rien de tout cela n’avait de sens. On en vient à se demander pourquoi on continue. Pourquoi on continue d’avancer. Malgré le poids que l’on doit supporter. Malgré les échecs qui s’enchaînent. Les erreurs. Et le cœur qui se gèle. Il ne bat pas. Il ne bat toujours pas. Malgré tout ce que j’ai fait. Malgré tous ceux que je tuais. Ceux que je protégeais. Ah… Oui… Les Hommes sont faibles. Peu importe ce que je fais, ils crèvent. Ah… À quoi bon toute cette violence ? N’est-elle pas vaine ? Je crois que c’est à partir de ce moment-là que quelque chose à changer en moi. Je grandis avec le Monde. Mais il ne me suit pas. Et mes illusions se dessinent. Et je me rends compte à quel point ma vie est stupide. J’ai été cupide. Je me suis cru capable de protéger un Tout. Parce que j’ai pensé trop grand… J’ai été incapable de sauver ce que j’avais à porter de mains… Moi.. Je me suis souillé l’âme. Je me suis laissé emporté. Et si je ne connais pas les regrets. J’ai conscience que ma façon de penser…

C’était tordu.

Il y eut cet hiver… Alors que j’arpentais les régions, à la recherche d’un lieu de rémission… C’est un groupe d’humains que j’aurais sauvé. Un groupe d’humains qui a voulu resté à mes côtés. Ils montraient leur admiration. Leurs mots vides de sens, je les laissais faire. Je ne m’en inquiétais guère… Des semaines durant, nous avons passés du temps ensemble. Jusqu’à leur maison, ils furent des guides et des compagnons. Quoique… Plus des entraves pour moi… Enfin… Ils m’ont logé, nourris. Installés dans ce petit village, on a demandé ma protection. Ces villageois se sont laissés souillés par leurs croyances. Me donnant un titre que je ne méritais pas. Leur vie était plus tranquille. Mais ils ne comprenaient pas qu’ils se trompaient. Effigie divine. Qu’ils le pensent haut et fort. Et qu’ils se mentent encore… Moi, avec pour seule excuse que leurs illusions ne me concernaient pas. Lorsque la famine frappa. Que le Mal les rongea. Ils firent de moi un Bouc émissaire. Porteur de leur malheur. Parce que j’avais failli à mon rôle de « Dieu protecteur ». J’ai été blâmé. Ils se sont sentis rejetés et abandonnés. Les années suivantes une autre maladie a frappé le pays. Et les tombes se multipliaient. Les pleurs ne cessaient. Ce sont des regards haineux que j’ai vu. Les ais-je méprisés pour cela ?

Non.

La Vie n’a jamais été facile pour eux. Faibles. Des proies pour tous ces charognards. Pour les maladies et le désespoir. Ils vieillissaient sans cesse. Mourraient jeunes pour la plupart. Ou bien trop longtemps pour leur âme. Les religions, leur permettaient de voir une lueur. Ne serait-ce qu’un peu. Si leurs prières étaient vaines… Il était compréhensible qu’ils se relayent au Ciel. Je le comprenais. Moi, coquille vide. Je n’avais aucun ressenti, mais je voyais. Leur souffrance. Leur bonheur. Toutes ces émotions dont ils font preuve. Alors non. Je ne peux leur en vouloir. Ils ont le droit de se tromper et de me détester. Je reste un démon. Cela ne me fait que peu d’effets. Je ne cherche pas leur admiration. Les humains sont aussi stupides. Ils se dévalorisent. Mais ce n’est pas ce qu’ils méritent. Vous devriez pendre plus soin de vous-même. Et avoir confiance en vos capacités, même en tant que « faibles »… Ce passage de ma longue vie… M’aura permis de penser ainsi. Et aussi, je me suis rendu compte que je ne devais pas refaire les mêmes erreurs. Les laisser croire que je suis Dieu… Depuis ce jour, l’idée m’ait… Désagréable ? Je n’en sais rien. Mais je ne laisserais plus personne le croire. Je me suis promis de ne plus jamais briser leurs espoirs. Votre Espoir. Désormais blâmé, je les ais quittés.

De nouveau, je me suis mis à errer.

Savez-vous ce qu’il s’est passé à la fin de l’Époque de Heian ? Aujourd’hui, peut-être cela vous paraît tout simplement normal… Peut-être que vous aurez du mal à le croire… Néanmoins, c’est à ce moment-là que sont nés les premières classes guerrières. Une révolte qui avait sonné le glas d’un nouvel acte. Depuis les montagnes, j’ai pu observer ces changements. Je les ai regardés… Les prémices de la Guerre. À ce moment-là, je m’éloignais de la violence. Sans doute trop las depuis ce temps… J’ai commencé à aussi aider les yokais. À ne pas suivre uniquement mon instinct. Mon sang. D’une certaine façon, j’ai connu l’émancipation. Comme un renouveau. Ma forme ne changeait pas. Mon âme toujours détachée. Mais, au moins, je m’ouvrais. Plus encore. Toujours plus. Vieillir permet de grandir. À force de voir les années s’écouler, la Vie peut être vue en grand. L’horizon s’étend. Je pense pouvoir être satisfait, d’avoir eu ces réflexions. Il n’y a pas que les Humains qui méritent d’être protégé. Je n’avais pas encore cette envie réelle de Paix. Non…

Je la connaîtrais avec la Guerre.

Comment cela a commencé ? C’est quand j’ai rencontré ce jeune humain. Je l’ai lui aussi protégé. Comme si je revivais cette histoire. Il m’a guidé à son chez-soi. Dans son village. Un village en ruines. Les survivants combattaient. Ils combattaient pour ne pas mourir. Ils combattaient les blessures. Les maladies. La Guerre était proche. Trop proche d’eux. Des causes stupides. Qui provoquaient bien des victimes. Ces gens-là, pour me remercier d’avoir sauvé un des leur, m’ont donné des mets. Des offrandes… Alors qu’ils avaient si peu… Mes yeux étaient vides. Et pourtant, je me suis penché vers eux. Avec douceur, je leur ai rendu leurs biens. Ici, ce n’étaient pas les Yokais qu’ils craignaient le plus. Mais bien les humains. Je n’avais pas à rester ici. Je n’avais qu’à partir. Pourtant, je ne l'ai pas fait. Je les aidais à se reconstruire. Petit à petit. Mais la guerre ne le permettait pas. Imprévisible. Incontrôlable. Elle ravage. Des guerriers qui venaient piller. De nouveaux morts à compter… Je suis resté en spectateur. Une minute. Un cri de douleur. Deux minutes. Un enfant en pleurs. Trois minutes…

Et c’était déjà trop.

