[+18] Take my breath. PV Emi

Dès les premiers instants en dehors de ton île, tu étais perdue, mais aussi rêveuse. Observant silencieusement les alentours, apprenant et réapprenant ce que tu as avais loupé ou oublié de la vie. Le chemin en barque était étrange, après tout, l'unique trajet que tu y avais fais - c'était il y a une décennie en arrière et tu étais trop épuisée par tes blessures pour te rappeler de la traversée jusqu'à l'île.

À l'autre bord de la rive, tout était étrange. Il y avait des choses qui te restaient familières et des choses qui te sont maintenant totalement inconnues. Tu laissais Sasori agir et avancé, n'ayant plus du tout l'habitude de vivre en dehors de ton ancien havre de paix. Mais surtout, ayant bien trop de choses à savoir ou à te souvenir. Tu avais regardé le canasson qui t'étais dédiée, en avouant au Yôkai de ta voix paisible que tu ne savais pas manipuler de montures. Il n'y avait pas vraiment de honte à cela, c'était juste un fait. Si on ne t'a jamais poussé à en faire auparavant, c'est que cela ne devait pas être si important ? Tu ne saurais dire.

Tu observais Sasori monter sans difficulté sur la brave bête, avant de te tendre sa grande main. De quoi accentuer ta confusion, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir. Mais toujours dans cette confiance aveugle, tu prends cette main tendue et il n'en faut pas plus pour qu'il te tire pour te monter à ses côtés. Tu es surprise en finissant sur ses jambes, mais nullement dérangée. Il ne te fallu pas longtemps pour te faire à l'idée (quelques secondes), et simplement te positionner pour ne pas tomber et être un peu plus confortable. Un petit sourire s'était formé sur tes lèvres, le moindre contact avec le Yôkai t'enjouait.

Vous avez pris la route ainsi pendant trois jours, avec évidemment certaines pauses. Mais qui semblait être plus pour toi, que pour lui. Tu as profité pour perdre ton regard vers les nouveaux horizons. Tu as profité du temps à votre disposition pour échanger plus amplement avec la source de ta fascination. Et tu as pu pleinement profité du contact qui t'était littéralement offert. Tu ne sais pas pourquoi, tu ne pouvais t'empêcher d'avoir parfois une main qui se perd sur l'homme. Que ce soit par curiosité ou pour passer le temps quand rien ne portait ton intérêt sur le moment. Il t'arrivait aussi de trouver le repos contre son torse, le temps de quelques heures. Profitant de sa chaleur, de son odeur.

Vous arrivez finalement dans la Province de Bichû, et c'est dans une forêt que vous finissez pour prendre une nouvelle pose. Ainsi, comme d'habitude, Sasori te fait descendre du cheval et te laisse légèrement vaquer le tend qu'il attache la monture quelque part. Cela te permet de dégourdir, lentement mais sûrement, tes jambes. Mais aussi de profiter pleinement du milieu qui vous entoure. Ton regard améthyste se perd tranquillement sur la faune et la flore au alentour, tantôt par simple désir de connaître, tantôt par possibilité de les reproduire plus tard en potentiel Shikigami.

D'ailleurs, tu as toujours pris la manie d'en générer un lors de vos pauses. Que ce soit par habitude d'en avoir au moins un à tes côtés, ou que ce soit dans le but de découvrir plus sur l'endroit. Ainsi, tu observes pendant quelques instants le Shikigami-Libellule que tu viens de former, et finalement le laisser vaquer dans les environs. Pour découvrir et espionner pour toi. Tu en profites aussi pour te rafraîchir un peu le visage et le cou, avec l'eau de la clairière non loin.

Tu étais en train de refaire ta tresse lorsque l'homme revient vers toi. La forte proximité ne te dérange pas vraiment, tu serais même la dernière personne à qui cela dérangerait. Tu peux pratiquement sentir la chaleur que son corps émane et inversement, il pourrait pratiquement ressentir l'humidité qui arbore ta face et ta nuque récemment aspergée d'eau. Des gouttelettes ruisselant jusqu'à ton menton et d'autres se perdant dans ton col. Tu continues machinalement ton travail capillaire, mais non sans répondre à Sasori.   

