Do you trust me? [Ken]

C’est un jour comme un autre. La journée a commencé par une légère dispute avec Anka sur un sujet dont tu ne te souviens même plus. Vos petites querelles sont une routine maintenant, mais votre départ a été retardé par votre manque d’informations. Tu ne sais pas où chercher, alors tu questionnes un peu tout le monde, sans oublier les étrangers de Kawagoye qui visitent le village. Tu n’en loupes pas un seul.

Tu le dois à Anka.

C’est en soupirant que tu laisses le bicolore au village après avoir annoncé que tu allais courir dans la forêt. De toute façon, au moindre pépin, il rappliquerait directement, donc autant ne pas trop s’inquiéter. Les attaques se sont calmées, tu en as donc profité pour reprendre tes exercices. Tu t’es alors étiré, puis a commencé ta course d’endurance à travers les champs, puis à travers bois.

Tout est calme.

Comme le paysage d’une carte postale de ton époque. Comme une sorte de jeu vidéo. Irréel. C’est le mot qui ne te quitte pas depuis que tu es arrivé par ce puits, sans trop savoir comment. Tu as été appelé ici, par tu ne sais quoi ou tu ne sais qui.

Tous les jours,
tu as cette sensation,
que quelque part,
on attend quelque chose
de Kurage Ken.

Mais quoi ?

Tu ne connais pas grand-chose de ce monde, de ces créatures qui peuplent ce Japon totalement différent des livres d’Histoire. Tu ne peux pas te sentir totalement connecté à ce que tu vis, car toute ta vie, on t’a clamé tant d’autres choses.

Perdu dans tes pensées,
tu t’enfonces dans la forêt.

Tu t’arrêtes soudainement dans ta course lorsque tu vois un corps sur le sol. Ton coeur cesse de battre un instant, la panique te gagne. Et s’il s’agissait d’un mort ? Tu recules doucement d’un pas, puis deux, jusqu’à avoir cette envie folle de rebrousser chemin.

Cependant un gémissement t’arrête net dans ta réflexion.

Il ne s’agit pas d’un cadavre. Tu te retrouves un peu plus soulagé. Inspirant longuement, tu t’approches doucement de cette masse échouée sur la verdure et quelques brindilles. La couleur de ses cheveux t’intrigue immédiatement, tu la trouves si belle … Tu remarques ses oreilles et comprends instantanément la nature de cette personne.

Un instant de réflexion.

Attrapant délicatement le louveteau dans tes bras, tu décides de le transporter dans un endroit moins dangereux, moins aléatoire. Tu connais cet immense arbre dans la forêt d’Inuyasha, lieu dit sacré par les villageois de Kawagoye. Ce n’est pas très loin, tu le sais. Tu t’en rappelles.

Et alors dans ta tête, tout se déroule très vite.
De l’instant où tu déposes l’adolescent au pied de l’arbre, où tu examines son corps rempli de blessures sans savoir comment faire, où tu cours jusqu’à la maison de la vieille Kaede pour lui demander de l’aide (et par chance, tu n’as pas croisé Anka, parce qu’avec le sang sur tes vêtements, il aurait surréagit) au moment où tu le soignes suivant les conseils de la grand-mère, il ne se passe que deux petites heures.

Une fois tout cela terminé, tu retires ton haut sali et soupires un bon coup. Tu ne sais pas comment tu as géré la situation, mais au moins, le sang sur l’inconnu a arrêté de couler. Tu te prends un instant pour regarder la cime de l’arbre. En vérité Goshinboku est si grand que tu ne la vois pas. Il semble sorti d’un jeu vidéo lui aussi.

Ton époque te manque parfois.

Après quelques minutes à rester au calme, tu sens une nostalgie te prendre, monter en toi comme un gros nuage gris au-dessus de ta tête. Tu souffles et commences à ranger dans un petit sac végétal les divers baumes et bandages qui restent. Dans ton geste ordonné, tu sursautes à l’entente d’un gémissement plaintif dans ton dos.

Trop rapidement, tu te tournes vers lui.
Et tombes sur tes fesses.

Tu te contentes de l’observer, de vérifier que dans son élan de fuite, il n’a pas rouvert une blessure. Ton regard est fixé sur les divers pansements et bandages qui couvrent son corps alors qu’il te demande qui tu es. Tu ne comprends pas le sens des mots suivants, il a surtout l’air d’avoir peur. Plus que toi en fait.

Tu fronces les sourcils d’un air sévère. Il ne peut pas gesticuler comme ça, il va saboter tout les soins que tu lui as prodigués.

« Est-ce que vous pourriez … Rester calme ? J’ai mis du temps à arrêter le saignement de vos blessures, et je ne sais pas si j’en serai capable une deuxième fois. »

Tu t’approches de lui comme si c’était la chose la plus normale pour toi. Ça l’est, mais peut-être que cet inconnu n’est pas du même avis.

« Je vous ai trouvé inconscient dans la forêt. Je vous ai ramené ici parce que les gens disent que cet arbre est sacré, je me suis dit qu’il vous protégerait le temps que je cherche de l’aide. Je suis désolé si ça vous a surpris. Je m’appelle Ken, et je vis à Kawagoye en ce moment, c’est tout près. »

Un léger sourire sur ton visage si dur, si peu aimable d’ordinaire. Malgré le calme qui plane sur toi, il n’en est rien. Tu es super anxieux, tes mains commencent à trembler malgré le contrôle que tu essaies de garder.