On ne peut sauver un Tout. Il fallait se décider. J’ai renié ce que j’étais. Sans mettre de côté la nature avec laquelle je suis né. Ces humains qui étaient venus détruire leur tranquillité… Je les ai massacrés. Tous jusqu’au dernier. Ils n’étaient pas si nombreux. Alors cela se passa en une fraction de seconde. Reconnaissance et répulsion. Ces sentiments les ont envahis. Mais c’est ma main qu’ils ont saisi. J’entends encore leur remerciement. Sincères et puissants. Je crois… Que c’était la première fois, que je me suis senti touché par ces simples mots. Et que réellement, je me suis senti proche d’eux. Pas comme un Dieu. Mais bien comme un être vivant parmi eux. Protéger ce qu’on a à notre portée. Cela paraît simple, mais c’est si compliqué. Et à ce moment-là, je me suis décidé que j’allais me consacrer à ce que j’avais sous les yeux. Eux. Je m’y étais engagé… Je me suis particulièrement attaché. Ces habitants et leurs sourires malgré la vie difficile. Ce jeune garçon qui appréciait ma compagnie. Je me suis beaucoup lié à lui. Peut-être qu’il me voyait comme le père qu’il avait perdu. Moi comme un fils sans jamais en avoir eu. Je ne sais ce que c’est réellement… Mais j’imagine que c’était là notre relation. Alors… Lorsque des soldats sont venus recruter de nouvelles âmes charitables. Lorsqu’il accepta, je me suis décidé à l’accompagner. Je ne voulais tout simplement pas prendre le risque de le laisser mourir.

Pas ainsi.

Le sang sur le visage. Me voilà à me souiller. Encore une fois. L’odeur exécrable des flammes. Des cadavres. Rui derrière moi. Il se battait. Le corps tremblant. Je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça. Pourquoi il se mettait dans cet état… Il était faible alors à quoi ça sert ? Mais voilà… Il avait du désir. Il avait une flamme. Il voulait la paix de son village et pour cela, il fallait aussi se battre. La fin de la guerre, allait-elle réellement permettre tout cela ? Cela ne finissait pas. Et je ne pouvais me permettre de trop y prendre part. Je l’empêchais simplement de mourir. Je protégeais ses amis. Ou ceux qui méritaient encore de vivre. Et pendant quatre ans. Quatre années, où il n’a cessé de brandir son épée. Étais-je fier de ce qu’il était ? Hmm… C’est une bonne question. Je n’arrive pas à voir les gains qu’on reçoit en combattant pour ça… Et moi ? Peut-être cela paraît hypocrite au vu de mon passé. Mais c’est différent. Ma vie ne tient pas sur un fil fragile. Et au pire… J’ai tant vécu que mourir m’importe peu. Mais vous, vous avez tant de choses à découvrir. Pourquoi s’amuser à danser avec la Mort si jeune ? Pourquoi ne pas se laisser le choix de connaître ce qu’est un adulte ? Est-ce la peur qui vous anime ? La haine ?

Ou bien ne suis-je pas assez humain pour le comprendre ?

Music | Homura piano cover

Rui était néanmoins toujours en vie. Indemne. Il n’y eut aucune perte à déplorer à cause de la guerre… Pour le village tout du moins. Quelques malades auront connu le trépas. Mais il s’agissait d’une loi que je ne pouvais contraindre. J’acceptais facilement les morts. Et c’est toujours le cas d’ailleurs… Dans cette impassibilité, ils y ont trouvé un maigre réconfort. Néanmoins, cette paix que tous cherchaient, enfin, ils la voyaient. C’était une lueur qui leur semblait si précieuse. Je crois d’ailleurs, moi aussi l’avoir vu. L’avoir ressenti. Et avoir envie qu’elle perdure. Un apaisement dans leurs âmes. La vie, allait-elle être plus décente ? J’y ai cru moi aussi… Rui... Lui qui avait survécu pendant la guerre. Malgré la famine qu’il a connue. Sa volonté était sa force. Je pensais qu’il vivrait encore bien des années. Qu’il aurait une femme à aimer. Des enfants à éduquer. Une vie à mener. Jusqu’à la fin.

Je ne pensais pas le perdre de cette manière.

Une balade… Tout a commencé par une simple balade dans les bois… Soudain, il s’est senti essoufflé. Il hurlait à l’agonie tant, il avait mal. Sa respiration était sifflante. Sa douleur écrasante. Je le regardais. Je l’ai ramené. On a tous essayé de le soigner. Des herbes médicinales. Une hygiène adéquate. Rien n’était fait. Il arrivait à peine à parler. Durant la nuit, il n’y avait que nous deux. À son chevet, je veillais. Encore et toujours. Je m’occupais de lui. Mon regard s’est porté vers le ciel étoilé. Je l’ai observé silencieusement. C’est un sourire que j’ai vu sur son visage… Il m’a demandé si j’aimais les étoiles. Affirmant que mon regard était plus luisant… Que cela m’allait bien… Soudainement, je pris conscience que j’appréciais oui… Amusé par ma réaction, il a ri… Il avait enfin ri… Cela faisait des heures qu’il souffrait. Qu’il combattait… Mais il m’avait souri, j’entendais sa douleur dans chacune de ses paroles. Pourtant, je voulais malgré tout l’entendre. Un peu plus. Sa voix s’estompait en même temps que son cœur qui battait. Il m’a avoué me voir comme un père. Malgré mon apparence. Il m’a avoué avoir forgé des souvenirs qui lui sont chers. Qu’il souhaitait me rendre fier. Et timidement, je lui ai caressé la tête. Peut-être plus comme une mère… Son visage s’est déformé par les larmes. Ses mots étouffés par son agonie :

« Je veux vivre. »

Il a souhaité de tout son être :

« Je veux vivre. Je ne veux pas mourir. Je veux rester avec vous. Je veux voyager. Bâtir une vie dans une montagne. Trouver une femme.. Je veux que tu me vois devenir père. Je veux que tu puisses dire que ton fils a accompli sa vie. J’ai peur… La mort me fait peur. »

Prié de toute son âme :

« Dis, ma mort ne t’affectera pas non plus ? Est-ce que tu me pleureras ? Est-ce que cette fois-ci, tu regretteras la mort de quelqu’un ?»

Mon regard s’est posé sur lui. Ce que je lui ai répondu ?

« Oui. »

Pour la première fois de ma vie, j’ai menti. Et c’est dans mes bras qu’il a trouvé le trépas. Dans un sommeil entre les cauchemars et les rêves.
Je ne l’ai pas pleuré. Une vague impression dans mon cœur… C’est tout ce qui s’est passé. Pendant l’enterrement. Sous la pluie battante. J’observais le corps sans vie de « mon » enfant. En l’ayant abandonné dans un mensonge pour ses derniers instants. Je me suis senti vide…

Mais ne l’ai-je pas toujours été ?