"Vous me prenez toujours de court avec cette question, mais je dirais quelque chose de pas trop lourd à porter à l'estomac ? Je n'ai pas grandement bougé ces derniers temps après tout." Après tout, n'ayant connu que la cuisine de ton père et la tienne avant tout ça, manger était plus un besoin qu'un plaisir. Tu pensais d'ailleurs que le plaisir que tu prenais à manger les mets envoyés par ton ancien protecteur venait juste de l'aspect divin de la chose.

Donc la première fois que l'homme t'avait posé cette question, tu ne savais pas quoi répondre et même maintenant, tes réponses sont encore assez vagues. Mais chaque plat que tu as pu consommé en compagnie de Sasori était de bonnes agréables découvertes. Tu appréciais innocemment chaque repas depuis le début du voyage.

Ton regard améthyste se perd tantôt sur le visage si proche de Sasori, tantôt sa large main qui maintient l'une des tiennes, tantôt dans ta tresse qui commence à lentement se défaire d'elle-même. Tu ne savais pas vraiment quelle était la différence entre les avoir attaché ou non, c'est juste une habitude que tu as prise, c'est juste une des nombreuses choses que ton père mettait un point d'honneur à le faire de lui-même. La normalité pour toi est de les voir en tresse, mais les laisser relâché durant votre pause ici ne semble pas être chose impossible. Ainsi, tu acquiesces doucement.

Alors qu'il finit par s'éloigner, cette habituelle déception te prend. Tu ne saurais dire d'où vient cette avidité d'être constamment à ses côtés, d'être constamment près de lui. Tu ne dis rien à ce sujet, même si ton visage affiche clairement une moue un peu boudeuse, alors que tu commences donc à défaire ce qui restait de ta tresse.

"Je vous attendrais, mais ne tardez pas trop. Des fleurs risqueraient de pousser entre-temps." Dis-tu d'un ton légèrement amusé au Yôkai qui commence à prendre la route vers un village proche. Oh, tu serais bien capable de faire apparaître des plantes de suite, mais c'est ta manière à toi de taquiner. Ce n'est pas réellement dans tes habitudes d'être ainsi, mais tu ne saurais dire pourquoi, la présence de Sasori te pousse à agir plus... librement ?

Mais bon, tu observes longuement le Yôkai partir au loin. Une fois que tu ne sois plus capable de voir, ton regard se reporte finalement sur la clairière. Tu fixes longuement ton reflet sur la surface de l'eau, observant ta personne avec les cheveux détachés. Certes, cela change de d'habitude, mais tu ne vois pas vraiment l'importance derrière ça. L'homme avait un but derrière cette demande, ou est-ce juste qu'il préfère ta chevelure ainsi ? Tu ne saurais pas dire... Tu remets pensivement quelques mèches tombant sur ta face.

Tu ne sais pas combien de temps il faudra pour Sasori de revenir, mais tu devrais faire comme il t'a dit et te rafraîchir. Ainsi, tu cherches machinalement dans tes affaires un Yukata de rechange et une des fioles aromatiques tu avais fais sur ton île. Le voyage a été plutôt long, donc un brin de toilette ne te fera pas de mal. Ainsi, tu profites pleinement de la clairière pour laver ton corps et ta longue chevelure. Bien que tu n'étais plus sur ton île, ton absence de pudeur est restée. Tu prends ton temps, pour te complaire de la fraîcheur de l'eau, pour humer avec satisfaction la douce odeur qui orne à nouveau ta peau. Tu souris à cela.

Une fois contente de ta personne rafraîchie, tu finis par recouvrir ton corps trempé avec le Yukata que tu avais sorti de tes affaires. Tu profites d'ailleurs de quelques secondes du tissu qui te couvre, pour admirer sa douceur, admirer ses motifs. L'homme ne devrait pas tarder d'ailleurs, à moins qu'il est déjà revenu ? Tu n'as pas vraiment fait attention.

Tu observes donc le bord de la clairière, là où on t'avait laissé, à juste quelques mètres de là. Cherchant à voir si le Yôkai était finalement de retour du village ou non.

À la vue du Yôkai, ton sourire s'élargit, alors que tu t'approches d'un pas plus pressé du bord de la clairière. Tu lui souhaites un bon retour, bien que ce sont des mots que tu avais longtemps oublié depuis ta vie en solitaire. C'était étrange de pouvoir les redire, mais pas déplaisant. Tu prends prestement la nourriture qui t'était tendue, observant curieusement les mets qui s'y trouvent. Tu n'avais jamais vu ça auparavant, de quoi te rendre bien curieuse.

