Hanahaki Itoe | Sous les cerisiers sont enterrés des cadavres [100%]

Histoire ;

[ Vient te mettre en pls avec cette musique ]

On raconte que sous les cerisiers sont enterrés des cadavres... Pour toi, cela n'a jamais été aussi vrai... Mais avant, il vaudrait mieux vous comment ils étaient de leur vivant. Qui sont tous ces vingtaines de corps que tu as inhumé sous les arbres qui entouraient le Village des Exterminateurs de Shimōsa d'antan ? Pour qui tu priais le repos de leur âme ayant rejoint le Yomi ? Comment ces personnes ont vécus, comment ces gens ont contribués à ta vie et à ton existence ? C'est le cœur meurtri et coupable que tu as été forcée de faire tes adieux à tous les êtres qui t'étaient chers en ce monde, sous le regard des cerisiers en fleurs.

Une grande main, d'une présence chaleureuse, qui te caresse affectueusement le haut de la tête. Une voix roque, parlant toujours d'un ton fort, qui te félicite de tes progrès. Une fierté et une joie qui naît au creux de ton cœur d'enfant, celui désirant de rendre ses parents fiers. Tout te faisait ignorer les courbatures que ressentaient ton petit corps à cause des entraînements, te faisait oublier les égratigneurs sur tes jambes et tes bras, te sortait de la tête le piètre état de tes mains à cause du frottement des armes que tu apprends à manier. Malgré tout ça, tu étais heureuse.

Heureuse des compliments de ton père, heureuse des encouragements de ta mère, heureuse du réconfort de ton frère aîné, heureuse de grandir avec les autres enfants du Clan, heureuse de voir des nouvelles vies naître et pouvoir les chérir. Il y avait évidemment des mauvais moments, des disputes, des pertes, des moments de peur. Mais jamais au point de briser ce paradis qu'a été ton enfance et même ton adolescence.

Malgré que tu voyais le monde de manière si trouble - à cause de ta vue si défectueuse, cela ne faisait qu'amplifier la valeur des sensations de les avoir vécu. Chaque son, chaque toucher, chaque goût, chaque odeur, tout était si facilement ancré en toi, si important pour toi. Ta précieuse bulle.

[ Tkt, là c'est chill ]

Pourtant, tu avais aussi trouvé des instants de bonheur en dehors du Village. Certes, c'était toujours dans les alentours, mais il t'arrivait parfois de prendre plaisir aux nouveautés qui pouvaient s'offrir à toi. De nouvelles voix, de nouvelles sensations, de nouvelles découvertes. Tu faisais la rencontre de voyageurs, de personnes venant des villages environnants. Bref, tu te permettais de t'ouvrir à un horizon plus vaste.

C'est d'ailleurs comme ça que tu fis une belle rencontre.

Un individu à la voix inhumainement calme, presque onirique. Constamment perché à la branche d'un des plus beaux cerisiers des lieux, tantôt occupé à sa lecture, tantôt assoupi du haut de son arbre. Votre rencontre a été plutôt particulière, il fallait l'avouer.

C'était après une longue balade à pieds, où tu t'étais décidée de te reposer sous ce même arbre. Tu t'étais permise un léger somme, après tout la saison était belle - le climat si clément. La fine odeur des fleurs ne faisant rien pour t'empêcher de profiter de ce calme. Ainsi, tu t'étais assoupie - insouciante de tout. Tu connaissais évidemment les dangers de ce monde - celui des Yôkais les moins bienveillants, tu n'étais pas Apprentie pour rien. Pourtant... La quiétude des lieux était bien trop tentante.

Mais revenons plutôt sur cette fameuse rencontre. Cela est venue pour quelque chose t'étant tombée dessus alors que tu dormais au pied du cerisier. Cela t'avait surprise évidemment, et le fait d'avoir reçu ledit objet sur la tête ne t'avait guère plu. Tu avais pesté dans ta barbe avant d'observer ce qui t'était atterrit dessus. Un rouleau, un Makimono plus précisément. Celui-ci était totalement déroulé.

Tu n'as pas eu le temps d'observer la chose plus que ça que ladite paisible voix s'était fait entendre plus haut. Te forçant à lever la tête par surprise et curiosité, avec ta piètre vue, tu ne pouvais voir qu'une silhouette floue. Allongée sur la plus basse branche du cerisier et tendant une main en ta direction, alors que la personne - que tu peux au moins deviner être un homme de part la voix - te demande poliment de lui redonner son bien. Non sans évidemment s'excuser de sa maladresse d'avoir fait tomber sa lecture sur toi. Et cela s'est arrêté là, du moins que ce jour-ci.