Comme pour me faire pardonner de l’horreur dont j’ai fait preuve… J’ai proposé à ce que l’on quitte ces lieux. Que le village soit abandonné. Pour qu’il puisse connaître un renouveau ailleurs… Rui avait souhait voyagé. Construire quelque chose… C’était amer de ma part. De faire cela… Mais c’est ainsi qu’est né le village de Morinosora. Pourquoi avons-nous choisi les Terres d’Izumo ? Et bien… Les villageois disaient que cela leur porterait chance. C’était un peu loin. Mais ils étaient persuadés qu’ils arriveraient à faire le chemin. En exil, nos pas ont traversé les provinces. Moi en tant que gardien. Il y eut quelques décès sur la route. Un de plus, un de moins… Ils ne s’y faisaient pas. Pourtant, ils l’ont atteint. Cet objectif. Non loin des montagnes, là où ils se sentent le plus près des Dieux… C’est à ce moment-là que tout a commencé pour ce village. Qu’il a vu ses premières lueurs. Qu’il a connu ses premiers lever du soleil. Porteur d’un renouveau prospère.

Et le temps s’est écoulé.

J’ai marqué mon territoire et j’ai cherché la bonne entente avec les yokais des environs. Morinosora s’est construit petit à petit… Et si, au début, il y avait quelques difficultés. Quelques complications. Tous ont su les surmonter. Et on m’a nommé « Oni-sama »… L’Oni protecteur. Le gardien du village. Le maître de ces lieux… Certains de vos ancêtres finissaient toujours par me reconsidérer comme un Dieu. Un envoyé des Cieux. Et chaque fois, je redisais la même chose. Je vous laisse vous abreuver de tout cela. La suite, vous la connaissez.

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Music | Link's Awakening Medley

« Hein ? »

Tous en chœur, leurs voix ont résonné dans la pièce :

« Hm ? »

« Comment vous pouvez vous arrêtez-là ? »

« Comment ça ? »

« Il manque au moins 200 ans d’histoire ! C’est très frustrant ! »

« Je ne pense pas avoir réellement besoin d’en parler… Je veux dire, ma vie est devenue une banalité... »

« Il ne s’est vraiment rien passé ? »

Un instant de réflexion :

« Euh… Peut-être, je ne me souviens pas trop des détails, ça date… Je ne vous parle que de ce qui est marquant, sinon vous serez morts avant que j’ai fini mon histoire. Et je ne pense point que cela intéresse qui que ce soit de tout savoir. »

« Nous, on veut tout savoir sur vous. »

« C’est trop, je pense. »

« Bon et bien… Il n’y avait vraiment rien eu depuis ? Votre vie n’a vraiment connu aucun autre événement ? En plus de 200 ans ?! Vous ne me ferez pas croire ça. »

Un soupir qui franchit tes lèvres :

« Pas à ma connaissance… J’ai juste vécu au jour le jour, comme tout le monde. Combattu des yokais, essayé d’arrêter ces rumeurs étranges sur moi… Aidé à reconstruire le village lorsque la tempête le détruisait. J’ai rallié des yokais à ces terres et à ma façon de penser… Oh, j’ai peut-être quelques fois voyagé… Mais vous savez… Je me suis retiré de tout type de conflit depuis. J’ai appris ce que c’était de vivre tranquille. En paix. Et je n’ai plus cherché à la quitter. Ce village est dans les montagnes, les nouvelles guerres qui ont frappé, n’ont pas atteint notre territoire. En prenant en compte tout cela, comprenez bien que la vie ne m’a plus offert d’instants marquants. »

« J’imagine oui… Mais du coup… Au vu de votre histoire, vous êtes réellement puissant ! Pourquoi prétendre le contraire ? »

« Je l’ai été. Mais comme je l’ai déjà cité, à force de ne plus combattre, je me suis rouillé. Et cela me va très bien ainsi. C’est synonyme de prospérité. Oh… Mais ne vous inquiétez pas, je sais toujours me défendre. C’est dans la nature d’un démon. »

Une main se cramponne à toi timidement :

« Dites… Et cette fille alors ? »

« Cette fille ? »

« Oui… Votre fiancée… »

« Kiku ? Et bien, qu’il y a-t-il à son propos ? »

« C-comment vous l’avez rencontrée? Vous êtes vraiment promis l’un à l’autre depuis sa naissance ? V-Vous êtes vraiment amoureux d’elle ? Et c’est vrai que c’est elle qui vous as nommé Ōzora no Koe ? »

Beaucoup de questions d’un coup… Pourquoi être si curieux à ce sujet :

« Oui, tout est vrai. »

Le visage de l’enfant rougit, arboré d’un sourire candide :

«  Ōzora no Koe-sama est amoureux héhé. Dites dites, vous voulez bien nous raconter ? »

« En quoi est-ce intéressant ? »

« C’est une enfant, elle apprécie la romance. Quoique, moi aussi, j’aimerais savoir. »

« De la romance… Et bien, ainsi soit-il. »

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Music | Kamado Tanjirou no Uta Piano

Notre destin s’est lié bien avant sa naissance… Vous rappelez-vous de cette fois où je suis allé dans les montagnes ? Vous m’avez reproché d’être arrivé bien tard. De vous avoir inquiété… Et bien, ce jour-là, je l’ai rencontré. Son père amoché. Blessé. Par un conflit que même en tant qu’Oni, je n’arrive pas à comprendre. Ce Kirin, allais-je le défendre ? Dans une bataille entre deux clans où l’un est bienveillance, l’autre tromperie et insolence… En toute honnêteté, ce n’est pas que j’ai pris son parti… Cette histoire était tout simplement un problème en soit. Car ils vivaient dans les montagnes. Et pas si loin que cela de Morinosora. J’imagine que leurs conflits internes les ont occupés pendant des années. Je souhaite que ces terres ne soient pas synonymes de discorde. Je souhaite qu’ils puissent vivre en paix. Si c’est mon rêve ? Non… Ce serait présomptueux de ma part de comparer mes sentiments à quelque chose d’aussi grand… C’est juste mon rôle de penser ainsi. C’est inscrit dans ma nature. Rien de plus… Enfin… Aux côtés de ce yokai, je me suis rendu près de ses paires. De ses ennemis. Sans nom, je me suis malgré tout présenté. Tel que j’étais. Un Oni qui protège les humains. J’ai sauvé cet homme, et il était de mon devoir de le faire jusqu’au bout. J’ai donc essayé de calmer les choses. Certains sont plus têtus que d’autres. Mais certains savent aussi éprouver du respect pour leurs aînés. Ah, peut-être que lorsque pendant une fraction de seconde ils se rendus compte qu’ils étaient vulnérables et sans pouvoirs… Ça les a peut-être calmés. Mes capacités peuvent déstabiliser, il est vrai. Le temps a passé, les minutes se sont écoulées, mais, au final, tout s’est réglé.

C’est à ce moment-là qu’il m’a proposé sa main.