Tu t'installes donc sur le rebord du point d'eau, laissant tes pieds profiter de cette continuelle fraîcheur et observant un peu le plat qui t'était inconnu. Tu peux deviner que ce sont des crevettes de par la forme et surtout tu peux voir que c'est un met très chaud. Il faudra que tu fasses attention en mangeant ça. Heureusement, tes petites analyses curieuses ont permis à ce que le plat soit assez refroidi pour être prise par tes fragiles mains. Ainsi, c'est ce que tu fais.

Tu observes une dernière fois l'étrange crevette en main, avant de finalement te mettre à y goûter. Ne sachant pas trop comment t'y prendre et ne voulant pas te brûler, tu tentes timidement le bout. Tu peux sentir la chaleur du met entre tes lèvres, alors que l'étonnant goût de la friture t'arrive déjà au palais. Tu es surprise par ce goût inconnu, mais tu l'apprécies. Finissant par réellement goûter au met. C'est évidemment le crustacé qu'il représente au niveau des saveurs, mais cette étrange couche qui le recouvre rajoute quelque chose de très appréciable. Mais en effet..

...C'est chaud.

Ainsi pour les autres bouchés, tu te prends à délicatement souffler le bout. Tu prends ton temps pour manger, mais il est facile de voir que cela te plaît et te rend curieuse sur bien des points. Surtout tes diverses méthodes pour voir quelle serait la meilleure manière de les dévorer. Mordiller, croquer, lécher parfois. Tu étudies avec curiosité la chose, avant de finalement saisir ce qui serait la manière 'normale' de prendre en bouche. Ainsi, tu finis par dire :

"C'est un plait très intéressant à découvrir, j'apprécie grandement le goût en tout cas. Merci beaucoup."

Maintenant que tu as finis d'être absorbée par l'étrange met, ton regard améthyste se repose sur l'être de ta réelle fascination. Observant l'homme qui semble à son tour se rafraîchir grâce au cour d'eau. Tu as toujours ton regard qui finit captivé par le corps du Yôkai, que ce soit sa figure ou les marques sombres qu'il arbore. Actuellement, toute ton attention est posée sur le puissant dos qui te faisait face.

Tu seras toujours fascinée par la différence de silhouette et de la sienne. Si délicate et si fragile de ton côté. Si brut et si puissant de son côté. Tu ne cesseras sûrement jamais de l'observer, de l'admirer sous tous ses attraits.

De te laisser être continuellement charmée.

Tu avais finalement terminé les mets, nettoyant et rangeant sagement le rouleau de bambou qui avait servi pour les transporter. Tu t'attelais paisiblement à la tâche, ignare des regards et des désirs du Yôkai à tes côtés. Heureusement que le climat était encore chaud à cette saison, car tu aurais pu avoir de mal à rester aussi longtemps mouillée. Ta longue chevelure violacée toujours fortement trempée, te narguant parfois avec quelques gouttes qui te procurent des frissons de temps à autre. Ton yukata claire qui te colle encore la peau, bien loin d'être sec après avoir été en contact de ton corps après ta toilette, rendant le tissu presque transparent. Tu aurais facilement pris froid à un autre moment de l'année.

Tu étais prête à rester sagement dans ton coin, à attendre que Sasori finisse de faire ce qu'il a à faire, à attendre qu'il te dise quelque chose, que ce soit pour annoncer votre départ ou juste amorcer une conversation. Loin de ton île, tu es presque comme une enfant perdue, ainsi tu cherches à chaque fois à être guidée par le Yôkai. Tu lui fais confiance.

Ainsi, tu ne peux être que enjouée lorsqu'il te dit de t'approcher. Ton sourire s'élargit, se fait plus béant, alors que tu te lèves pour aller vers lui. T'approcher de lui, redevenir avide de ce contact alors que tu avais déjà pleinement profité durant ces trois derniers jours.

Tu ne le questionnes par sur sa demande.
Allant juste volontiers à ses côtés.