Car tu as fini par souvent revenir, aussi bien pour la tranquillité des lieux, que pour la curiosité de voir si cet inconnu sera encore là. Et à chaque fois, il était bien présent. Toujours sur la même branche, toujours à moitié couvert par les fleurs ou les feuilles de l'arbre. À force de venir, et sûrement à force de tirer sur une curiosité mutuelle. Vous avez commencé à parler, à apprendre à vous connaître, à raconter vos journées, à partager vos passions et combler vos défauts (lui te lisant des récits ou des textes qui t'étaient impossibles à cause de ta vue, toi lui montrant et expliquant des choses que l'homme ne semblait pas connaître. Ou encore à juste profiter du paysage et de la présence de l'autre. Vous avez fait ça sur plusieurs saisons, sur plusieurs années.

Il était facile de dire qu'il était devenu ton ami le plus cher, voir même ton confident. Cela n'a jamais été dit, mais tu pouvais te douter qu'il n'était pas humain. Avec cette voix digne d'un rêve, avec cette manie d'être dans cette arbre qu'il pleuve ou qu'il neige, avec le fait qu'il était exactement le même que lors de votre rencontre - alors que pratiquement une décade s'était écoulée depuis. Tu ne disais rien, il ne disait rien. Il était un Yôkai qui ne faisait de mal à personne, tu étais une jeune Exterminatrice qui ne voulait pas perdre son précieux ami. Tout était très bien comme ça.

Toi et... Hanabira.

[ Bon, là c'est moins joyeux, j'avoue ]

Et dire que cela fait déjà plus d'un an que tu as tout perdu. Les membres de ton Clan, tous disparus en une seule nuit, massacrés par Naraku et les Yôkais sous ses ordres. Tu n'as jamais eu les circonstances réelles du carnage, n'ayant que les dires des villages aux alentours, n'ayant que les corps mutilés - dont certains méconnaissables - à ton retour d'une mission. Tu étais juste partie aider exterminer des Yôkai semant la terreur dans un village voisin. Tu aurais dû rentrer bien plus tôt, être présente au moment du massacre. Mais pour des raisons inconnues, tu as eu de nombreux contre-temps aussi stupide les uns que les autres.

C'est ainsi en revenant de cette mission que tu as vu le Village qui t'a vu naître, totalement en ruine, le sol jonché des cadavres des Hanahaki. Homme, femme, vénérable, adulte, enfant. Tous décimés. La famille que tu as tant aimée, le Chef du Clan que tu as admiré, les anciens maîtres que tu as respectés, les partenaires que tu as appréciés, les apprentis que tu as choyés, les nouveau-nés que tu as tenu il y a encore peu dans tes bras. Tous partis, tous envolés. Tu étais maintenant toute seule.

Seule sans la possibilité d'un moindre au revoir.

Tu te haïs de ne pas avoir été là pour eux. Tu haïs ton Familier d'avoir sûrement été la "chance" de ta survie en retardant ton retour au Village. Tu haïs Naraku d'avoir causé le massacre. Tu haïs Hanabira qui a disparu du jour au lendemain, sans laisser de tracer, sans rien te dire. Tu haïs toute cette histoire avec la Perle qui ne semble que contribuer à ton malheur.

Mais ce que tu haïs sûrement le plus est ton impossibilité à tourner la page... Celui de vouloir retrouver le bonheur que tu as perdu, mais sans pour autant changer la source de ton bonheur. De manière égoïste, tu veux retrouver la chaleur de gens - qui serait de ton Clan, qui serait des Hanahaki. Tu veux de nouveau avoir des échanges paisibles avec une personne que tu apprécies sous un arbre. Tu veux tant de choses qui te rattachent à ce passé pourtant encore si proche.

Maintenant... Naraku n'est plus - bien que tu n'as jamais rien fais pour, hormis peut-être exterminer quelques uns de ses Yôkai sans le savoir. La perle n'est plus, et pourtant tu n'es toujours pas heureuse. 2 ans que la vie a été chaotique, 1 an que tu as tout perdu. Que pouvais-tu faire à part te rattaché ce qui t'as permis de continuer à vivre jusque là ?

Reformer le Clan des Hanahaki...
Trouver une personne avec qui partager ta vie...

Est-ce vraiment une manière saine de vivre ? Pour toi, oui.