Cela semblait lui porter à cœur de me remercier. Comme à mes habitudes, je m’attendais à des offrandes. Des mets. Ou juste un remerciement. Cela m’allait. Cela me suffisait. Pourtant, sa récompense n’était autre que son enfant. Son enfant qui n’avait pas encore vu le jour. Une fiancée… Voilà une première. J’ai même cru qu’il avait plaisanté. Mon regard s’est figé et je me suis plongé dans une réflexion. Je sais ce qu’est d’aimer. Aimer avec tendresse et protection. Mais plus comme un père, une mère ou un frère. L’amour est pour moi quelque chose d’inexplicable. Une notion qui me paraît bien lointaine. Jamais mon cœur ne l’avait ressenti ainsi. Sans même sûr d’en être capable un jour… J’ai accepté malgré tout. Pourquoi ? Cela peut paraître laid de ma part, mais voilà. C’était par simple curiosité. Savoir ce que cela faisait. Jugez-moi si vous le voulez. Je comprendrais. Néanmoins… Pourrais-je aimer de cette manière ? Pourrait-on m’aimer en retour de cette façon ? Je voulais répondre à ces questions.

Perfide, non ?

Lorsqu’elle est née, je suis venu aux chevets de sa mère. L’enfant dans ses bras… Je me suis dit qu’il était égoïste de notre part de lui imposer cela. En acceptant cette offre, je l’ai condamné. Peut-être qu’une partie de moi l’a regretté… Je ne sais pas… Je n’ai pas osé l’approcher. Petite et fragile, je l’ai simplement observé. Sa mère abordait un sourire. Ah… Le bonheur de donner la vie. Ces moments que je n’avais jamais compris. Malgré les années passées, malgré avoir vu tant de nouveaux nés. Kiku… Son nom était Kiku. Je ne savais pas pourquoi ils l’avaient appelée ainsi, mais je trouvais cela joli. Cette demoiselle était ma promise. Elle aussi, je devais la protéger. L’aimer… Mais différemment des autres. Y arriverais-je ? Je vis depuis une éternité, je suis sage mais peut-être froid ? Vide de vie. Vide de sentiments. L’enchaîner à moi était bien cruel. Alors, je me suis promis que, si un jour, elle voulait, malgré tout briser ce lien. Je la laisserais faire. Je ne l’empêcherais guère. Cette pensée était sincère. Ah… C’était étrange…

Je me sentais à la fois si proche et si loin d’elle.

Kiku était une enfant pleine de vie. À rire. Sourire. Tout le contraire de ce que je suis… Mais... Depuis que ça mère était morte, elle semblait triste… Quelques-uns de ses camarades semblaient se moquer. Et ma présence, semblerait-il, lui était grandement importante. Peut-être rassurante. Je me tenais à ses côtés. Sans trop réellement me rapprocher. Je me demandais comment elle me voyait. Quel rôle elle me donnait. Je n’en savais rien, cependant, lorsqu’elle m’appelait, je lui répondais. Je lui répondrais. Pour l’éternité… Je jouais avec elle, je prenais de mon temps si libre pour le passer auprès de cette jeune demoiselle. En gardant toujours ce fossé qui nous séparait. Invisible, il était à ses yeux. Mais je savais que j’imposais cette distance entre nous. Parfois la prenant dans mes bras. Parfois la jetant en l’air pour entendre si rire comme si elle appréciait voler vers le ciel. Une fois, je lui ai offert un sourire. Sa main saisissait la mienne. Le Monde ne changeait pas pour moi. Ce que je ressentais à son égard était toujours similaire avec les autres. C’était la même étreinte. La même chaleur. La même douceur.

Kiku aura pourtant réussi à donner un peu plus de sens à ma vie.

Cette nuit-là, aura été la plus belle que je connaisse. Sur mes centaines et mes centaines d’années à vivre. C’est là que le ciel m’a semblé le plus beau. Le plus éclairé et le plus étoilé. Habituellement chacun à notre place, par un caprice de sa part, elle s’est rapprochée un peu plus de moi. Je l’ai prise dans mes bras. Et nous avons observé ces étoiles. Je ne sais pas ce qui lui a pris. Mais en me regardant avec innocence, elle m’a dit que vivre sans nom était triste. M’appelant toujours Oni-sama… Une identité à laquelle je m’étais habitué. Avoir un prénom ne m’apporterait rien de plus. L’idée ne m’était jamais venu. Kiku pourtant, elle m’a comparé aux étoiles. Lointain tout en paraissant si proche. Froid à l’extérieur, mais chaleureux à l’intérieur. Dans un élan d’inspiration, elle m’a donné ce nom. Ōzora no Koe. La voix du firmament… Elle m’a prise dans ses bras. Je n’ai rien dit. Je me suis juste figé. En me disant, c’est bien mon nom ? C’est quelque chose qui m’est unique. Quelque chose qui m’est propre. Ōzora no Koe… Il a résonné en moi comme la plus belle chose qui soit. Quelque chose s’est passé dans mon cœur. Je ne saurais dire ce que c’était. Mais, était-ce à cause des lucioles qui se sont éveillés que le monde m’a paru plus lumineux ? Aucune idée, mais je peux affirmer que ce jour-là m’est précieux.

Étonnement, je me suis apaisé dans cette étreinte.

Je me suis rapidement habitué à être appelé ainsi. J’ai décidé qu’on me nommerait ainsi. Ma vie semblait enfin avoir une nouvelle marque. Une preuve de mon existence… Depuis, je crois que Kiku s’est senti plus proche de moi. Peut-être était-ce réellement le cas. Néanmoins, il y aura eu des hauts et des bats. C’était une jeune yokai. Curieuse. Elle m’a demandé pourquoi ce lien… Pourquoi son destin était-il lié au mien… Je lui ai alors expliqué… Son père m’a offert sa main en récompense, et ce, avant sa naissance. Ces simples mots, auront eu plus d’impact que je ne l’aurais cru. Elle a fui en pleurant. J’ai commencé à tendre ma main. Pour la rattraper, pour l’en empêcher. Je me suis restreint. Je n’en avais pas le droit. Car j’ai conscience que ce lien, est le fruit d’un égoïsme. Un fruit dans lequel elle n’avait pas à croquer. Et puis… Que lui aurais-je dit ? Je ne savais même pas ce que j’aurais pu lui répondre. La réconforter ? J’en étais incapable. Si je la rattrapais, j’allais encore plus la blesser. Je le savais. Je n’ai pu qu’observer sa petite silhouette s’éloigner.

Voir derrière elle, le fossé encore plus se creuser.

Après cette discussion, elle n’a pas arrêté de me fuir dès qu’elle me voyait. Les nuits étaient plus froides. Je regardais seul les étoiles et je me rendais compte que sa présence m’apportait réellement quelque chose. Elle pleurait dès que nos regards se croisaient. Honnêtement, je ne savais plus comment réagir. J’ai essayé de lui adresser la parole. C’est la neige qui m’a accueilli et qui l’isole. Une tempête qui me raconte ce qu’elle ressent. Une tempête qui lui donne l’occasion à nouveau de me fuir. Je ne comprenais même pas pourquoi elle agissait ainsi ? Qu’est-ce qui la rendait si triste ? L’idée d’être liée à moi lui était si insupportable ? Partie… Ah… Je ne pouvais pas rester ainsi indéfiniment. Actuellement, elle était incontrôlable. Ne réfléchissait pas. Et si elle était là-bas ? Là où quelques yokais rôdent… Des yokais qui dévorent les autres… J’ai décidé de réellement agir et de la chercher. Encore et encore. Il m’aura fallu un peu de temps avant de la retrouver. Au loin, il m’a alors semblé avoir entendu une voix. Une voix qui m’appelait. Fragile et apeurée.