Et comme d'habitude, tu es si proche. Si innocente et ignorante de la proximité minimale que deux êtres devraient normalement avoir. Ce n'est plus une question de quelques centimètres qui pourraient vous séparer, tu es pratiquement collée à lui. Le haut de ton corps contre le siens. Ton regard admirant continuellement ses traits, se perdant parfois sur les perles d'eau qui glissent sur sa peau ou qui chutent - tantôt finissant à vos pieds, tantôt finissant par taquiner ta propre personne. Perlant hasardeusement ta figure, le dessus de ta poitrine ou juste finissant par se perdre dans ton kimono déjà trempé. Tu ne dis rien, profitant juste du contact. L'observant, attendant sa réaction.

Car même si tu ne le questionnes pas...
Ta curiosité est grande, très grande.  

Tes prunelles violettes scintillent d'une certaine impatience. Tu souris, simplement heureuse d'être à nouveau proche de lui. De pouvoir profiter de sa chaleur, de son odeur, et de son aura. À la fois intimidante et étrangement réconfortante.

Une présence dont tu as besoin, dont tu désires garder le plus longtemps à tes côtés. Juste... Fascinée, charmée.

Toi qui attendait une certaine impatience la raison de te rapprocher de l'homme, bien que cela ne te dérange aucunement - au contraire, tu finis littéralement plaqué contre le corps du Yôkai. Tes mains ont machinalement trouvé leur place habituelle, contre le torse nu de l'homme. Tu observes Sasori, curieuse de sa brusque étreinte, de son puissant bras qui t'emprisonne et qui te garde contre lui.

Tu gardes tes traits curieux et innocents, alors que vos visages sont maintenant si proche. Tu pouvais sentir son souffle sur toi, et pratiquement sentir le tiens sur lui. Cette nouvelle proximité t'intrigue, mais te plaît fortement. Quelque chose t'attire dans ses gestes, dans sa manière de faire, du contact que tu n'es pas celle qui a initié.

C'est surprenant, c'est mystifiant, c'est captivant.

"Je me souviens, oui." Dis-tu simplement, purement, gardant ton regard mauve dans le regard rouge sang de l'homme, de la source de ta fascination. Tu ne sais pas vraiment où il veut en venir, mais tu ne cherches pas à le fuir. Ta confiance est aveugle, ta naïveté est sans faille. Tu as beau avoir bientôt vécu trois décennies, tu as encore tant à apprendre. Que ce soit sur ce monde, que ce soit sur tes capacités, que ce soit sur les gens qui peuplent ce monde... Que ce soit les dangers qui peuvent ronger ce monde. Tu es ignare de ce qui va arriver, tu es ignorante du danger que peut être, non, qu'est l'homme contre toi. Ta pureté te perdra.

Ainsi, tu laisses innocemment la main du Yôkai se promener sur ta joue, longer ta gorge et finir au-dessus de ta poitrine. Tu pouvais voir que ses yeux carmins t'avaient quitté quelques instants pour suivre le trajet de ses doigts. Tu frissonnes quelque peu à ce contact. Si habituée à toucher les autres, mais si peu habituée à être touchée en retour.

Tu apprécies beaucoup trop ce sentiment inconnu qui te prend petit à petit. Une étrange émotion qui te ronge, qui t'empoisonne, qui t'hypnotise pour en désirer plus.

Et tu reçois bel et bien plus.

Spoiler:

Et pourtant, tu n'as qu'un désir.
Que cela ne s'arrête jamais. 

Au fil des secondes, au fil des échanges, ton esprit s'évade. Oubliant tout ce qui vous entoure, ne te focalisant que sur Sasori, sur toi, et les actes que vous partagez actuellement. Bien que tu ne saisis pas leur teneur, tu les souhaites et les désires plus que tout. Vivre ainsi éternellement, dans ces émotions qui te dépassent et qui te noient complétement.

Une étrange chaleur, une étrange palpitation.

Des sentiments inconnus que tu ne saurais comparer avec ce que tu as connu dans ta vie. Et pour toi, ce bien-être et ce mystère qui entourent vos actes ne peuvent te faire penser qu'à une chose : L'amour et l'affection que tu as tant cherchés. Cela ne peut être que ça à tes yeux...

À ces instants, ta fascination évolue.

Spoiler:

Tu ne sais plus quoi penser de toutes ses sensations nouvelles, gardant comme tu peux ton regard dans celui de Sasori. Tu es presque gênée, devenant plus timide dans ta façon d'être, mais sans en connaître la raison.