« Oz ». C’était elle, j’en étais persuadé.

Blessée et tremblante, je l’ai retrouvée aux creux des mains d’un démon. Sa taille était plus imposante que la mienne. La lance à la main, j’ai posé mon regard un instant sur la demoiselle. Ma main a essuyé le sang sur son front. D’un visage impassible, mais d’un geste plein de douceur. La lame s’est plantée dans le démon. Son cri de douleur a résonné. Moi, je le regardais. Sans m’en soucier. L’horreur des autres ne m’atteignait guère… Malgré le sang. Malgré sa peine. Délicatement, j’ai caressé la tête de Kiku. Si jeune et si sensible. Je me suis dit qu’il vaudrait mieux pas qu’elle fasse face à la scène. Ses mains se sont cramponnées à moi. Et je me suis dit qu’elle méritait vraiment que je la protège. Que je fasse de mon mieux. C’est avec sévérité que je me suis adressé. Des mots qui cherchaient un chemin sans violence à emprunter. Malgré le choix que je lui ai laissé, le démon ne m’a point écouté. Encore du rouge qui vient tâcher vos vêtements. Le sol. Et juste un sourd en face de moi. Un soupir m’échappe. Seule cette solution arrivait jusqu’à moi.

« Eiyen no Yoru. »

C’est le noir complet. C’est le silence complet. Déstabiliser. La petite toujours à mes côtés. Je la serre un peu plus. Je vais chercher mon arme et pendant ces secondes qui s’écoulent, c’est un massacre un sens unique qui a lieu. Tailladé de tous les côtés. Avec une force brute, je suis venu me poser sur son crâne. Plantant la lame. Moi seul pouvais entendre le son de ses os se craquer. Voir ce liquide se déverser. Ce cadavre de plus que j’ai piétiné. C’est aux pieds de cet arbre qu’elle a revu les lueurs du soleil. Voyant mon corps recouvert du sang du démon, devenu désormais, une âme errante. Essuyant un peu ces traces sur mon visage, je me suis penché vers elle. Sans attendre, je lui ai demandé. Pourquoi… Pourquoi elle s’était enfuie. Et si tout allait bien… Durant un moment, j’ai cru que ça allait redevenir comme avant entre nous. Qu’elle allait me répondre. M’expliquer. Tout ce que j’ai eu ? Un hochement de la tête. Et une enfant qui boude.

Décidément, j’ai dû mal à comprendre les comportements.

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Music | Champion's medley

« Pour la suite, je préfère me taire. Il n’y a pas beaucoup d’intérêt à en parler. »

« C’est cruel, vous savez ! »

« N’empêche c’est vraiment trop adorable !! »

« Si vous le dites... »

« Mais du coup vous vous êtes réconciliés ? »

« C’était il y a une quarantaine d’années, bien sûr que ça s’est calmé… »

« Hein ? »

« Un problème ? »

« Non du tout... »

Un silence vint frapper, une certaine brise qui s’entendait dehors :

« Bon les enfants, il serait temps d’arrêter de prendre le temps d’Ōzora no Koe-sama ! Les adultes doivent parler un peu entre eux ! »

« Rooh… D’accord ! Au revoir ! Dites, vous viendrez nous voir après ? »

« Oui. »

Des rires et le calme revient. Face à toi, l’humain baisse la tête. Son visage se montre attristé. Il avait pris sur lui durant ton récit. Face aux plus petits. Mais ton histoire semblait l’avoir touché. Sur bien des points… Sa voix se veut plus sereine, plus sérieuse :

« Tout ce que vous avez dit est vrai ? »

« Oui. »

« Je vois… Votre histoire… Me rend quelque peu triste. Vous avez vécu tant de choses. Vous êtes durs, avec les autres et avec vous-mêmes. Mais il est impossible de vous blâmer, vous si êtes si gentil… Mais.. Vous ne comprendrez sûrement pas ma peine à votre égard. »

Ton regard se pose sur lui. Il relève les yeux :

« Dites-moi… Vous lui avez déjà parlé de cela ? Votre histoire... »

« À qui ? »

« Dame Kiku... »

« ... »

« Vous ne l ‘avez pas fait ? »

« Je lui ai déjà raconté des histoires… Mais jamais réellement de mon passé. Ou du moins, pas de tout ce que je vous ai dit. Plus des trivialités. »

« Pourquoi ? »

« Quoi donc ? »

« Pourquoi ne rien lui dire ? »

« Quelle importance que je lui dise ou non ? »

« Ce n’est plus une enfant, vous le savez… Elle comprendra tout ce que vous dites. Contrairement à ceux qui étaient là juste avants… Tout ce que vous direz aura du sens, elle n’est plus innocente. Et c’est justement pour cela que vous ne voulez rien lui dire, n’est-ce pas ? »

« Pardon ? »

« Veuillez m’excuser pour les propos que j’annonce. Mais… N’auriez-vous pas peur qu’elle vous rejette en apprenant votre passé ? »

« Avoir peur ? Moi ? »

« Oui… Vous l’avez dit vous-même. Vous êtes un homme de péchés. Vous avez massacré, menti et parfois agit de façon… Perfide comme vous le dites… Tout ce sang que vous avez sur les mains. Tous ces sentiments que vous ne possédez pas. Ces moments où vous avez été cruel, à cause, de votre manque d’émotions… Je pense que vous avez peur de sa réaction.. Si elle apprenait tout ça. »

« Je ne m’inquiète pas de cela… Mais il est vrai que je ne sais pas comment elle réagirait… Je ne veux juste pas qu’elle se sente mal, j’imagine... »

Un sourire s’affiche sur son visage, un soupir et un murmure :

« Vous devriez être plus sincères avec ce que vous ressentez. »

Pas sûr d’avoir bien entendu. Tu te contentes de l’observer :

« Oh sinon ! J’avais pensé à faire une estampe pour conter la façon dont vous avez protégé le village ! Vous savez contre Naraku ! Ces deux jours étaient terribles ! »

« Pourquoi faire une estampe ? »

« Pour célébrer la victoire ? Certes, cela fait plusieurs mois déjà que tout cela a pris fin maaais, mieux vaut tard que jamais ! Et puis cela pourrait aussi être un message pour faire véhiculer que yokais et humains peuvent s’entendre ! »

« Fais ce que tu veux... »

« Il va falloir que vous me racontiez en détail ! »

« Hein ? »

« Allez s’il vous plaît ! »

« Ne fatigues-tu donc jamais à force de m’écouter parler et raconté mon passé ? »

« Non ! »

« Bon très bien... »

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Music | Ghost of Tsushima Suite II Shurai

La perle de Shikon-no-Tama. Sais-tu de quoi il s’agit ? Pourquoi a-t-elle été tant convoitée ? C’est en son sein que s’y trouve une puissance alléchante. Pour les yokais, le désir de s’en emparer est puissant. Je n’y étais pas, mais les rumeurs parviennent bien vite. La pierre s’est brisée, dispersée, ce fut le début des hostilités. Cet objet avec l’esprit de celui qui l’utilise. Son nom même en est la preuve. Il faut dire, c’est littéralement « la perle des 4 âmes ». Et que crois-tu qu’il soit arrivé lorsque plusieurs des fragments étaient à porter de tous ? À porter de ces yokais avides de puissance… Le chaos pouvait commencer. On a plutôt eu de la chance de notre côté… À ce niveau-là tout du moins. Car il a existé quelqu’un qui a su pleinement tiré profit de la Shikon-no-Tama. Son nom, tu le connais. C’est le fameux Naraku. Je ne l’ai jamais rencontré. Et c’est une bonne chose, car cela se serait mal passé… Non pour lui… Mais bien pour moi. À mon stade, j’aurais été incapable de le battre. D’où il tirait cette puissance ? De la pierre, mais pas seulement. J’en suis certain. Néanmoins, je ne connais pas les détails. Les seuls dégâts que nous avons, c’est lorsque ses sbires ont attaqué… Ah, quoique quelque temps auparavant un de ses alliés est venu me voir. Considéré comme un puissant. Quelqu’un qui pourrait être utile. Il m’a tendu la main. Demandant à ce que je les rejoigne.

Quelle stupide pensée.

Il aura essayé. Je ne sais pourquoi il eut cette idée… Il aurait dû se douter que je refuse. Mais, de ce fait, si je n’étais pas un allié. J’étais quelqu’un à défier. Je l’ai averti. Je suis pacifique. Je lui ai rappelé, dans quel camp je me situais. Et que s’il revenait, ce serait pour les hostilités. S’il osait remettre les pieds ici. Je le déchiquetterais. S’il osait s’en prendre à mes protégés. Humains ou yokais. Je ne me gênerais pas pour le massacrer. Mais, là, tu sais qu’il a fait abstraction de mon avertissement ? Il avait sans doute trop de fierté. Croyait-il que rameuter des alliés ça allait l’aider ? Semblerait-il. Mais, je ne les ais pas laissés posés un pied dans ce village. Je me le suis juré et jusqu’au bout, j’ai tenu cette promesse. J’ai tracé ma propre ligne de front. Une ligne qu’ils n’avaient en aucun cas le droit de dépasser.

Mais seul je n’y serais pas arrivé.

L’âge m’a rendu plus sage. Le manque de combat plus faible. Mais pas lâche. Certes, je ne me bats plus comme il y a fort longtemps. Certes, j’ai plus de difficultés, surtout sur la durée. À force de trop frapper, une lame finie forcément par rouiller… Tout comme n’importe laquelle des armes ou des boucliers. Il m’est impossible de toujours être préservé. Invulnérable ? Je ne le suis pas. Mais, pour autant, je ne craignais rien. Ils étaient plus nombreux, mais je n’étais pas seul non plus. Quelques humains qui savaient se battre. Quelques yokais qui se sont ralliés à moi. J’étais épaulé. Certes, peu nombreux étaient mes alliés. Mais c’était une charge en moins pour moi… Kiku ? Dès le départ, je lui ai dit de ne pas rentrer dans les conflits. De rester loin de tout ça et de me laisser faire. Rester en arrière. C’est ce que je lui imposais. Pour la protéger. Parce que je l’aime réellement. Si elle venait se battre à mes côtés, je n’étais pas sûr de toujours pouvoir lui servir de bouclier. J’étais plus rassuré qu’elle reste avec les plus faibles. Malheureusement, j’ai peut-être trop tendance à l’oublier…

C’est qu’elle a malgré tout du caractère la demoiselle.

Face à la horde de yokais interminables, pas une seule fois, je me suis reposé. Pas une fois, je me suis relâché. Et j’imagine que ma fiancée n’a pas trop apprécié. Les risques que je prenais… Alors malgré tout ce que je lui avais dit, elle a agi. Sans pour autant se mettre en danger. Tout en m’apportant le soutien dont j’avais besoin. Au final, sans elle, je pense qu’il y aurait eu plus de blessés. Sans les actes de chacun, le village aurait été touché. Y aurais-je perdu la vie ? Je ne sais pas honnêtement. Je ne suis point immortel. Mais malgré mes blessures, malgré ma vieillesse… Je suis toujours en vie. Peut-être de nouveau, j’aurais été le seul survivant… Je suis.. Non pas heureux… Je ne crois pas… Mais rassuré ? Je vais dire ça… Je suis rassuré que ce ne soit pas le cas. J’arrive encore à préserver mon rôle…

Mais je me demande pour combien de temps encore…

Oh… Tu veux savoir à quel point les combats étaient violents ? Veux-tu vraiment les détails ? J’ai déjà brisé mon image, mais, si tu veux réellement savoir… Tes camarades se sont faits arrachés des membres. Nos ennemis se sont faits décapités à coup de lance, de griffes. Tous ont été lacérés. Cela vaut aussi pour moi. C’était une odeur que je connaissais. Une odeur dont j’étais habitué. Elle ne m’a pas répugné, mais tu aurais vomi, je suppose. En voyant toutes ces entrailles. Lorsque des yokais combattent entre eux, ce n’est jamais la joie. Ce n’est jamais très beau. Quoique, nombreux trouvent un spectacle jouissif dans la violence et le sang. Parfois, on entend leurs rires amusés. Le pire c’est quand ils sont satisfaits d’un met. Mei est décédé en leur servant de pâture. Jin a perdu son bras et a hurlé à l’agonie. Pourtant, il a continué de se battre. Shigeru a dévoré un assaillant pour protéger Hana… Cette dernière se sera évanoui en voyant cela… Oh… Tu ne voulais pas ce genre de détails ? Mon combat contre ce fameux démon qui était venu me voir au départ. Ah. Je vois. Et bien, laisse-moi te le dire…

J’ai tenu parole.

Rapidement, il est venu jusqu’à moi. Rapidement, nous avions compris que cela était inévitable. Peut-être même dès notre rencontre. On savait qu’allait avoir lieu une confrontation. Il s’est beaucoup amusé de moi. Disant que j’étais plus faible qu’il ne l’avait pensé. Que je m’étais dégradé comparé aux légendes racontées à mon sujet. Qu’il parle. Je n’en avais que faire. Une dernière chance. Je lui ai laissé une dernière chance. Allait-il finir par abandonner ? Je n’y croyais guère. Sait-on jamais… À ton avis, comment il a réagi ? Il a ri. Ri de bon cœur. Trop passif pour lui. Pas assez avide. Il a raison. Je ne possède pas de flamme. Je ne possède rien qui fasse battre mon cœur à tout-va. Je ne sais que ce qu’est cette douce ardeur. Lui-même avait dû mal à le croire… Il m’a même demandé si je n’avais vraiment dévoré personne. Je lui ai dit que c’était déjà arrivé. Sur un de mes congénères qui avait essayé de faire de même. Que la seconde d’après j’ai vomi. Une nouvelle interrogation pour essayer de me comprendre. N’avais-tu vraiment éprouvé aucun plaisir ? Non. Même pas le sexe ? Encore moins. Je me demande par quoi il était surpris. Par mes réponses en elles-mêmes ou que j’accepte d’entretenir une discussion avec lui…

Sans doute les deux.

Il était sacrément bavard, mais il a fini par reprendre son sérieux. Se disant que j’étais ennuyeux. Qu’il allait me couper en deux, voir quel goût j’avais. Ce que je lui ai répondu ? Je n’avais pas envie de gerber alors de mon côté, je m’abstiendrais. Voilà les derniers mots que l’on s’est échangés. Lui qui était si confiant… Plus les minutes passaient, plus son visage se déformait. Ses émotions changeaient et la peur se lisait. Il était fort en effet. Contre le moi actuel, c’était un ennemi puissant. Comme je lui avais dit, je l’ai déchiqueté. Ma lance l’aura salué de tous les côtés. Sans un instant de répit. Ce qui lui manquait, c’était de l’expérience. À cause de sa prétention, il s’est fait massacré. Je lui ai brisé les bras avant d’entamer mon jugement. Tel un bourreau, j’ai abattu ma sentence. Les criminels sont décapités, tandis qu’ils ne peuvent pas bouger. Qu’ils sentent la mort arriver. Leur cou dénudé. Il n’a pas vu la lame arriver.

Mais il a senti la mort l’écraser.

Suite à ces longs combats… La paix pour nous n’était qu’une brise peut-être éphémère. Nul ne le savait. Naraku était encore là… Et j’aurais pu agir. J’aurais pu faire quelque chose. Si de notre côté, les victimes furent peu nombreuses. J’avais conscience que ce n’était pas le cas ailleurs. Je me rapellais des premières années de ma vie… Celles où le monde n’était que conflits. Celles où les yokais semaient la pagaille. Les humains à l’agonie. Moi qui les protégeais. Qui cherchait à Tous les protéger. Agir définitivement contre Naraku… C’était un choix qui s’offrait à moi. M’en mêler pour que cette « guerre » ne soit pas éternelle. Qu’elle ne s’étende pas sur trop d’années. Je m’y suis refusé. Peut-être aurais-je dû m’en mêler. Peut-être que cela aurait sauvé des vies. Mais j’ai cessé d’être cupide ainsi. Ces vies-là ne me concernaient pas. Humains ou pas. J’ai décidé de vivre uniquement pour ces montagnes. Pour Morinosora. Si je m’éloignais du village, vous auriez pu vous défendre… Je n’en doute pas. Mais ici, il n’y a point d’exterminateurs. De rares moines qui sont restés là. Des humains qui ont du courage. Des yokais… Mais malgré tout, ne serait-ce pas allé à l’encontre de mes pensées ? D’agir. Je crois juste que je suis las. Las de tout ça. De toute façon, je n’avais aucune excuse pour réellement intervenir. On ne m’a pas donné d’arguments pour le faire. Tout comme je savais que les enfants, les villageois, étaient rassurés que je sois là.

Alors comment aurais-je pu les laisser ?

J’ai juste fait mon devoir. Je ne crois pas qu’il y ait besoin de conter ce combat. De me mettre en valeur… Je ne le mérite pas. Ce titre qu’on a érigé autrefois. Dieu protecteur… Il ne me sied pas. Ce surnom auquel tous croient. Oni protecteur ou Gardien. Cela me ressemble un peu plus. Mais, je n'ai pas participé seul. Il ne faut pas l’oublier. Pour que je puisse m’occuper de moi-même de problèmes comme ça… Il faudrait que je m’entraîne de nouveaux. Que je goûte de nouveaux aux combats. Que mon corps soit de nouveau recouvert de sang. Et dans ces tas de chair, je retrouvais celui que j’étais d’antan. Je n’y vois plus aucun intérêt. À quoi bon ? Je préfère devenir faible plutôt que de tuer encore et encore. Je ne l’ai que trop fait. Je ne l’ai que trop souvent fait… Aujourd’hui encore… Lorsque quelqu’un dépasse les limites que j’impose, malgré mes propos… Je me dis seulement que je dois le tuer. Je ne pense pas que les autres ont le droit de dépassés les lois que j’impose. Mes pensées… Soit ils acceptent. Soit ils crèvent.

Je suis bel et bien un démon.

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Music | Credits - Botw

« Malgré ces détails, veux-tu réellement faire une estampe centrée sur moi ? »

« Oui. »

« Ce que tu peux être têtu. Je ne t’en empêcherais pas mais je ne comprends pas que tu puisses encore me regarder avec admiration. »

« Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais dans vos récits, si vous ne vous mettez guère en valeur, on y trouve aussi un peu de votre cœur. Et puis pour chaque villageois de Morinosora, il est difficile de penser autrement, vous devriez le savoir. »

« En effet. »

« Bien. Je vous remercie vraiment pour tout ce que vous avez dit. Que ce soit sur ces deux jours conflictuels… Ou votre passé en général. Je suis humblement reconnaissant de votre confiance. »

« Ce n’est point de la confiance. C’est juste que cela ne me dérange pas. Cela ne changera rien pour moi. Ah... Si, peut-être que tu arrêteras de penser à moi comme un Dieu. Que tu arrêteras vraiment. »

« Ahah… L’image que j’ai de vous ne peut être facilement brisée… Mais je m’acquitterais de ce péché. Ne vous en faites pas. Je crois comprendre un peu mieux les choses désormais… »

Pourtant, tu lui paraissais toujours aussi loin. Son cœur s’est serré tout le long. Il avait beaucoup d’informations à emmagasiner. Pour l’humain, il y avait une certaine difficulté :

« Tu as fini ? »

« Hm ? Quoi donc ? »

« Tes questions… Tu n’as plus rien à me demander ? »

« Oh… Cela fait déjà beaucoup et je ne voudrais pas prendre trop de votre temps. Je pense en avoir demandé assez. Et puis… Vous semblez vouloir y aller. Dame Kiku vous attend-elle ? »

« Comment l’as-tu deviné ? »

« Une intuition, je dirais. »

« Je vois. »

Tu te relèves. Malgré ce que tu as traversé, ce que tu as fait, en toi, il y voyait un être cher :

« Dites… Lors de son prochain départ… Comptez-vous partir en voyage auprès de votre aimée ? »

« Hmm… Je ne sais pas encore… Si elle ne me le demande pas, je ne pense pas… Je ne veux pas la forcer à supporter ma présence. »

« Vous devriez profiter de ces possibilités. Pouvoir être aux côtés de celle qui vous est précieuse. »

« Ce village aussi m’est précieux. »

« Là, c’est différent. Vous devriez le savoir. Je suis persuadé qu’elle serait heureuse que vous preniez des initiatives comme celles-ci. Vouloir apprendre à danser ne suffit pas. Il faut savoir faire le premier pas. »

« Je ne comprends pas... »

Un rire s’échappe :

« Vous êtes sage et plein de connaissances, mais en ce qui concerne cette matière, vous êtes pire qu’un enfant. »

« Quelle matière ? »

« Ce n’est rien ! Bon, vous devriez y aller. Elle vous attend, votre chère et tendre fiancée. »

« Oui en effet. Sur ce Masahiro, j’espère que tu as malgré tout passé un bon moment. »

« Bien sûr ! Chaque seconde passée à vos côtés est pour nous une bénédiction ! »

« Vous exagérez trop la chose. »

« Ce n’est que la vérité. »

« Tu diras aux enfants que je passerais les voir plus tard.»

Tu fermes les yeux, passes la porte et tu t’arrêtes une seconde. Tu te retournes, pose ton regard sur cet humain :

« Mashiro. Pour m’avoir écouté… Merci. »

Et tu es reparti. Lui surprit. Tes paroles, tu ne le sais pas, mais, cela l’a profondément affecté. Il s’est senti flatté. Heureux et apaisé. Et seul, il fait alors un geste tourné vers le ciel. Ses mains jointes, symbole de paroles tournées vers les Dieux :

« Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais.. Vos épaules portent un terrible fardeau. Votre âme est souillée et a bien de choses à supporter. Le jour où vos émotions se réveilleront… Votre peine fera de même avec passion. Vous n’arriverez pas à le supporter. Vous serez brisé. Vous vous rendez compte de tellement de choses que vous ne pourrez pas y faire face. Il suffit de vous connaître. De savoir pour le comprendre. Notre cher et tendre protecteur, veuillez excuser cette bien cruelle prière. Mais je souhaite que jamais vous n’ayez à savoir ce que c’est d’avoir un véritable cœur. Un cœur fait plein d’émotions.. C’est parce que vous êtes vide que vous êtes sauvé. C’est parce que vous êtes si impassible que vous êtes toujours en vie. Alors je prie, pour que jamais, cela n’arrive. Pardonnez-moi… Pardonnez mon égoïsme. Mais je tiens trop à vous pour vouloir cela. La douleur, vous n’avez pas à la connaître. Je ne veux pas que vous puissiez l’éprouver. Notre plus grande peur serait de lire en vous l’horreur. Une tristesse que personne ne pourrait comprendre ou consoler… Restez tel que vous êtes. C’est tout ce que je vous souhaite. »

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Music | Homura piano

Sur le chemin, tu te poses quelques instants. Un regard porté vers le ciel… Il y avait des vérités cachées qui remontaient. Après avoir parlé de tout ceci… Après avoir parlé de ces deux jours où tu t’es battu pour Morinosora. Où Kiku a aidé le village… Tu fais face à ce souvenir… Arrivé tout juste après cet événement. Kiku… En rentrant du village, tu l’avais cherché, tout en voulant savoir si tout le monde allait bien. S’il n’y avait eu vraiment aucun dégât dans le village. Un pas après l’autre. Toujours en alerte. C’est sa voix que tu as entendue. Celle de ton aimée. Tu t’es rapproché. Et pourtant… Quelques mots et tu t’es arrêté. Tu es resté derrière ce mur. Caché. À écouter. Une fille du village était à ses côtés. Ce qui t’empêchait de te manifester ?

« Vous n’avez pas l’air à l’aise avec nous depuis quelques années, je ne suis pas si vieille, mais je me rappelle que vous étiez une jeune femme tellement joyeuse. »

C’est cette humaine qui en avait fait la réflexion. Quelque chose dont tu ne t’étais jamais réellement rendu compte. Certes, depuis longtemps, tu avais remarqué que son comportement avait un peu changé. Mais tu te disais simplement qu’elle grandissait. Ou bien étais-tu trop aveugle pour voir la vérité ? Et.. Alors qu’elle demande pourquoi… Ta fiancée finira par lui expliquer. Une blessure ? De quelle blessure parlait-elle ? Tu écoutais son histoire… Cet événement qui la marqua. Figé sur place. En voulant sauver une humaine, elle a été souillée. Blessée. Tout ça pour quoi ? Parce qu’elle t’avait observé. Toi, qui avais pris sous ton aile les humains. Toi qui semblais si bien à leurs côtés. Cette douceur dont tu faisais preuve. Cet amour que tu éprouvais envers eux.

C’était de ta faute.

Il y eut une étrange sensation dans ton cœur. Tu ne sais ce que c’était. Sans doute la fatigue à cause des combats. C’est ce que tu te disais. Tu t’apprêtais à repartir. Puis…

« Vous en avez parlé à Oz-sama ? Il comprendrait peut-êt… »

Coupée court par les propos de ta demoiselle. Celle-ci fut bien claire. Parlant d’assurance qu'elle ne possédait pas.

« Même si je lui disais... Il ne comprendrait sûrement pas et ne saurait que dire... »

Souffrir en silence pour ne pas te gêner. Pour ne pas être blessée encore plus qu’elle ne l’était… Le pire dans tout cela… C’est qu’elle avait vu juste. Tu n’avais aucun ressenti. Tu étais juste vide. Ton visage peut-être plus froid… Ou alors était-ce de la tristesse dans ton regard ? Non… Tu n’en avais pas. Tu n’en avais jamais eu. Kiku, avait-elle peur de ton indifférence ? Oui… Tu le savais… À quel point étais-tu cruel ? À quel point allais-tu continuer de la blesser comme ça ? Mais tu en avais conscience… Tu ne devais pas lui en parler. Tu n’avais pas le droit d’aborder le sujet. Parce que comme elle l’avait si bien dit, tu ne saurais quoi dire. Tu te montrerais sous le même jour. Une vision qu’elle risquerait ne pas supporter. Alors tu as tourné les talons. Rejoins tes compagnons blessés. Tout en gardant en tête ce qui venait de se passer. Tout en restant impassible et vide.

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Music | Epilogue - Botw

Retour à la réalité. Tu reprends ton chemin jusqu’à ton aimée. En la voyant, tu t’approches doucement. Tu poses ta tête sur son épaule. Comme quelqu’un qui cherche du réconfort. Mais à ses yeux sans doute, c’était juste que tu fatiguais. Ce n’était rien d’émotif. Quoique peut-être une attention à son égard. À tes yeux non plus ce n’était pas comme si tu cherchais du réconfort. Bien au contraire. C’était plus elle qui en avait besoin. Ton attention avait plutôt été le contraire. Tu avais cherché à la prendre dans tes bras. Mais, en repensant à tout ça, tu t’es résigné. Tu t’es penché sur les sentiments qu’elle pouvait ressentir. Et dans cet abandon, ta tête s’est simplement posée contre elle. Repensant aux paroles d’un ami. Le premier pas hein :

« Dis Kiku… Lorsque tu voudras partir en voyage… »

Quelques secondes de silence :

« Pourrais-je venir avec toi ? »